Le Lion d’or, près de la gare. Ce n’était plus véritablement un hôtel, mais un lieu de «
stockage de migrants
», selon les propres mots des passeurs. La filière albanaise en l’occurrence. Même si le Lion d’or n’est pas un trois étoiles, un hôtel où l’on doit venir avec son matelas, ça reste rare. À sept dans des chambres pour deux, dans des conditions d’insalubrité dénoncées par le parquet, les Vietnamiens, Irakiens, Iraniens, Kurdes, tous en situation irrégulière, s’y entassaient depuis des mois. À l’hôtel du Lion d’or, seul le paiement en liquide est accepté. Il n’y a pas de registre, pas de comptabilité, pas de factures. Une aubaine pour le réseau de passeurs albanais qui en a fait son QG. Ce vendredi après-midi, en comparution immédiate, se sont retrouvés à la barre le gérant et propriétaire du Lion d’or, Ahcène Lamri, et deux passeurs albanais, Denis et Mirjan Rexhaj.
Pour Ahcène Lamri, c’est simple, il n’a rien vu. C’est à peine s’il se doutait que des étrangers en situation irrégulière squattaient ses chambres par terre sur des matelas. Pourtant propriétaire et gérant de l’établissement, il ira jusqu’à dire qu’en réalité rien ne lui appartenait. L’argent liquide, il le prenait en revanche. Bien que salarié, il percevait de surcroît le RSA. Les enquêteurs estiment son chiffre d’affaires à 10000 € non déclarés par mois. Les enquêteurs ont constaté que son compte en banque était particulièrement bien fourni. Il était en contact régulier avec Denis Rexhaj pour loger les migrants.
Denis Rexhaj, c’est la tête du réseau local, un Albanais en cheville avec des commanditaires britanniques qui s’est installé en Basse-Ville il y a deux ans. Il rabattait les candidats au passage vers la Grande-Bretagne et ponctionnait environ 500 € par étranger pris en charge, quand ce dernier avait déjà déboursé 7 000 € aux commanditaires. Le réseau fonctionnait grâce à la complicité de chauffeurs routiers roumains notamment, qui embarquaient les migrants – parfois quatorze en une seule fois. Enfin, il y a Mirjan, le cousin de Denis. Moins impliqué, il était en train de monter en puissance, en créant son propre « business », s’inspirant de son cousin Denis à qui il fournissait des migrants contre de l’argent.
Le Dunkerquois Ahcène Lamri a écopé de deux ans ferme. Trois ans ferme sont prononcés contre Denis Rexhaj, dix-huit mois contre Mirjan. Les trois sont partis en détention.
Source Article from http://www.lavoixdunord.fr/region/dunkerque-le-reseau-de-passeurs-albanais-operait-depuis-ia17b47588n3052262
Source : Gros plan – Google Actualités
