Sa voix reconnaissable entre toutes, son énergie et ses taches de rousseur légendaires ont longtemps fait d’elle l’une des actrices préférées du public. Après avoir tourné avec les plus grands, elle a choisi, il y a vingt-huit ans, de quitter le métier d’acteur pour se consacrer à ses jumelles, Eva et Joy, et se reconvertir dans l’écriture de contes pour enfants. Elle publie aujourd’hui son autobiographie, Les baisers du soleil. Dans « un mélange de plaisirs et de douleurs », elle nous entraîne dans un labyrinthe de souvenirs où les rires et les larmes se mêlent à l’espoir.
Gala : Ce livre, vous le dédiez à vos filles, Eva et Joy. Quelle a été leur réaction ?
Marlène Jobert : J’ai envoyé les épreuves par mail à Joy qui dès le lendemain m’a écrit : « Le meilleur compliment que je puisse te faire, c’est que je l’ai lu d’une traite. J’ai ri, j’ai pleuré, mais pourquoi tu nous as caché tout cela !!! » Eva, elle, l’a dévoré dans l’avion pour Los Angeles. Le plus « bizarre » pour elles deux, a été l’évocation de mes amours, avant leur père. Elles ne savaient presque rien de mon enfance, ni de ma carrière d’actrice ni de toutes ces rencontres exceptionnelles… J’ai choisi de m’éloigner de ce métier à leur arrivée dans ma vie, donc elles ignoraient presque tout.
Gala : Votre père, Charles, surnommé « Le Poup », s’est montré d’une extrême sévérité envers vous. Châtiments corporels, humiliations permanentes… Comment expliquez-vous son comportement ?
M. J. : A l’époque, on n’élevait pas ses enfants, on les matait. Ce n’était pas de la maltraitance, mais ces coups étaient injustes. Aucune explication n’était possible. « Qui aime bien, châtie bien », j’étais l’aînée, il pensait sans doute qu’il fallait agir comme cela. Il venait de l’assistance publique, était passé de famille d’accueil en famille d’accueil, n’avait eu aucun repère familial. Il a fait une carrière militaire, si bien qu’à la maison c’était discipline et droiture. Avec mes frères et sœurs, il s’est montré par la suite plus clément. Je garde encore en moi l’humiliation d’une fessée déculottée qu’il m’a administrée alors que j’étais presque une jeune fille.
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Gala : Du coup vous avez donné à vos filles, Eva et Joy, une éducation à l’opposé de la vôtre, permissive, fusionnelle et protectrice ?
M. J. : N’ai-je pas été justement dans l’extrême avec mes filles ? (Sourires.) Oui, je leur ai donné beaucoup d’amour et de liberté, trop sans doute. De toute façon, quoiqu’on fasse, comme dit M. Freud, on fait mal.
Gala : De laquelle vous sentez-vous la plus proche ?
M. J. : Je me retrouve un peu en chacune d’elle… Nos relations sont tout à fait différentes… Avec Joy, c’est notre côté proche de la nature et des bonheurs simples qui nous rapproche. Avec Eva, c’est sa sensibilité artistique qui nous permet une tendre complicité… Elles ont hérité de ces deux aspects de ma personnalité.
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Gala : Vous êtes encore une enfant lorsque votre famille quitte l’Algérie pour Verrey-sous-Drée, un village de soixante-dix âmes, en Côte d’Or. Un changement radical pour la famille Jobert et en particulier pour vous ?
M. J. : Mon père avait pris ses fonctions à la tour de contrôle de l’aéroport militaire de Dijon, pendant que ma mère reprenait la gérance d’un café épicerie avec quatre enfants sur les bras, dont deux qui commençaient à peine à marcher. Je ne veux pas jouer les Cosette, mais j’en ai bavé un peu quand même. J’allais chercher les seaux d’eau à l’abreuvoir en souffrant du froid et d’engelures aux mains et aux pieds.
Gala :C’est à Dijon que vous connaissez enfin la liberté en poursuivant vos études aux Beaux-Arts ?
M. J. : Cette soif de liberté a été la base et le déclencheur de beaucoup de choses. Le principal pour moi était d’échapper à mon univers familial et surtout à l’autorité paternelle. Si j’avais eu une autre opportunité pour sortir de mon environnement, je l’aurais saisie avec le même appétit, la coiffure, la boulangerie, le parachutisme. Par bonheur et par hasard, c’est l’art dramatique qui s’est présenté… Ce n’était pas une vocation ancrée dès l’enfance. (…)
Découvrez l’intégralité de l’interview de Marlène Jobert dans le numéro Gala, en kiosques le 5 novembre.
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Source : Gros plan – Google Actualités