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Un festival pour fêter la libération de Maillol et de Romain Rolland – Le Monde

L'un des créateurs du Festival du domaine public, Alexis Kauffmann.C’est une idée de geek. Du 16 au 31 janvier, à Paris, une bande d’allumés a décidé de créer un Festival du domaine public pour célébrer ces créateurs dont les œuvres tombent, soixante-dix ans après leur mort, dans le pot commun. « Cette année, on a une belle moisson. Tous les auteurs morts en 1944. Munch, Kandinsky, Jean Giraudoux, Mondrian, Maillol, Romain Rolland, Glenn Miller… Enfin, lui, c’est plus compliqué. C’est un Américain… », s’enthousiasme Alexis Kauffmann. Autant de réappropriations possibles, de rééditions libres, de samples (échantillons) autorisés, cela vaut bien une fête.

A force de se frotter sur le Net aux questions de droits d’auteur, ce prof de maths, fondateur de Framasoft, réseau dédié aux logiciels libres, a fini par se passionner pour la question vécue comme une aubaine : « Saint-Exupéry aussi est mort en 1944, mais il était “mort pour la France”. La loi accorde, dans ce cas-là, un bonus de trente ans supplémentaires aux ayants droit. Ça complique les choses : en Belgique, il n’est en effet bien évidemment pas “mort pour la France”… Du coup, on peut y sortir de nouvelles éditions du Petit Prince ou les publier libres de droits, sur le Net. »

« Laisser libre cours à la création »

De ce sujet juridique, Alexis Kauffmann et sa complice Véronique Boukali ont finalement imaginé, au début de l’été, faire un événement culturel. Vingt-sept célébrations essaimées dans Paris : spectacles, conférences, « grande fête du remix »… Le 25 janvier, à l’église Saint-Merri, un concert de la pianiste Kimiko Ishizaka, qui a mis, sitôt enregistrées, ses interprétations de Bach et de Chopin dans le domaine public ; le 31, à l’université Paris-VIII, une conférence sur Romain Rolland ; le 29, à l’Ecole normale de la rue d’Ulm, « musiques publiques »… La Cité de l’architecture, la BNF et le très fermé Musée du barreau de Paris sont de la partie. Du cinéma également, avec notamment, le 30 janvier, à la Gaîté lyrique, une version colorisée du Fantômas (1913) de Louis Feuillade que l’artiste orléanais Shoï Extrasystole sonorise de ses samples électro.

Rien de très spectaculaire, un festival fait « en mode artisanal », dans les interstices, avec les moyens du bord. Mais un festival néanmoins. Dans les frimas de janvier, parce que les œuvres sont « libérées » le 1er janvier suivant l’année du décès de l’auteur. « On a pris l’habitude de fêter les centenaires, alors que les 70 ans avec le basculement des œuvres dans le domaine public sont beaucoup plus signifiants, poursuit, imperturbable, son initiateur. Au-delà de la redécouverte des artistes, c’est d’abord l’occasion de laisser libre cours à la création. On parle à la jeune génération qui est celle du remix. »

Une statue de Maillol.Un petit festival au grand concept

Qui dit « domaine public » ne dit pas faire tout et n’importe quoi. Certains pays comme les Etats-Unis sont tout d’abord régis par le système du copyright : droits commerciaux liés à l’œuvre et non à l’auteur. Les films prennent en compte les droits d’auteur du réalisateur, du producteur, du scénariste, du compositeur… En ce qui concerne les photos, le droit à l’image n’est pas effacé. Et puis une œuvre continue d’appartenir physiquement à son propriétaire, qui peut en maîtriser l’usage. « Il faut que les institutions jouent le jeu. Si au Louvre, on peut utiliser son appareil photo, le Musée d’Orsay l’interdit, quant à Beaubourg – que nous avions contacté pour Kandinsky –, rien ne dit qu’ils mettront des œuvres en haute définition à disposition du public. »

Enfin, le droit moral subsiste. On pourra publier librement des images des célèbres statues de Maillol qui trônent au Carrousel du Louvre, mais on ne pourra pas y faire de photos trop suggestives, au risque de provoquer l’ire des héritiers, et un procès, comme ce fut le cas l’an passé pour Terry Richardson avec Laetitia Casta. Tout ça ne désarme pas notre prof de maths devenu patron de ce petit festival au grand concept, qui doit ruminer quelque part cette phrase de Romain Rolland tirée de Jean-Christophe, son lénifiant best-seller : « Un héros, c’est celui qui fait ce qu’il peut. Les autres ne le font pas. »

Lire aussi : Poser sur les Maillol des Tuileries peut coûter très cher (même si l’on est Laetitia Casta)

Le premier Festival du domaine public se déroule à Paris, du 16 au 31 janvier 2015.

Festival du domaine public, à Paris, 27 événements, 20 lieux. Jusqu’au 31 janvier. festivaldomainepublic.org

Source Article from http://www.lemonde.fr/culture/article/2015/01/16/un-festival-pour-feter-la-liberation-de-maillol-et-de-romain-rolland_4557957_3246.html
Source : Gros plan – Google Actualités

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