Les banques sont furieuses. Le président de la République a annoncé, jeudi 24 septembre, que les commissions perçues par les réseaux bancaires pour collecter le Livret A et le Livret de développement durable (LDD) allaient être réduites. Cette mesure prend par surprise les établissements bancaires, qui dénoncent un manque de concertation. La Caisse des dépôts (CDC), chargée de transformer l’épargne des Français en prêts pour le logement social, avait appelé de ses vœux ce coup de rabot sur les marges des banques.Qu’est-ce que cela change pour les épargnants ?
Rien. Les épargnants ont déjà été pénalisés par la baisse du taux du Livret A, passé de 1 % à 0,75 % au 1er août, un plancher historique. Le pourcentage (0,4 %) perçu par les banques pour collecter les livrets d’épargne réglementés, représente désormais plus de 50 % de la rémunération des Français. Le gouvernement a donc décidé de raboter le commissionnement des réseaux.
A qui cela profite-t-il ?
Au logement social. Cette coupe surprise a d’ailleurs été dévoilée lors du discours de clôture du 76e congrès de l’Union sociale de l’habitat (USH). François Hollande a expliqué que si la commission des banques était réduite de 10 centimes – passant ainsi de 0,4 % à 0,3 % – cela représenterait grosso modo une économie de 250 millions d’euros pour les organismes HLM. Soit 10 centimes qui s’appliquent sur un stock d’épargne réglementée – Livret A, LDD et livret d’épargne populaire (LEP) – atteignant 250 milliards d’euros géré par la CDC.
Comment ça marche ?
Ce circuit financier est une particularité bien française. Les Crédit agricole, les Caisses d’épargne et autre Banque postale sont rémunérés pour collecter des fonds qui sont ensuite centralisés à la CDC, dans la section des « fonds d’épargne ». Cette division se charge ensuite de convertir cette manne en prêts à taux préférentiels accordés aux organismes HLM et pour la politique de la ville (à hauteur de 144 milliards d’euros).
Autrement dit, ce sont les fonds d’épargne de la CDC qui bénéficient en premier lieu des économies réalisées auprès des réseaux de collecte. Reste à savoir comment ils vont les répercuter sur les emprunteurs sociaux. « Le modèle n’est pas encore arrêté », explique Odile Renaud-Basso, directrice générale adjointe de la CDC et directrice des fonds d’épargne.
Que disent les banques ?
Les banques estiment que le taux de 0,4 % ne couvrait déjà pas leurs coûts. « La commercialisation du Livret A exige une mobilisation des réseaux bancaires, impose d’informer les clients, d’effectuer leur suivi, de gérer des dizaines de millions d’opérations de versements et de retraits. Les banques doivent également vérifier que le déposant ne détient pas d’autres Livrets A. Cela nécessite des moyens humains, de structure et d’information », plaide la Fédération bancaire française, qui souligne : « A l’heure où les revenus de la banque de détail sont sous la triple pression des nouvelles réglementations, des taux bas et de l’impact du numérique, cette annonce est donc une mauvaise nouvelle pour les réseaux bancaires et leurs quelque 200 000 collaborateurs au contact des clients. » En filigrane, une menace sur l’emploi.
Lire aussi :
Aides à la construction : François Hollande déçoit les organismes HLM
Source Article from http://www.lemonde.fr/economie/article/2015/09/24/livret-a-le-ras-le-bol-des-banques_4770555_3234.html
Source : Gros plan – Google Actualités