Jean-Marie Le Pen ne sera pas tête de liste en Paca lors des élections régionales de décembre. Dans un communiqué publié lundi, le président d’honneur du Front national a annoncé qu’il renonçait à cette place, quelques mois après se l’être auto-attribuée. «Je ne ferai rien qui puisse compromettre la fragile espérance de survie de la France que représente le Front National avec ses forces et ses faiblesses», explique Jean-Marie Le Pen. Tout en considérant qu’il aurait été «une bonne locomotive» pour son camp et en se disant «navré de voir que l’espace public de liberté, tant d’opinion que d’expression, ne cesse de se réduire dans notre pays et même dans nos rangs».
Une telle décision était secrètement espérée depuis plusieurs semaines par nombre de cadres frontistes ; elle a été ouvertement réclamée par la hiérarchie du mouvement après la publication de propos controversés tenus par son ex-patron au journal d’extrême droite Rivarol. Jean-Marie Le Pen y dissertait sur les mérites du maréchal Pétain et la nécessaire sauvegarde du «monde blanc». Marine Le Pen avait promis qu’elle s’opposerait à une candidature de son père, qualifisant ses propos de «suicide politique». En se retirant de lui-même, Jean-Marie Le Pen s’épargne donc un probable désaveu de la part du bureau politique du parti, qui doit se prononcer le 17 avril sur l’identité des têtes de listes régionales.
Gollnisch et Marion Le Pen sur les rangs
S’il ne pose aucune condition à ce retrait, le patriarche a toutefois réaffirmé son soutien à une candidature de sa petite-fille Marion Maréchal-Le Pen. Et a demandé à chacun d’en faire de même «dans l’intérêt supérieur de la France». Dans la foulée, la députée du Vaucluse, 25 ans, confirmait sa candidature auprès du quotidien local «La Provence». La jeune femme devient ainsi la clef d’un réglement pacifique de la crise qui secoue le FN depuis la semaine passée. Sa candidature permettrait à Jean-Marie Le Pen de sauver la face, ayant désigné lui-même une remplaçante réputée proche de lui personnellement et politiquement. Cette solution dynastique a d’ailleurs suscité certaines réactions railleuses hors du FN : «Le bonneteau Le Pen continue, a jugé le patron des députés socialistes, Bruno Le Roux. On s’engueule, on se fait interviewer, on se reparle et au final tout se redistribue en famille!».
Un autre candidat s’est pourtant mis sur les rangs lundi : Bruno Gollnisch. Anciennement implanté en Rhône-Alpes, le député européen se partage depuis plusieurs mois entre la région parisienne et le sud-est. Avant les derniers événements, son nom déjà était évoqué comme celui d’un possible remplaçant à Jean-Marie Le Pen en Paca. En se déclarant candidat contre Marion Maréchal-Le Pen, Gollnisch réintroduit une dose de polémique dans une désignation qui s’annonçait consensuelle. Et ce d’autant plus qu’il avait soutenu la «liberté d’expression» de Jean-Marie Le Pen après son entretien à Rivarol, et qu’il est lui-même l’auteur de propos controversé sur la Seconde Guerre mondiale. Comme pour ajouter à la confusion, Jean-Marie Le Pen proposait lundi un partage des tâches entre sa petite fille et Bruno Gollnisch, la première étant tête de liste mais cédant le poste de président de région au second en cas de victoire. Un schéma alambiqué qui a peu de chances de séduire la hiérarchie frontiste. Dauphin de Jean-Marie Le Pen jusqu’à se voir préférer la fille de celui-ci, Bruno Gollnisch pourrait de nouveau faire les frais de la «préférence familiale» frontiste.
Quel que soit le scénario, le retrait volontaire de Jean-Marie Le Pen lui épargne un probable désaveu de la part du bureau politique du FN. Elle n’éteint pas, en revanche, la procédure disciplinaire lancée contre lui, et qui doit prochainement l’amener devant le bureau exécutif du FN. Cette instance composée de 9 membres – dont lui-même en temps normal – pourrait prononcer une sanction allant jusqu’à l’exclusion du parti. «C’est une procédure parallèle qui n’a rien à voir» avec la désignation des têtes des listes régionales, a confirmé Florian Philippot, vice-président du FN et membre du bureau exécutif.
Source Article from http://www.liberation.fr/politiques/2015/04/13/jean-marie-le-pen-renonce-a-la-tete-de-liste-en-paca_1240096
Source : Gros plan – Google Actualités