Christian Leclerc, le maire divers droite de Champlan (Essonne) accusé par les services de la ville et des associations d’avoir refusé l’inhumation d’un bébé rom dans le cimetière de sa commune, a nié, dimanche 4 janvier, avoir pris cette décision.
« A aucun moment je ne me suis opposé à cette inhumation. La mayonnaise a été montée, a déclaré M. Leclerc à l’AFP. On avait le choix [pour l’enterrement] entre Corbeil et Champlan. J’ai dit “OK” mercredi matin pour l’un ou l’autre des scénarios. »
Christian Leclerc estime que sa réponse pourrait avoir été mal interprétée par les services de la ville et les associations.
« Il y a eu une erreur de compréhension dans la chaîne de décision entre ce qu’ils pouvaient faire et ne pas faire. Je suis vraiment désolé que ça puisse avoir pris une telle ampleur. »
Interrogé sur BFM, le maire ajoute :
« J’aimerais bien que cette mascarade et cette mayonnaise qui est en train de monter dans les médias et dans les réseaux sociaux cessent tout de suite, parce que sinon j’attaquerai sur le plan de la diffamation ».
De nombreux responsables politiques ont réagi au cours du week-end. Le premier ministre Manuel Valls s’est également impliqué, critiquant ce refus d’inhumation qui s’apparente à une « injure à ce qu’est la France ».
Refuser la sépulture à un enfant en raison de son origine : une injure à sa mémoire, une injure à ce qu’est la France. #Champlan #Essonne
— Manuel Valls (@manuelvalls)
« LA LIAISON ÉTAIT MAUVAISE »
Prénommé Maria Francesca, la petite fille de deux mois et demi est décédé dans la nuit du 25 au 26 décembre d’une mort subite du nourrisson, selon l’Association de solidarité en Essonne avec les familles roumaines et roms (Asefrr), qui suit la famille depuis huit ans.
A la demande des parents, une entreprise de pompes funèbres de Corbeil-Essonnes a pris contact avec la municipalité pour obtenir l’autorisation d’inhumer le nourrisson dans le cimetière de Champlan, mais son maire a refusé, selon cette entreprise et l’Asefrr.
Christian Leclerc assure avoir ce jour-là uniquement « expliqué comment on gérait » les cimetières « dans une commune ». Il assure que ses propos ont été « sortis du contexte » par une journaliste qui l’a interrogé. « En plus, la liaison était mauvaise », ajoute-t-il. Pourtant, selon des propos rapportés par le Parisien, M. Leclerc aurait déclaré, dans un premier temps :
« Les concessions sont accordées à un prix symbolique et l’entretien coûte cher, alors priorité est donnée à ceux qui paient leurs impôts locaux ».
« C’EST DU RACISME, DE LA XÉNOPHOBIE ET DE LA STIGMATISATION »
« Je suis abasourdi par ce revirement de position, déplore Loïc Gandais, président de l’Asefrr, interrogé dimanche par 20 Minutes. Bien sûr que la mairie de Champlan a refusé cette inhumation obligeant les parents de Maria Francesca d’enterrer leur fille à Wissous.» Samedi, M. Gandais avait estimé que « sur le plan moral », la décision de la mairie était « contestable, mais sur le plan juridique, on ne pourra pas faire grand-chose ».
Selon M. Gandais, le maire aurait aussi « prétexté que la mort » du bébé « avait été déclarée à Corbeil-Essonnes ». Pour lui, « c’est du racisme, de la xénophobie et de la stigmatisation ».
« On ne va pas rentrer dans un jeu polémique et médiatique. On s’en remet à la sagesse de M. Toubon pour faire toute la lumière là-dessus », a-t-il ajouté. Le défenseur des droits, Jacques Toubon, s’est dit « bouleversé » par cette situation tout en soulignant qu’il devait « avoir toutes les informations pour juger ».
La famille vit à l’entrée de la commune de Champlan, dans un bidonville clôturé, sans eau ni électricité, à proximité d’une petite usine, entouré par des voies rapides et des champs, quasiment au bout des pistes de l’aéroport d’Orly. Interrogé par Le Parisien, la mère du nourisson ne comprenait par le refus.
« On ne demande rien pour nous, on ne demande même pas à la mairie de nous accepter. On veut seulement faire enterrer notre petite fille qui va monter au ciel ».
La petite fille sera finalement inhumée le 5 janvier à Wissous, à environ sept kilomètres de Champlan.
Source Article from http://www.lemonde.fr/societe/article/2015/01/04/le-maire-de-champlan-nie-s-etre-oppose-a-l-inhumation-du-bebe-rom_4548969_3224.html
Source : Gros plan – Google Actualités