Rarement un scrutin aura été aussi serré en Ile-de-France. Selon le sondage Ifop-JDD dévoilé dimanche dans nos colonnes, la droite et la gauche seraient au coude-à-coude au premier comme au second tour – autour de 40 % – à l’élection régionale des 6 et 13 décembre. L’incertitude est si grande qu’elle laisse des espoirs aux deux camps. Une chose est sûre toutefois : le Front national, s’il est nettement moins fort en région parisienne que dans le reste de la France, confirme néanmoins sa place de troisième force politique, en mesure de se maintenir au second tour ; il dépasse aisément le seuil requis des 10 % (5 % pour fusionner les listes).
Au premier tour
La liste LR-UDI-MoDem menée par Valérie Pécresse arrive en tête (32 %), suivie par la liste PS-PRG de Claude Bartolone (24 %) et celle du FN conduite par Wallerand de Saint-Just (18 %). Trois listes se battent pour la quatrième place : le Front de Gauche de Pierre Laurent (9,5 %), EELV d’Emmanuelle Cosse (7,5 %) et Debout la France de Nicolas Dupont-Aignan (7 %). Enfin, Lutte ouvrière de Nathalie Arthaud (1 %) et l’Union populaire républicaine de François Asselineau (1 %) peinent à exister.
Au second tour
Valérie Pécresse (40 %) devance très légèrement Claude Bartolone (39 %) et plus largement Wallerand de Saint-Just (21 %). « Mais il faut toujours être très prudent avec un sondage de second tour, car les personnes interrogées ignorent les résultats du premier tour. D’autant qu’avec un point de différence, on est dans la marge d’erreur », précise Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’Ifop.
La dynamique Pécresse
La députée LR des Yvelines peut se réjouir d’avoir réussi à rassembler les centristes de l’UDI et du MoDem. Ce qui lui permet d’afficher huit points d’avance au premier tour, alors qu’elle ne dépassait Jean-Paul Huchon (PS) que de 2,5 points aux régionales de 2010 (27,8 % contre 25,3 %), où le MoDem avait présenté des listes autonomes. L’ancienne ministre de Nicolas Sarkozy bénéficie du phénomène « coup de barre à droite » observé partout en France depuis 2012 à chaque élection intermédiaire. Le total droite-extrême droite atteint 58 % en région parisienne, alors qu’il plafonnait à 45 % en 2010. Dans notre sondage, la droite retrouve à peu près son niveau des européennes de 2014. Mais elle semble avoir encore une marge de progression puisque 44 % seulement des électeurs de François Bayrou en 2012 choisissent Valérie Pécresse – 31 % lui préfèrent Claude Bartolone. La candidate organise ce dimanche matin son « grand rassemblement pour l’alternance », à Nogent-sur-Marne, en présence de Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Fillon, Bruno Le Maire, le président de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde, et la vice-présidente du MoDem, Marielle de Sarnez.
Bartolone confronté à une gauche éclatée
La gauche francilienne paie ses divisions. Cependant, pour Frédéric Dabi, « la situation est moins catastrophique qu’en PACA ou dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie ». Lors du dernier scrutin régional, la gauche – sans LO et le NPA d’Olivier Besancenot – pesait 48,5 % au premier tour en Île-de-France ; elle perd 7,5 points. « La baisse est forte mais on ne peut pas parler d’effondrement », observe le spécialiste des sondages. En 2010, Jean-Paul Huchon plafonnait à 25,3 % ; avec ses 24 %, Claude Bartolone n’est pas bien loin. Pourra-t-il compter sur les reports de voix? Quelque 65 % des électeurs du Front de gauche et 67 % d’EELV se disent prêts à voter pour lui au second tour. Reste que le candidat PS n’a pas vraiment démarré sa campagne, quand sa rivale est très active.
Les écolos grands perdants, le Front de gauche en profite
En 2010, Cécile Duflot avait réalisé une percée remarquée (16,6 %). Aux européennes de 2014, EELV n’avait pas démérité (9,5 %). Dans notre sondage, les écologistes d’Emmanuelle Cosse dégringolent à 7,5 %. Inaudibles, ils ne séduisent que 35 % de leurs électeurs de 2010! Les déchirures internes, le départ de personnalités comme Jean-Vincent Placé ou Stéphane Gatignon – prêts à rejoindre Claude Bartolone – n’y sont sans doute pas étrangers. Conséquence inattendue : le communiste Pierre Laurent augmente son score de trois points par rapport à 2010 et 2014. Le Front de gauche capitalise aussi sur la piètre image du gouvernement, mais ne parvient pas à atteindre le niveau de Syriza en Grèce ou de Podemos en Espagne.
Le FN en embuscade
On est encore loin des intentions de vote en province, mais le parti frontiste – mené en Île-de-France par un conseiller régional de Picardie peu connu – double tout de même son score par rapport à 2010. Wallerand de Saint-Just enregistre six points de plus que Marine Le Pen à la présidentielle de 2012 en Île-de-France. Et dépasse même le meilleur score mesuré par le FN en région parisienne aux européennes de 2014 (17,3 %). De quoi gêner Valérie Pécresse au second tour. L’Ifop constate un « siphonnage » de l’électorat de Nicolas Sarkozy et de Jean-Luc Mélenchon, puisque 12 % et 14 % de leurs électeurs se laisseraient tenter par l’extrême droite. Ainsi qu’un tiers des ouvriers et employés. Et 20 % des moins de 35 ans. Autre particularité : le FN est le seul parti (excepté Debout la France) qui voit le nombre de ses sympathisants augmenter au fur et à mesure qu’on s’éloigne de la capitale : 8 % à Paris, 15 % en petite couronne, 26 % en grande couronne.
Dupont-Aignan, l’invité surprise
Le député-maire eurosceptique d’Yerres (91) jouit de sa notoriété d’ex-candidat à la présidentielle (1,7 % en 2012). Sans doute profite-t-il aussi de la crise européenne et de celle des migrants. Ses 7,5 %, pourraient représenter une belle réserve de voix pour Valérie Pécresse, qui – revers de la médaille de l’unité – en manque singulièrement. 49 % des électeurs de Nicolas Dupont-Aignan opteraient pour Valérie Pécresse au second tour, mais 26 % préféreraient Wallerand de Saint-Just.
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Source : Gros plan – Google Actualités