voyance gratuite

Vu d’ailleurs #6: « nos déchets ont de la valeur » – Blog Le Monde (Blog)

Photo: Camille Drouet

Photo: Camille Drouet

Alors que la quantité croissante de déchets produite dans le monde pose problème, des entrepreneurs font de nos ordures leur matière première relate notre partenaire Courrier International.

 

Tous les ans, chaque Français laisse derrière lui 536 kilos de déchets. Dans le monde, le total se monte à près de quatre milliards de tonnes dont 80% terminent dans les incinérateurs, les décharges ou les eaux usées. Avec une population mondiale qui devrait atteindre les 9,6 milliards d’individus d’ici à 2050, « la planète ne sera pas en mesure de fournir toutes les ressources dont nous avons besoin », prévient le Forum économique mondial. « Il nous faut donc apprendre à gérer nos ressources différemment ». Pourquoi ne pas commencer par donner une seconde vie à nos ordures ?

Aux quatre coins du monde, des entrepreneurs ont décidé de transformer ce que nous jetons en matière première ou en énergie. Marc de café, emballages ou mégots de cigarettes… Ils sont de plus en plus nombreux à s’enrichir grâce à nos ordures. Un argent propre et souvent solidaire tiré tout droit de nos poubelles.

Dans le monde, on estime à 4000 milliards le nombre de kilos de déchets produits chaque année – Photo: D’arcy Norman

Un succès fort de café

Un peu par hasard, alors qu’il étudie l’architecture, Arthur Kay apprend que la seule ville de Londres produit à elle seule 200 000 tonnes de déchets de café par an. Dans la patrie du thé, il décide d’en tirer profit. Son idée de départ : « ouvrir un bar éclairé et chauffé grâce au biodiesel fabriqué à partir des poubelles du percolateur », rapporte The Telegraph.

En l’absence de technologie pour extraire l’énergie des restes de café, Arthur fait appel à une équipe d’étudiants ingénieurs en biochimie pour réaliser l’invention qu’il s’empressera de breveter. Arthur Kay n’ouvrira jamais de bar. En lieu et place, il vient de fonder BioBean, une société qui collecte les restes dans les cafés et les usines de torréfaction londoniennes. Avec cette matière première qui aurait dû finir à la décharge ou dans les incinérateurs de la capitale britannique, il fabrique du biocarburant qu’il revend sous forme de granulés.

La clé de son succès ? Son entreprise paye pour venir chercher les ordures quand les commerces doivent normalement débourser près de 200 euros pour chaque tonne de poubelle récoltée chez eux. BioBean vient à peine de voir le jour, mais l’entreprise verte prévoit d’ores et déjà un chiffre d’affaires de près de 10 millions d’euros dès 2016, tout en évitant le rejet de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Ce qui a valu au jeune chef d’entreprise de recevoir le prix de l’innovation écologique de l’année.

Un recyclage qui fait tâche d’huile

A l’autre bout du monde, c’est avec des huiles végétales usagées que la Brésilienne Nivia Freitas fabrique son biocarburant. La présidente de Recoleo est une patronne « verte » hors norme. Bien que mariée à un professeur d’écologie, elle ne s’intéressait pas à l’environnement. Il y a dix ans, enceinte de son premier enfant et au chômage, elle se lance dans le recyclage sans rien y connaître. « Au début, j’y ai juste vu un moyen de gagner de l’argent », raconte-t-elle au magazine américain Forbes.

 Elle investit ses maigres économies dans l’achat d’une petite parcelle, d’une machine de traitement de l’huile et d’un vieux van qui lui sert à collecter sa matière première dans quelques restaurants qu’elle doit âprement convaincre. Aujourd’hui, les 25 employés de l’entreprise récupèrent plus de 500 000 litres d’huile végétale dans plus de 1500 foyers et 4000 restaurants, à travers quatre états du pays. Avec cela, elle fournit 6000 entreprises en biocarburant. Mais pas uniquement. Devenue écologiste convaincue, elle investit 20% de ses bénéfices pour sensibiliser les enfants du pays à l’importance du recyclage. Elle a aussi mis en place un système de franchise avantageux qui permet à des brésiliens sans emploi de se lancer à petite échelle dans l’économie verte, multipliant ainsi les points de collecte dans tous le pays.

Le « magnat des ordures »

En 2001, Tom Szaky abandonne l’université en première année. Huit ans plus tard, la chaîne National Geographic lui consacre un documentaire appelé « le magnat des ordures ». Lui préfère le terme « éco-capitaliste ».

Sur les bancs de Princeton, Tom s’ennuie. Il plaque tout pour investir ses économies et celles de ses proches dans des centaines de milliers de vers de terre dont il recycle les déjections en compost. Il vient de fonder TerraCycle, qui n’est alors « que la petite startup d’un idéaliste qui espère changer le monde », souligne le magazine Business Insider.

Dans les bureaux de TerraCycle où les employés pratiquent l'upcycling à grande échelle

Dans les bureaux de TerraCycle où les employés pratiquent l’upcycling à grande échelle

Pour nourrir ses vers, Tom se sert dans les poubelles de la cantine de l’université. Pour le conditionnement, il récupère des bouteilles en plastique jetées dans la nature. Peu à peu, le nombre de lombrics augmente et Tom fait appel à des « brigades de ramassage » pour collecter les bouteilles. Il parvient à convaincre les grands industriels des sodas de lui laisser utiliser leurs bouteilles usagées. Pendant ce temps, il participe à des concours en espérant recevoir des bourses. Il va obtenir bien plus que ça : la notoriété, quand il décline un prix d’un million de dollars qui ne lui sera alloué que s’il change son mode de production. Quelques mois plus tard, il commercialise ses engrais dans des grandes chaines.

Il se lance alors dans l’upcycling, la fabrication d’objets à partir de produits destinés à partir à la poubelle. Son entreprise récupère les déchets collectés par des écoles, des congrégations ou des associations et les transforme en nouveaux produits destinés à être vendus. Pour chaque canette ou emballage recyclé, une partie des bénéfices est redistribuée à des œuvres de charité. En deux ans, il a signé deux millions de dollars de chèques à des associations.

Les déchets à la rescousse d’un quartier

A bien plus petite échelle, en Mongolie, le programme Turning Garbage into Gold (Changer les déchets en or) aide, depuis 2007, les plus démunis à monter leur propre commerce d’objets de la vie quotidienne fabriqués à partir de déchets.

Grâce à eux Ulziikhutag est devenu chef de sa petite entreprise. En s’associant à ses voisins, il a monté une coopérative qui profite à toute sa communauté. Tous les matins, il parcourt avec ses dix associés les rues de la capitale mongole à la recherche de matière première. Canettes, bouteilles en verre ou emballages… Une aubaine pour une ville comme Oulan-Bator où 90% des ordures finissent dans la rue. L’après-midi, dans sa boutique, il vend les balais, les tabliers ou les sacs qu’il a appris à confectionner grâce au savoir faire transmis par l’ONG, raconte l’Asia Times.

Les balais de ces petits entrepreneurs sont déjà utilisés par les coiffeurs d’Oulan-Bator. La municipalité les teste actuellement. Peut-être seront-ils bientôt commandés au niveau national. De quoi faire vivre les 30 000 petits commerces déjà ouverts dans le cadre du programme.

Chaque mois, Ulziikhutag investit une partie de ses bénéfices dans la construction prochaine d’une école et dans l’aménagement d’une ferme et d’un potager qui pourraient eux aussi générer emplois et richesses. Il verse également de l’argent sur compte bancaire destiné à terme à octroyer des microcrédits aux habitants du quartier.

Echange ordures contre soins

Les ordures peuvent aussi se transformer en soins. Heather Starkweather est assistante sociale dans un centre de lutte contre les addictions et les troubles alimentaires aux Etats-Unis. Il y a quelques mois, elle s’est aussi lancée dans le commerce de déchets. A deux pas de sa clinique, elle a ouvert une boutique d’objets de décoration et de bijoux en provenance directe des poubelles de la petite commune de Brookston, rapporte la chaine de télévision WLFI.

« Nous utilisons des produits que les gens jettent, pour les transformer en nouveaux petits trésors que d’autres auront envie d’acheter ». Des objets confectionnés par les patients de la clinique et dont les bénéfices servent à payer les traitements de ceux qui ne peuvent pas se les payer. En reversant 80% de ses profits, la boutique arrive à faire un don de 500 dollars par mois. Le reste servira prochainement à ouvrir une boutique dans la grande ville voisine, en espérant récolter plus de fonds.

Le « trash doctor »

« A 24 ans, Gamal Albinsaid a déjà dîné avec le Prince de Galles et obtenu des dizaines de récompenses. Chez lui pourtant, on l’appelle juste Trash Doctor », raconte le Jakarta Post.

Pendant ses études de médecine, le « docteur des poubelles » a mis en place un programme qui permet aux plus démunis de payer leur consultation médicale avec des ordures. Seuls 15% des Indonésiens bénéficient d’une assurance santé et certaines villes sont envahies d’immondices.

Le jeune médecin passionné de politique a voulu résoudre deux problèmes à la fois. En 2010, il met en place les premières consultations dans sa ville natale de Malang, où plus de 2000 personnes en bénéficient. Il a depuis investi deux autres villes du pays. Les patients doivent uniquement apporter chaque semaine leurs poubelles à la clinique, en prenant soin de trier leurs déchets. La partie organique sert à faire de l’engrais qui est ensuite vendu. Les autres sont écoulés au poids afin d’être recyclés. L’argent récolté permet de payer les traitements de tous les patients affiliés à la micro assurance.

Logo_CourrierInternational

Camille Drouet pour Courrier International

Retrouvez nous sur notre page Facebook et sur twitter

Signaler ce contenu comme inapproprié

Source Article from http://lesdebatsdudd.blog.lemonde.fr/2014/11/09/vu-dailleurs-6-nos-dechets-ont-de-la-valeur/
Source : Gros plan – Google Actualités

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

tarot gratuit
Appel Sans CB ☎️