Première erreur originelle.
François Hollande s’est trompé de campagne. Plus exactement, son discours du Bourget – « mon ennemi n’a pas de visage… » – et son face-à-face avec Nicolas Sarkozy – « moi Président… » – lui ont fait gagner l’élection, mais lui ont fait perdre le quinquennat.
Avec son « Moi président », Hollande a gagné l’élection et perdu le quinquennatt | Photo : AFP
Hollande candidat a parlé à la gauche historique ; Hollande président s’adresse aux sociaux-démocrates. Depuis deux ans et demi, il tente de maintenir collés les morceaux entre ce que l’on a compris de ses intentions et ce que l’on constate de ses actes, publics voire privés. Ainsi s’enchaînent des décisions dont on cherche la cohérence. Ainsi s’aggravent les frondes entre socialistes et au sein de la gauche.
Deuxième erreur.
François Hollande a mal apprécié la situation. Lui, qui a toujours vu les faits donner raison à son optimisme, croyait en la théorie des cycles économiques. Il pensait que la croissance, en France et en Europe, allait lui offrir les moyens dont il ne disposait pas. Il connaissait certes les comptes du pays, mais il n’avait pas mesuré l’état dégradé des entreprises ni anticipé l’explosition prévisible du chômage.Cette sous-estimation des réalités l’a conduit à « oublier » d’alléger la dépense publique et à alourdir impôts et charges, au point d’asphyxier la croissance. Faute d’avoir engagé les réformes de structure, celles qui produisent naturellement des économies, le voilà confronté à un déficit impossible à éponger et contraint à réduire brutalement les aides à la famille ou aux collectivités locales.
Troisième erreur.
François Hollande est arrivé au pouvoir après dix ans de grasse opposition. Les socialistes ont fait preuve, et ça continue, d’une impréparation assez vertigineuse, tant sur la forme que sur le fond.Il n’est presque pas de projets qui ont été débattus et arbitrés entre eux. Presque pas de principes consensuels. Les accords politiques ont davantage servi à se trouver des alliés, verts ou radicaux, à faire de la comptabilité parlementaire, qu’à s’entendre sur un certain nombre de grands choix. La réforme territoriale ou la politique fiscale en sont deux belles illustrations.
Cette impréparation vaut aussi pour la méthode. Les socialistes, faute d’anticipation, sont passés maîtres dans l’art du couac et du chiffon rouge. Faute d’un chef élu par conviction, la famille majoritaire ressemble un peu à une brouettée de grenouilles.
Trop faible
Pourtant, de ces deux ans et demi, il restera des marques qu’une alternance aurait bien du mal à effacer. Rétablir la première tranche d’impôt sur le revenu ? Impopulaire. Revenir sur le mariage homosexuel ? Explosif.
Annuler la modulation des allocations familiales ? Coûteux.
Enterrer le CICE et les allégements de charges ? Suicidaire.
Revenir sur le non-cumul des mandats ? Périlleux.
Détricoter les métropoles et la carte des Régions ? Improbable.
Quitter le Mali ou l’Irak ? Risqué.
Ce pouvoir est aujourd’hui trop affaibli pour réaliser de grandes choses. Il a commis de grosses erreurs. Mais il n’est jamais honnête de donner une note définitive en milieu de cursus.
Source Article from http://www.ouest-france.fr/hollande-mi-mandat-les-trois-erreurs-originelles-du-president-2950345
Source : Gros plan – Google Actualités