Après le remaniement, les deux ex-ministres ont choisi la Californie pour se reposer en amoureux.
La cité sur la baie accueille les bannis du monde entier. Tradition établie au temps des chercheurs d’or. L’exil des anciens ministres, démissionnaires récents –pour ne pas dire éjectés– du gouvernement Valls est plus doux que celui des premiers immigrés européens. Pour une fois, solidaires ne rime pas avec solitaires. Aurélie Filippetti, agrégée, écrivaine, patronne éphémère de la rue de Valois, et Arnaud Montebourg, avocat, député, apôtre du défunt ministère du Redressement productif, peuvent ensemble, pour le moment, trouver heureux l’aphorisme de Cioran, auteur du «Bréviaire des vaincus» : «On ne découvre une saveur aux jours que lorsqu’on se dérobe à l’obligation d’avoir un destin.»
Il y a vingt jours encore, ils étaient, de cœur, au centre de la tourmente. A la fin du mois d’août, les déclarations d’Arnaud Montebourg, mettant en cause les orientations économiques de François Hollande, contraignent le Premier ministre à présenter la démission de son gouvernement. Quelques heures plus tard, comme le fera aussi Benoît Hamon, Aurélie Filippetti annonce son intention de ne pas participer au second gouvernement de Manuel Valls. Communauté d’esprit. La liberté retrouvée leur a permis de laisser derrière eux le blizzard qui souffle dans les coulisses de la politique française. En Californie, on se prépare à l’été indien, embellie climatique, phénomène mystérieux de renouveau tardif et inattendu.
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