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Triton, la nouvelle opération de surveillance des frontières … – Le Monde

Des migrants secourus en Italie le 13 mai 2014.Après la catastrophe maritime de Lampedusa en octobre 2013, dans laquelle 366 migrants avaient péri dans les eaux méditerranéennes, l’Italie avait lancé Mare Nostrum, une opération de sauvetage menée par sa marine militaire.

En un an, la mission a permis de secourir plus de 150 000 personnes, soit plus de 400 par jour en moyenne, et d’arrêter 351 passeurs. Elle n’a toutefois pas empêché les drames : au moins 3 300 migrants ont trouvé la mort en Méditerranée cette année.

>> Lire la synthèse : 23 000 migrants morts en quinze ans en tentant de gagner l’Europe

Samedi 1er novembre, une autre opération navale aux frontières de l’Europe doit être lancée, baptisée « Triton ». Elle a été confiée à Frontex, l’agence européenne de surveillance des frontières. Quel est son objectif ? Va-t-elle signifier la fin de Mare Nostrum ? Explications.

Triton, c’est quoi ?

Huit pays ont déjà fait savoir qu’ils participeront à cette opération : la France, l’Espagne, la Finlande, le Portugal, l’Islande, les Pays-Bas, la Lituanie et Malte. Cette aide consistera à mettre à disposition, à tour de rôle, du matériel technique et des gardes-frontières. Elle est pour l’instant jugée insuffisante par Frontex, qui a estimé dans un récent communiqué avoir un besoin plus important en matériel technique.

Concrètement, six bateaux, deux avions et un hélicoptère devraient patrouiller près des côtes, sur une zone comprenant le sud de la Sicile, les îles Pélages et la région de la Calabre, au sud de l’Italie. L’opération sera supervisée par les autorités italiennes et bénéficiera d’un budget mensuel de 2,9 millions d’euros. Pour comparaison, Mare Nostrum mobilise 900 soldats chaque jour et 32 navires, soutenus par des avions et hélicoptères, pour un coût mensuel de plus de 9 millions d’euros.

Franchissements illégaux aux frontières de l'Europe selon la "route" empruntée.

Frontex devrait également envoyer cinq équipes d’enquêteurs pour aider les autorités italiennes à collecter des renseignements sur les réseaux de passeurs opérant en Libye et dans les autres pays concernés. Enfin, plusieurs pays enverront des équipes pour aider l’Italie à enregistrer les migrants à leur arrivée.

Petite histoire d’une naissance discrète

C’est le 27 août, lors d’une conférence de presse donnée avec le ministre italien de l’intérieur, Angelino Alfano, que la commissaire européenne aux affaires intérieures de l’époque, Cécilia Malmström, annonce cet engagement nouveau de l’Europe. L’opération envisagée s’appelle alors « Frontex Plus ». 

Un article paru dans le journal allemand Süddeutsche Zeitung, et repris dans le supplément Europa du Monde, raconte le contexte des discussions qui ont eu lieu à Bruxelles cet été. Alors que l’Italie supporte seule les coûts financiers et humains de l’opération Mare Nostrum, M. Alfano réussit à imposer la reprise du dossier par l’Union européenne au moment où son pays occupe la présidence tournante de l’UE et où l’été a vidé les locaux européens de leurs fonctionnaires. 

>> Lire l’intégralité de cet article : « Mare Nostrum » : le dilemme de Bruxelles

D’après le Süddeutsche Zeitung, l’agence européenne de surveillance des frontières n’était au courant de rien. Frontex a bien tenté de faire valoir qu’elle n’avait pas les moyens de prendre en charge une telle mission, mais elle n’y a gagné que le changement de nom de l’opération. A elle de coordonner Triton, avec l’aide des pays volontaires.

Une opération de substitution à Mare Nostrum ?

D’après les premières déclarations de M. Alfano, Triton devait signifier la fin de Mare Nostrum. Mais le 7 octobre, une mise au point de Mme Malmström, encore commissaire européenne aux affaires intérieures, a changé la donne.

« En aucun cas l’opération Triton ne peut et ne remplacera Mare Nostrum. La décision sur l’avenir de Mare Nostrum appartient aux autorités italiennes. Triton ne doit pas empêcher les Etats membres de remplir leurs obligations dans la surveillance de leurs frontières extérieures et la recherche et le sauvetage des personnes en danger. »

En réalité, Triton ne peut être considérée comme la suite de Mare Nostrum, puisque les deux opérations sont « totalement distinctes », de l’aveu même de M. Alfano. Alors que celle italienne est une mission de sauvetage, celle européenne vise d’abord le contrôle des frontières. Preuve en est, Triton restera dans les eaux territoriales européennes, tandis que Mare Nostrum œuvre jusqu’aux côtes libyennes.

 Le directeur de Frontex, Gil Arias Fernandez, le reconnaît.

« Conformément au mandat de Frontex, le premier objectif de l’opération Triton sera le contrôle des frontières, mais dans toutes nos opérations nous considérons que sauver des vies est une priorité absolue. »

L’annonce d’un possible arrêt de Mare Nostrum n’a pas manqué de faire réagir l’organisation onusienne pour les réfugiés, le HCR. Le 17 octobre, alors que l’UE avait déjà annoncé le lancement de Triton, le porte-parole du Haut-Commissariat aux réfugiés déclarait :

« Le HCR est préoccupé par l’annonce de la fin de l’opération italienne Mare Nostrum […] sans la mise en place d’aucune autre opération similaire au niveau européen pour la recherche et le sauvetage. Le risque sera sans doute augmenté pour les personnes qui tentent la traversée vers l’Europe en quête de sécurité. Cela pourrait également générer davantage de décès en mer parmi les réfugiés et les migrants. »

Pressée de continuer Mare Nostrum par certains, l’Italie est en même temps critiquée dans cette opération par plusieurs de ses voisins européens, accusée de favoriser l’immigration en « sécurisant » la traversée des migrants. Ensuite, les autorités italiennes sont soupçonnées d’omettre d’enregistrer des réfugiés transitant sur leur sol dans l’espoir que ceux-ci s’installent ailleurs. Cela constituerait une violation de la convention de Dublin, qui impose aux demandeurs d’asile de faire leur demande dans le pays de l’Union européenne où ils ont d’abord posé le pied, et Bruxelles n’exclut pas de sanctionner Rome.

En 2013, alors que les migrants débarquent par dizaines de milliers sur ses côtes, l’Italie n’a enregistré que 26 620 demandes d’asile, soit 6 % des demandes déposées dans l’UE. Cette même année, 125 000 demandes ont été déposées en Allemagne, 65 000 en France et 55 000 en Suède.

>> Lire sur ce point le décryptage : La France connaît-elle vraiment une vague d’immigration clandestine ?

Source Article from http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2014/10/31/triton-la-nouvelle-operation-de-surveillance-des-frontieres-europeennes_4515022_4355770.html
Source : Gros plan – Google Actualités

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