Après les attentats meurtiers de vendredi 13 à Paris, les soupçons convergent vers Abdelhamid Abaaoud, un djihadiste belge qui a rejoint les rangs des combattants de l’Etat islamique en 2013. Il pourrait être le commanditaire de ces attaques.
Le procureur de la République a confirmé qu’il était visé par l’opération à Saint-Denis.
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Le nom d’Abdelhamid Abaaoud est apparu dans plusieurs enquêtes de l’antiterrorisme en France, notamment dans celle sur un projet d’attentat déjoué contre une salle de concert, a précisé une source proche du dossier à l’agence Reuters lundi.
« Il apparaît comme susceptible d’être le commanditaire de plusieurs projets d’attentats en Europe », a indiqué la source à Reuters.
Hypothèse privilégiée
Le fait qu’Abdelhamid Abaaoud soit aussi le cerveau des attentats à Paris qui ont fait 129 morts « est une hypothèse privilégiée », a ajouté la source citée par Reuters.
Ce lundi matin, cinq hommes ont été reconnus dans le cadre de l’enquête sur les attentats de Paris. Voici le point sur leur identité.
Un lien avec le kamikaze du boulevard de Charonne
L’un des auteurs des attentats meurtriers de Paris avait dans le passé côtoyé un djihadiste belge notoire du groupe Etat islamique, considéré en Belgique comme le cerveau des attaques déjouées en janvier à Verviers (est), affirme le journal flamand De Standaard lundi.
« Les enquêteurs voient un lien avec Verviers » titre en une le journal flamand en référence à une cellule djihadiste qui s’apprêtait à s’attaquer à des policiers ou des commissariats, démantelée en janvier en Belgique quelques jours après les attentats contre Charlie Hebdo.
Selon De Standaard, les noms de Brahim Abdeslam, mort en actionnant une ceinture d’explosifs Boulevard Voltaire à Paris vendredi soir, et Abdelhamid Abaaoud, considéré comme le commanditaire des attentats projetés par la cellule de Verviers, apparaissent dans plusieurs dossiers criminels de droit commun, pour des faits commis à Bruxelles en 2010 et 2011.
Le parquet fédéral belge, sollicité par l’AFP, n’était pas joignable dans l’immédiat pour commenter cette information.
Planificateur de l’attentat déjoué de Verviers
Le 15 janvier, une semaine après les attentats de janvier à Paris, la police belge avait donné l’assaut dans une maison de cette ville de l’est de la Belgique, tuant deux de ses occupants, qui selon les enquêteurs s’apprêtaient à cibler les forces de l’ordre.
Abaaoud n’est pas sur place. Mais début février, il revendique avoir « planifié » ces attentats déjoués de justesse dans une interview que lui attribue Dabiq, le magazine de l’EI.
« Nous avons finalement réussi à rejoindre la Belgique. Nous avons alors réussi à obtenir des armes et à établir une planque tout en planifiant de mener des opérations contre les « croisés » », se vantait-il.
Passé par la Grèce
Selon la presse belge, Abaaoud avait été localisé en Grèce, d’où il communiquait avec les deux djihadistes tués à Verviers. Un coup de filet à Athènes n’avait pu réussir à l’arrêter.
« J’ai pu partir et venir à el-Cham (en arabe la Grande Syrie ou sa capitale Damas, NDLR) malgré la chasse menée par tant de services de renseignement », se félicitait-il dans Dabiq
Tous deux ont vécu à Molenbeek
Brahim Abdeslam et Abdelhamid Abaaoud ont tous deux vécu dans la commune bruxelloise de Molenbeek, pépinière djihadiste belge, d’où sont originaires plusieurs suspects dans les attentats de Paris.
Abdelhamid Abaaoud, activement recherché dès le lendemain de l’assaut donné par la police contre la cache des djihadistes présumés à Verviers le 15 janvier 2015, avait affirmé avoir réussi à regagner la Syrie, dans Dabiq, le « magazine » en anglais du groupe Etat islamique (EI).
Condamné à 20 ans de prison en Belgique
Né en 1987 dans la commune bruxelloise de Molenbeek, il se fait appeler Abou Omar Soussi, du nom de la région du sud-ouest du Maroc dont sa famille est originaire, ou Abou Omar al-Baljiki (Abou Omar « le Belge »).
Egalement connu sous le pseudonyme d’Abou Omar al-Baljiki, Abdelhamid Abaaoud apparaît notamment dans une vidéo, fine barbe et bonnet de style afghan sur la tête, où l’EI se vante de commettre des atrocités, s’adressant goguenard à la caméra alors qu’il conduit un véhicule qui tire des cadavres vers une fosse commune.
« Avant, on tractait des jet-skis, des quads, des grosses remorques remplies de cadeaux, de bagages pour aller en vacances au Maroc. Maintenant, on tracte les infidèles, ceux qui nous combattent, ceux qui combattent l’islam », se vante-t-il, sourire aux lèvres, dans un mélange de français et d’arabe.
Il a été condamné, en son absence, à 20 ans de prison en juillet à Bruxelles, dans un procès sur les filières de recrutement de djihadistes belges pour la Syrie.
« Un petit con »
« C’était un petit con », harcelant ses condisciples et ses professeurs ou volant des portefeuilles, a raconté un ex-camarade de classe au tabloïd populaire belge La Dernière Heure.
Le « petit con » est maintenant dans le viseur des enquêteurs français et belges, qui voient en lui l’organisateur présumé des tueries de Paris qui ont fait vendredi 129 morts et 352 blessés et ont été revendiquées par l’Etat islamique
Il avait fait la une des journaux belges dès 2014, après avoir enlevé son propre frère Younès, emmené en Syrie alors qu’il était âgé de 13 ans, et qui a été surnommé « le plus jeune djihadiste du monde » par certains médias.
Leur père, Omar Abaaoud, sans nouvelles de ses deux fils, s’est porté partie civile contre son aîné.
Il a le profil d’un individu de la « classe moyenne », a souligné mardi le quotidien flamand De Morgen. Selon le journal, le jeune homme avait été envoyé par son père, commerçant, dans un collège chic de la commune résidentielle d’Uccle, dans le sud de Bruxelles.
« Nos vies sont détruites »
« Nous avions une belle vie, oui, même une vie fantastique ici. Abdelhamid n’était pas un enfant difficile et c’était devenu un bon commerçant. Mais tout à coup, il est parti pour la Syrie. Je me suis demandé tous les jours pour quelle raison il s’est radicalisé à ce point. Je n’ai jamais reçu de réponse », avait déclaré en janvier son père, Omar Abaaoud, à la Dernière Heure.
« Abdelhamid a jeté la honte sur notre famille. Nos vies sont détruites », avait réagi son père : « Pourquoi, au nom de Dieu, voudrait-il tuer des Belges innocents ? Notre famille doit tout à ce pays », avait expliqué Omar Abaaoud, dont la famille est arrivée en Belgique il y a 40 ans.
Source Article from http://www.ouest-france.fr/europe/france/attentats-paris-abdelhamid-abaaoud-soupconne-detre-le-cerveau-3845965
Source : Gros plan – Google Actualités