Ilham Tohti avait été condamné mardi à la prison à vie sans qu’on en sache réellement les raisons. Jeudi 25 septembre, l’agence de presse officielle Chine nouvelle a publié des informations selon lesquelles l’intellectuel ouïgour accusé de séparatisme avait été condamné pour avoir prononcé, devant ses étudiants, des commentaires sur le Xinjiang, une région de l’Ouest chinois rétive à la tutelle de Pékin.
L’accusation s’est notamment appuyée sur des enregistrements vidéo des cours de l’enseignant à l’Université des minorités de Pékin. Dans l’un des cours, l’universitaire aurait déclaré que le Xinjiang « appart[enait] d’abord au groupe ethnique des Ouïgours » plutôt qu’à celui des Han, l’ethnie qui compose l’écrasante majorité de la population chinoise.
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Pour les procureurs, les remarques du professeur ont encouragé des gens à rejoindre des « groupes séparatistes » prônant l’indépendance du Xinjiang. Dix millions de Ouïgours vivent dans cette région, théâtre depuis plus d’un an d’une recrudescence d’attentats et de violences à caractère ethnique et religieux.
CAMPAGNE DES AUTORITÉS CONTRE LE VOILE
Selon Chine nouvelle, l’universitaire aurait aussi salué devant ses étudiants l’attaque d’un poste de police dans le canton de Bachu en avril 2013, où 21 personnes avaient trouvé la mort.
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L’avocat d’Ilham Tohti, qui a porté plainte contre Chine nouvelle, assure qu’il aurait en réalité cité des informations selon lesquelles des habitants auraient résisté à l’intrusion d’officiels dans des maisons pour confisquer des voiles aux musulmans locaux. L’intellectuel musulman aurait alors déclaré : « Si c’était ma propre épouse qui se serait vu arracher son voile, j’aurais résisté moi aussi. » Les autorités mènent en effet campagne au Xinjiang contre le port du voile et des barbes longues.
Ilham Tohti a tenté d’invoquer la liberté d’expression, protégée par la Constitution. Mais, pour l’accusation, « les citoyens chinois ne doivent pas porter atteinte aux intérêts de l’Etat en usant de leur liberté ».
Dans les tribunaux chinois, contrôlés par le Parti communiste, les appels aboutissent rarement. Le dossier de M. Tohti doit être examiné jeudi.
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Source : Gros plan – Google Actualités