Bruit d’un moteur de voiture. La petite tête blonde se précipite sur la fenêtre, écarte brusquement le rideau et observe celui qui arrive. Elle ne tient pas en place, Chiara (1), et profite de tout événement pour quitter le canapé et la télé qui l’attendent pourtant ce soir, pour le réveillon du jour de l’An. Elle la passera, à Levroux, devant des « coquillettes-jambon » avec trois de ses quatre frères et sœurs, sa mère, Isabelle, et le compagnon de celle-ci, Yannick.
« Se battre et se battre »
Pas le choix. « Le réfrigérateur est vide », explique Yannick. « Les fêtes de fin d’année c’est un gouffre pour les familles, ajoute Isabelle. Il y a les cadeaux à acheter, les repas à préparer. » Et, cette année, l’insécurité et le manque de visibilité pour 2015.
Car Yannick est magasinier à l’usine Châteauroux Ceramics. Il a appris, à la, mi-décembre, comme les 118 autres salariés, la volonté des dirigeants de l’usine de placer l’entreprise en liquidation judiciaire.
« Tout est arrivé très vite », se souvient celui qui rappelle pourtant les fréquents retards de paie, depuis 2010. Et le sursis de six mois avec un mandataire judiciaire que le tribunal de commerce a accordé, le 18 décembre. « Il faudra se battre pour que l’entreprise continue à vivre. Et si ça s’arrête ? Se battre aussi. Pour retrouver un travail. »
Yannick pense reprendre l’activité de DJ qu’il avait décidé de mettre entre parenthèses, en juillet dernier. « Je voulais m’occuper davantage de ma famille. Être DJ, ça prend beaucoup de temps : il faut dénicher, la semaine, le dernier titre qui amènera du monde sur la piste. Mais nous nous rendons compte aujourd’hui que ça représente un gros manque à gagner. A sept, nous devons vivre sur mes 1.300 € et les 700 € d’allocations familiales d’Isabelle. » Le couple a frappé à la porte des assistantes sociales, des Restos du cœur, mais il reste au-dessus des seuils pour avoir droit à d’autres aides. Ce qu’il souhaite pour 2015 ? « Ne plus avoir à nous priver. » Et pouvoir offrir mieux que des pâtes et la télé à Chiara et aux autres enfants qui vivent sous leur toit.
(1) Le prénom a été modifié.
vous le dites
Vous avez été nombreux, lundi, à répondre à notre appel lancé via notre page Facebook. Et à témoigner de votre désintérêt vis-à-vis du réveillon. Entre autres réactions, Françoise reproche ainsi à cette fête son « côté non spontané », Delphine, « son côté commercial et hypocrite » et Aurélie, la douleur ressentie par les personnes seules, ce soir de l’année.
Source Article from http://www.lanouvellerepublique.fr/Indre/Actualite/24-Heures/n/Contenus/Articles/2014/12/31/Coquillettes-jambon-et-tele-pour-reveillonner-2171011
Source : Gros plan – Google Actualités