Il est « allé déjeuner sans aucune assistance technique chez son fils. (…) N’est-ce pas la plus belle démonstration d’une vie normale ? », se félicite, dans Le Parisien daté du lundi 18 janvier, le professeur Alain Carpentier, à propos du deuxième patient ayant reçu un cœur artificiel du laboratoire Carmat. Greffé le 5 août à Nantes, cet homme de 68 ans « a pu quitter l’hôpital sans bruit le 2 janvier et retourner définitivement chez lui », explique le créateur de l’appareil.
Le premier porteur de cette prothèse, âgé de 76 ans, était mort soixante-quatorze jours après l’implantation de l’appareil, le 16 mars 2014, à la suite de l’arrêt inopiné de la machine. « Une part des difficultés étaient liées à la condition même du malade : son âge, sa maladie plus avancée, sa vie menacée à quelques semaines » et « son état général, rénal en particulier, plus atteint que ce que nous pouvions le supposer », avait précisé le médecin. Les raisons précises de la défaillance n’ont cependant toujours pas été rendues publiques, mais la poursuite de l’essai avait été autorisée en juillet 2014 par les autorités réglementaires et sanitaires.
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APPAREILLAGE PORTABLE DE 3 KG
Pour la deuxième opération, « nous avons choisi un malade plus jeune, aux fonctions rénales et hépatiques encore peu atteintes, et avec une bonne fonction pulmonaire », explique le professeur. Quant à la prothèse, il a « procédé à des ajustements » sur son fonctionnement.
Depuis, le deuxième patient implanté va bien. A la fin d’octobre, le professeur Carpentier avait annoncé qu’il pouvait d’ores et déjà se déplacer seul et même faire du vélo d’appartement.
Le retour à la maison a été possible dès qu’il a pu « disposer d’une autonomie complète », notamment « gérer lui-même » un « appareillage portable » de 3 kg comprenant les deux batteries d’approvisionnement en électricité du cœur artificiel et un boîtier de contrôle.
PRÉCAUTIONS
Ces déclarations sont à prendre avec précaution : en mars 2014, au cours d’un entretien au Monde consacré au premier patient implanté, le président de Carmat, Jean-Claude Cadudal, avait ainsi passé sous silence son décès survenu la veille.
La société Carmat, cotée en bourse, a de fait une stratégie de communication extrêmement contrôlée. En mars 2014, elle avait ainsi indiqué que « sauf obligations réglementaires ou circonstances particulières », elle ne prévoyait pas de communiquer de résultats intermédiaires de l’essai clinique en cours, qui doit porter sur quatre patients. De son côté, le professeur Alain Carpentier, également cofondateur et président du comité scientifique de Carmat, a depuis l’origine conservé sa liberté de parole.
Lundi 19 janvier, la valeur de l’action de la société Carmat avait augmenté de 23 % en début de matinée.
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Source : Gros plan – Google Actualités