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Les Le Pen, une histoire machiavélique – Slate.fr

Pour comprendre l’erreur commise par la présidente du FN en excluant son père, il faut lire l’auteur du «Prince».

Avant de se rendre devant le Bureau exécutif du FN, Jean-Marie Le Pen a pris soin de tweeter un message de condoléances pour la mort d’Emmanuel Ratier, écrivain cherchant l’influence sioniste ou franc-maçonne dans la vie politique. Le message est clair: pas de concession, jamais.



La mort d’Emmanuel RATIER. est une perte immense pour la cause nationale. Affectueuses condoléances à sa famille et ses amis.


— Jean-Marie Le Pen (@lepenjm) 20 Août 2015

Le voilà exclu. Nombre de militants du FN peuvent se demander comment le parti en est arrivé là. Les autres s’interrogent sur les répercussions de cette tragicomédie familiale.

Comment en sont-ils arrivés là? En politique, Nicolas Machiavel (1469-1527) demeure assurément l’un des meilleurs maîtres. Florian Philippot et Marine Le Pen ne l’ont probablement pas lu, et c’est fort dommageable pour eux.

Dans le domaine de la cruauté, le maître florentin est explicite: «Il y a des cruautés bien pratiquées et des cruautés mal pratiquées.» Les premières sont étendues et commises au début du règne afin de pourvoir à la sûreté du nouveau prince (par exemple, Hitler, en massacrant à la fois sa droite et sa gauche le 30 juin 1934, appliqua parfaitement ce principe). Le prince arrivant au pouvoir doit déterminer posément toutes les cruautés qu’il lui est utile de commettre et les exécuter en bloc pour n’avoir pas à y revenir.


Dégât moral

En acceptant de confier à son père la présidence d’honneur du parti en 2011, et en ne prévoyant pas à l’avance de voie de sortie, Marine Le Pen a emprunté le chemin inverse de celui décrit par Machiavel. Mais, pis, l’auteur italien nous enseigne sur l’étendue des problèmes posés par une faiblesse initiale. Il nous explique que les cruautés mal pratiquées, de peu nombreuses au début, «se multiplient avec le temps au lieu de cesser». Les sujets sont alors rongés par une continuelle inquiétude. Le prince est désormais contraint de toujours «tenir le couteau en mains»… ce qui finit par mal tourner. Voilà le meilleur éditorial sur l’état de la lepénie.

Une fois l’erreur commise, comment se débarrasser de celui que l’on a été trop faible pour éliminer dès le départ? Ce que Machiavel exprimera en termes brutaux dans l’Histoire de Florence («Quant aux hommes puissants, ou il ne faut pas les toucher, ou quand on les touche il faut les tuer»), il l’enveloppe davantage dans Le Prince, mais c’est exactement la même pensée, et elle est très claire:


«Sur quoi il faut remarquer que les hommes doivent être ou caressés ou écrasés; ils se vengent des injures légères; ils ne le peuvent quand elles sont très grandes; d’où il suit que, quand il s’agit d’offenser un homme, il faut le faire de telle manière qu’on ne puisse redouter sa vengeance.»


Florian Philippot et Marine Le Pen se sont mis dans cette situation. Pis, Marine Le Pen, en rejoignant son vice-président dans la position d’absents au Bureau exécutif, avalise les bruits qui l’accusent d’être sous son emprise (même si les frontistes présentent cela comme une élégance pour qu’ils ne soient pas «juges et parties»). Et, même dépendante, sa main paraît tremblante… alors qu’elle a en compétiteur un Nicolas Sarkozy dont ce n’est pas le défaut.

Avant d’entrer dans le siège du parti, Jean-Marie Le Pen a lâché à la presse: «Les chefs sont aux abris, il n’y a que les fantassins ici». Dans son allocution devant le Bureau exécutif, Bruno Gollnisch, toujours fidèle quoique lui-même trahi par l’ancien président du FN au bénéfice de sa fille, en appelait à la «décence» de ceux qui, sans Jean-Marie Le Pen, ne seraient rien. Le dégât moral est patent.


César et Brutus

Quelle aurait été l’attitude d’un leader politique empreint de la pensée de Machiavel? Marine Le Pen aurait demandé à Florian Philippot d’assumer le meurtre du père. Puis elle l’eût éliminé. Il aurait porté seul la charge du sacrifice du père, et l’opprobre qui couvre le parricide. Du même coup, elle se serait débarrassé d’un encombrant conseiller désavoué par sa base (il n’a obtenu que la quatrième place au congrès de l’automne 2014) et dont la stratégie a été perdante dans les urnes (la contre-performance des élections départementales). Elle se serait recentrée entre ses ailes libérale-conservatrice et souverainiste-interventionniste. «Tête haute», elle aurait eu les «mains propres»… et libres. Mais, plutôt que Machiavel, la voici Lady Macbeth, cette héroïne de Shakespeare qui ne parvient pas à laver ses mains de tout le sang qu’elle a fait couler pour arriver au sommet.

Est-ce à dire que le chaos présent va gêner politiquement la dynamique frontiste? Pas exactement. Demeurons pragmatiques. Les statuts du Front national donnent tout pouvoir à sa présidente, en particulier en ce qui concerne les investitures. Soutenir Jean-Marie Le Pen contre Marine Le Pen serait donc renoncer aux capitaux financiers et sociaux que permet aujourd’hui d’obtenir une investiture FN. Certes, nombre de militants peuvent être consternés que Florian Philippot, si virulent à l’encontre de Jean-Marie Le Pen sur les plateaux de télévision et les réseaux sociaux, paraisse ne pas avoir accepté d’affronter yeux dans les yeux le cofondateur du FN. Cela apparaît comme une dérobade, et ce n’est pas là la représentation de l’honneur que se fait un homme d’extrême droite.

Quand les mégretistes croyaient avoir quasiment vaincu Jean-Marie Le Pen en décembre 1998, le vieux chef d’extrême droite lança sa sa contre-charge par ces mots: «Ce qui me différencie de César, qu’approchait Brutus le couteau à la main et qui releva sa toge pour se couvrir la tête, c’est que, moi, je sors mon épée et je tue Brutus avant qu’il me tue!» S’il n’est plus en mesure aujourd’hui de rééditer ce contre-coup de force, il conçoit toujours la vie comme un combat. Il ne désarmera pas. Malin, il est sorti du Bureau exécutif en prenant un ton magnanime, réunificateur, faisant montre de cette «clémence de César» –pour reprendre une expression qu’il affectionne. Cette attitude est probablement à même d’attirer des sympathies parmi les militants, mais non des soutiens de cadres. Il n’y aura donc pas de dynamique au sein de l’appareil pour soutenir un homme âgé de 87 ans. Marine Le Pen ne peut que mécaniquement gagner le rapport de forces avec son père, le renouvellement des adhésions depuis 2011 jouant aussi en sa faveur.


Jean-Marie Le Pen ne cédera pas

En revanche, il peut y avoir un trouble de l’électorat conservateur. Marine Le Pen a besoin d’en arracher une partie pour réussir le premier tour de l’élection présidentielle de 2017. Le problème sera sans doute moins l’évacuation d’un ténor âgé, qui a souvent dit lui-même qu’il était l’homme le plus haï de France, que l’incapacité de sa fille à faire fonctionner les statuts d’une association.

Les partis politiques sont juridiquement de simples associations sans but lucratif. Or, des associations loi 1901, il y en a 1,1 million en France, rassemblant 23 millions de personnes: nos concitoyens connaissent la réalité associative. Marine Le Pen se positionne comme une candidate crédible, sérieuse, et s’est même plusieurs fois offert le plaisir de critiquer des positions de la droite conservatrice en les traitant de démagogiques ou d’amatrices. Il ne sera pas forcément aisé d’arriver devant l’électorat conservateur en lui demandant de la préférer à Nicolas Sarkozy, pour un poste où elle veut sortir la France de l’euro, ou elle jouerait un rôle essentiel au Conseil de sécurité de l’ONU en rapprochant la France de la Russie, alors qu’elle n’arrive pas à faire fonctionner une association… Aussi, si l’effet parricide sera sans doute sans guère d’incidence électorale directe, on ne voit pas comment un homme politique aussi décomplexé dans sa brutalité que Nicolas Sarkozy se priverait de marteler cet argument.

En outre, le document que Jean-Marie Le Pen a adressé aux membres du Bureau exécutif, mis en ligne par le journal libéral L’Opinion, montre sans ambages qu’il ne cédera jamais. Mobilisant la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme, le président d’honneur du FN y tient un raisonnement baroque assimilant la commission disciplinaire d’une association à un procès judiciaire. La mauvaise foi est absolue, certes, mais elle fait partie des armes politiques.

Le FN a décidé de ne pas faiblir. L’ex-frontiste Jean-Marie Le Pen n’en restera pas là. Car, et c’est chose fâcheuse pour Florian Philippot et Marine Le Pen, Jean-Marie Le Pen a une excellente culture classique. Il a lu Machiavel.

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Tartenpion

a écrit le 21.08.2015 à 8 h 45

Bien que la démonstration de Nicolas Lebourg soit très brillante et extrêmement intéressante à suivre, la réalité semble plus simple :

. la présence de Jean-Marie Le Pen fait du FN un parti d’extrême-droite condamné à jouer indéfiniment dans la vie politique française le rôle d’un simple figurant (certes tapageur)… favorisant les victoires électorales de la gauche en siphonnant une part des voix de la droite de gouvernement.
. désormais l’exclusion de Jean-Marie Le Pen classe incontestablement le FN parmi les partis traditionnels de droite, et non plus comme un parti d’extrême-droite.

Or, depuis longtemps, les partis traditionnels de droite ne défendent plus les valeurs qui sont les leurs : identité et indépendance nationales ; souverainetés monétaire, diplomatique, stratégique, énergétique ; autorité de l’Etat, etc

Ce à quoi on risque d’assister est la rapide désaffection des électeurs de droite (qui sont toujours en France en majorité) pour leurs partis traditionnels ayant failli à leurs valeurs ; et le rapide ralliement de ces électeurs au nouveau FN qui entend défendre ses valeurs.

Citoyen de france

a écrit le 25.08.2015 à 18 h 28

Un parti politique Français dirigé par le père, ensuite par la fille et voir bientôt par la petite fille qui en attendant occupe un poste très important dans l’entreprise (et une bonne place dans la gouvernance Française en tant que députée, poste sûrement acquis grâce à son inégalable expérience). Le détail de l’histoire du fn avec l’exclusion du patriarche, démontre une fois de plus si il le faut que ce parti politique est une entreprise familiale avec tous les problèmes que cela implique. Alors les français veulent ils mettre une famille au pouvoir pour diriger la France ? En clair, les Français veulent ils le retour de la monarchie ? Ou sont ils seulement aveuglés par le racisme, la haine, la jalousie du plus pauvre (l’étranger ou le miséreux qui aurait le droit à toutes les aides de l’état) et la misère organisée.

D’après nos cher médias les causes des difficultés de la population sont la crise financière, le terrorisme, le prix des matières premières, les immigrés… Pourtant il n’y à jamais autant de milliardaires et les 1 % les plus fortunés posséderont bientôt la moitié de la richesse mondiale. Il faut d’ailleurs noté que les 1 % les plus fortunés sont justement les monarchies qui dirigent le monde depuis plus de 2000 ans. Alors peut être faut il comprendre que l’Europe et le monde sont dirigés par des monarchies. Et dans le cas de l’Europe notamment cela explique alors beaucoup d’incohérence du point de vue des citoyens, du point de vu des monarchies elle n’a jamais aussi bien fonctionné. Plus gros céréalier d’Europe touchant la plus grosse prime de la pac, la reine d’Angleterre. Plus gros céréalier de France touchant la plus grosse prime de la pac, le prince de Monaco.
Avec une Europe et un monde qui n’a pas conscience d’être dirigé par des monarchies ayant toujours le beau rôle, est il étonnant que la France puisse se retrouvé avec à sa tête une royauté jouant sur ces peurs et ces vis?

Source Article from http://www.slate.fr/story/105799/les-le-pen-une-histoire-machiavelique
Source : Gros plan – Google Actualités

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