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Ariane, Thomas, Elif, Ludovic, Véronique, Djamila… Ils sont morts vendredi, à Paris – Libération

Libération recueille vos témoignages sur temoignages@libe.fr

Nick Alexander, 36 ans

Photo @polinabuckley

Nick Alexander était au Bataclan pour son travail. Il était chargé de la vente des produits de merchandising des Eagles of Death Metal. Il a été tué pendant la fusillade. Une de ses amies, Helen Wilson, blessée aux deux jambes mais qui a survécu, était à ses côtés. Britannique, il venait de Colchester, une petite ville de l’est de l’Angleterre. «Il sortait juste de l’école, il avait 18 ans, et il est venu nous voir avec une idée très précise, instaurer une nuit de la musique dans notre centre», raconte au téléphone Anthony Roberts, directeur du Colchester Arts Centre. «Il y a toujours plein de volontaires pour créer ce genre de nuit, mais Nick était bien plus persistant et bien plus charmant que la plupart», a-t-il ajouté. Il a obtenu la création de sa «club night music», et «à notre grande surprise et notre grand plaisir, a remporté un énorme succès, remplissant sans problème chaque semaine la salle de 400 places». Le rock était sa passion et il «est mort en faisant le job qu’il aimait», a dit sa famille dans un communiqué. «Nick n’était pas seulement notre frère, fils et oncle, il était le meilleur ami de tous – généreux, drôle et profondément loyal». Le musicien Cat Stevens, également connu sous le nom de Yusuf Islam, lui a rendu hommage sur Twitter. «Il s’occupait du merchandising lors de notre tournée l’an dernier. Amour et condoléances à sa famille». Patrick Carney, batteur du groupe Black Keys, a raconté à Rolling Stone combien Nick Alexander était «vraiment organisé, super travailleur, tellement drôle. Je me souviens de lui toujours content sur la tournée. C’était ce qui semblait le rendre vraiment heureux […] Je me souviens qu’il ressemblait plus à une rock-star que n’importe qui sur la tournée, dans le meilleur sens du terme». «Le truc de vendre les produits commerciaux lors d’une tournée, c’est que c’est le job le plus ingrat. Tu le fais parce que tu veux voyager et que ça t’intéresse de rencontrer des gens nouveaux, mais c’est un boulot vraiment dur. Pas un job pour faire la fête […] Après les concerts, quand tout le monde devenait dingue, lui restait toujours réservé. C’était juste un type bien, ce mec». (S.D.S. à Londres)

Jean-Jacques Amiot, 68 ans

Photo DR

«Jean-Jacques était un amoureux de la musique des années 60-70. C’était vraiment une grande passion. Dans son atelier, il avait affiché des photos de Jimi Hendrix. Vendredi soir, il était au Bataclan, avec un copain, au premier rang. Il a pris une balle dans la tête par derrière. Son copain, lui, est vivant.» Emmanuel Pierrot, photographe collaborateur de Libération, se souvient de Jean-Jacques Amiot avec émotion. Il pense à sa femme, Joëlle, avec qui Jean-Jacques formait un couple très soudé, fusionnel. «Après avoir été photographe, il a créé un atelier de sérigraphie au CAP Saint-Ouen. Il était à la retraite depuis quatre ans mais continuait de travailler avec sa femme. Son atelier était une pièce centrale au CAP Saint-Ouen et tout le monde venait y discuter. Nous repartions parfois avec des pommes venues du Perche où il avait un jardin secret. J’ai de très bons souvenirs des années où les enfants étaient petits, ils courraient dans les couloirs. Jean-Jacques avait deux filles dans la trentaine et des petits-enfants.» «C’était un pacifique, un homme doux», a dit de lui sa belle-soeur, Olga, au Télégramme. Jean-Jacques Amiot était très engagé à gauche mais, depuis l’ère Sarkozy, il avait perdu ses illusions. «Nous avions fait des tee-shirts Klaus Barbie avec la typo de Mattel. Cette fin lui ressemble. Elle est rock. Comme lui.» Sur Facebook, Emmanuel Pierrot a posté la photo d’un chamboule-tout composé des cubes en bois utilisés comme cales dans la sérigraphie et couverts de peinture multicolore. Du «Jackson Pollock en 3D» à la mémoire de son ami décédé. (C.Me. et K.H.-G.)

Thomas Ayad, 32 ans

Photo DR

Thomas Ayad était chef de projet chez Mercury. «Je l’avais connu quand il était mon stagiaire chez V2, une maison de disques, explique à Libération son ami Mathieu. Il est mort presque tout de suite, au Bataclan, alors qu’il était en train de parler avec un garçon de Nous Productions (le tourneur du concert), qui, lui, a été blessé. C’était le mec le plus cool de la terre, sans ennemi, tout le monde l’aimait. Franc, honnête, c’était un ami fidèle, on pouvait compter sur lui. Il avait une belle carrière, un très grand talent, et était très heureux de son travail. Il s’occupait de Metallica comme de Justin Bieber. C’était un très grand fan de rock, de Queens of the Stone Age et Eagles of Death Metal en particulier. Il s’entendait très bien avec le groupe, il était comme eux, rock’n’roll, plein d’humour, décalé. Il était très fier de s’occuper d’eux. Il collectionnait les guitares, était sportif, avait plein de cordes à son arc. Il était en train de s’acheter une maison avec sa meuf qui l’aimait beaucoup. C’était un mec bien. On dit souvent ça des gens qui meurent, mais en l’occurrence, c’était vrai.»

Lundi, Keith Richards, le guitariste des Rolling Stones, a publié sur Facebook une photo de lui et Thomas et un message dans lequel il évoque le jeune homme avec qui il a travaillé dans le passé : «Mes sincères condoléances vont à la famille et aux amis de Thomas Ayad. Les mots ne peuvent décrire l’horreur de ce qui s’est déroulé à Paris. Je suis horrifié par les événements tragiques qui ont pris place à Paris vendredi soir. Keith.» 

Justin Bieber, avec qui Thomas avait collaboré, a lui aussi tenu à lui rendre hommage. Sur Twitter, mardi, il a écrit : «Je pense encore à Paris et à mon ami Thomas que nous avons perdu dans la tragédie. Il a fait partie de mon équipe pendant des années et j’aurais voulu passer plus de temps avec lui pour le remercier. Soyez sûrs de profiter des gens tant qu’ils sont là. Merci Thomas pour tout ce que tu as fait pour moi. Tu étais apprécié et tu nous manqueras. Mes pensées et mes prières vont à ta famille et à tes proches #PrayForParis.» Le groupe Metallica s’est également joint aux hommages sur Facebook. Sa compagne, son frère, sa famille, ses amis et collègues d’Universal, une centaine de personnes au total, se sont réunis lundi devant les anciens bureaux de V2 dans le Xe, rue Bouchardon, à l’heure de la minute de silence, puis ont marché jusqu’au Bataclan. (E.V.B)

Chloé Boissinot, 25 ans

Ce vendredi là, Chloé avait prévu de dîner au Petit Cambodge avec son amoureux Nicolas, juste en face du Petit Carillon, son bar préféré. Les deux QG des habitués du quartier dont elle était, puisqu’elle-même travaillait au Verre Volé tout proche. Fauchée en plein apéro par les balles des tueurs, elle s’effondre avec une quinzaine d’autres victimes, tandis que son petit ami, blessé et désorienté, parvient à s’extraire du carnage et perd sa trace lorsqu’il est pris en charge par les secours. Dernier à l’avoir vue, un compagnon de table parle de Chloé gisant au sol dans une mare de sang, selon le récit de la Nouvelle République. Mais pendant deux jours, ses parents et les proches de la jeune femme, qui était originaire de Vivonne dans la Vienne, s’accrochent à l’espoir de la retrouver grièvement blessée, mais vivante, dans un hôpital parisien. Alertés par sa sœur Jennifer, les réseaux sociaux prennent le relais. Cette dernière est alors en voyage en Nouvelle-Zélande et peut rentrer précipitamment à Paris grâce à un mouvement de solidarité des internautes locaux qui lèvent de quoi payer son billet d’avion pour rentrer et participer aux recherches. Sur les photos des secours en action, on croit la voir sur une civière encore consciente. Mais il ne s’agit pas de Chloé. La terrible nouvelle finit par se confirmer. Sa maman Elisabeth annonce sa mort dimanche vers 18 heures sur sa page Facebook. Et livre le lendemain un témoignage bouleversant où l’amour l’emporte sur l’envie de vengeance : «Tu vas rester ma petite pour toujours, tu ne vieilliras pas, tu n’auras pas le cancer… Tu vois un monde merveilleux mais que tu vas nous manquer». Connue et aimée des habitants du quartier, Chloé a fait l’objet de nombreux hommages dans sa région d’origine et sa capitale d’adoption. Parmi tous les souvenirs d’elle, celui d’un ancien camarade de collège à Vivonne qui évoque une jeune fille «timide et douce qui rougissait vite». Et ces quelques mots écrits par Hiroko sur le mur Facebook du Verre Volé, drapé de noir, qui rappellent une jeune femme aimée de tous dans son quartier du Xe arrondissement parisien : «Une petite commerçante qui voulait passer une soirée dans le quartier de son travail. Tous les voisins qui avaient l’habitude de la voir nous tartiner nos sandwichs pleurent.» (J.-C.F.)

Maxime Bouffard, 26 ans

victime

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Originaire du Coux-et-Bigaroque, en Dordogne, dans le Périgord noir, Maxime Bouffard a été tué pendant la fusillade au Bataclan. «Sa sœur m’a prévenu le soir même, relate le maire de la commune, Michel Rafalovic, et m’a demandé d’aller prévenir leurs parents de la terrible nouvelle. Nous avons pris la route pour Paris tous les trois.» Enfant du Coux, élève au lycée René-Cassin à Bayonne, ancien joueur de rugby, Maxime Bouffard était très connu à Saint-Cyprien où il avait joué dans le club de la commune et où sa mère est pharmacienne. A 19 ans, Maxime était parti à Sarlat et Biarritz pour faire des études de technicien dans l’audiovisuel. Depuis quatre ans, le Sarladais s’était installé à Paris où il réalisait des films et des clips. Et depuis plus d’un an, il travaillait sur le clip de Joséphine avec le groupe Le Dernier Métro. «Il en était si fier, on était si fier de ce qu’il avait fait pour nous. Ce projet est le sien, cette chanson est, et restera la sienne», témoignent Margaux et Bruno du Dernier Métro sur Facebook. Passionné de musique (il postait des morceaux et des clips très souvent), le jeune réalisateur avait récemment créé sa propre société de production. «On était fier de lui, reprend Michel Rafalovic. C’était un grand gaillard de 1,90m, enjoué, toujours avec le sourire, fêtard. Dès qu’il pouvait, il descendait voir ses copains, sa famille, son territoire.» (F.Rl)

Quentin Boulenger, 29 ans

Né en 1986, Quentin Boulenger était originaire de Reims, dans la Marne. Il était diplômé de l’école de commerce nantaise Audiencia, et travaillait comme «responsable digital international» chez L’Oréal, s’occupant notamment des plateformes numériques pour la marque de cosmétiques. Il était arrivé dans l’entreprise à l’âge de 23 ans. Jeune marié, il vivait dans le XVIIe arrondissement de Paris. Vendredi soir, il était au Bataclan, et n’a pas survécu à la fusillade. (C.G.)

Ludovic Boumbas, 40 ans

victime

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D’origine congolaise, il est né à Lille. Il était ingénieur chez le transporteur Fedex. Il a été assassiné à la Belle Equipe. Il avait une quarantaine d’années. C’était «un garçon très social, avec un sens du contact hors du commun», dit de lui son ami Tariq, qui avait fêté avec lui récemment ses 40 ans et devait le rejoindre ce soir-là à la Belle Equipe. Un «héros», dit-il de lui, dont l’histoire a été écrite dans le Daily Mail – Ludovic Boumbas s’est rué sur les tireurs pour essayer de sauver des vies, dont celle d’une jeune fille. D’après ses proches, Ludovic Boumbas avait fait un choix de vie, celui d’avoir un «travail alimentaire», chez Fedex, afin d’avoir du temps pour vivre. Il aimait la culture, parler de musique, de films et les fleurs, qu’il achetait en nombre chez le fleuriste du quartier. (C.G. et C.Al)

Elodie Breuil, 23 ans 

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Elodie Breuil avait 23 ans lorsqu’elle est tombée au Bataclan. Sur sa page Facebook, plusieurs dessins crayonnés rappellent que la jeune femme étudiait le design à l’école de Condé. Enfant, elle avait fréquenté l’école Thiers de Boulogne-Billancourt. Au gré des photos de son profil, on découvre une jolie blonde aux yeux bleus, adepte des déguisements, ici le visage peint comme celui d’un petit chat, là coiffée d’un chapeau à l’effigie d’un raton-laveur, là encore masquée d’un visage de carnaval, hilare ; plus loin habillée d’un sari lors d’un voyage au Sri Lanka, il y a deux ans. Elle faisait partie, sur le réseau social, de plusieurs groupes de fêtards qui se tenaient mutuellement informés des soirées transe, psyché, progressive, dance. En janvier, Elodie Breuil avait manifesté dans les rues de Paris, a raconté son frère Alexis au Time, juste après les attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher. (K.H.-G.)

Ciprian Calciu, 28 ans

Ce jeune homme d’origine roumaine est mort à la Belle Equipe avec sa compagne, Lacramioara Pop. Ils s’étaient rencontrés à Paris où Ciprian était technicien pour l’une des filiales d’Otis France. Les amoureux, parents d’un petit garçon de 18 mois, avaient choisi de passer leur soirée de vendredi à la Belle Equipe pour y fêter l’anniversaire d’Hodda Saadi avec qui Lacri, le surnom de Lacramioara, avait travaillé au café des Anges. Les collègues de Ciprian Calciu ont créé un fonds de soutien pour venir en aide au fils de leur camarade. La communauté roumaine a rendu hommage aux deux amoureux, dans leurs villes natales et sur internet. L’équipe du café des Anges organise actuellement une collecte sur le site Gofundme pour venir en aide au petit garçon de Ciprian et Lacramioara ainsi qu’à la fille aînée de la jeune femme, dont le père est décédé. «Aujourd’hui, outre le deuil, il y a l’urgence : les deux orphelins se retrouvent dans une situation intolérable et leur grand-mère n’a actuellement aucun revenu. Elle seule est garante de l’unité familiale telle que l’avaient voulu les parents décédés. Il est impératif de récolter des fonds pour gérer l’urgence mais également pour veiller à ce que les enfants ne soient jamais séparés. C’était le voeu de leur parents mais c’est également notre devoir de tout faire pour que ces enfants accèdent à la nationalité Francaise et à l’éducation qui leur est due. Les fonds récoltés serviront à aider la famille notamment en s’entourant de conseils juridiques et administratifs et à créer un pécule pour les enfants». (M.O.) 

 

Claire Camax, 35 ans

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Mère de deux jeunes enfants, Claire Camax est décédée à 35 ans dans l’attaque du Bataclan. Originaire du sud-est de la France, amatrice de rock «un peu lourd», dixit son ami Jean-Emmanuel, elle résidait à Houilles, dans les Yvelines. «On s’est connus à l’école professionnelle supérieure d’arts graphiques [située dans le Val-de-Marne, ndlr] et on est très vite devenus amis. On s’amusait beaucoup. Je l’ai présentée à l’un de mes plus vieux amis, qui est devenu son mari», raconte ce proche par téléphone, submergé par l’émotion. «C’était une excellente dessinatrice et quelqu’un de radieux, qui débordait la joie de vivre. Elle me faisait beaucoup rire.»

Claire vivait du graphisme depuis 2004, et s’était mise à son compte il y a plus de six ans. Sur son site personnel, elle affichait certains de ses travaux : cartes de vœux, illustrations pour des rapports pour Veolia, création d’un catalogue pour la promotion des marques françaises de lingerie à l’étranger…

Vendredi, Claire s’est rendue au concert avec son mari et plusieurs amis. Deux d’entre eux ont été blessés. «Ils sont aujourd’hui hors de danger», assure Jean-Emmanuel. Son mari, qui ne se trouvait pas au même endroit qu’elle lorsque la fusillade a commencé, est indemne. «Claire était une personne rayonnante, connue pour sa bonne humeur, son sourire permanent et sa gentillesse», décrit Nathalie Stolz, qui a travaillé un temps avec elle. «C’est assez abstrait mais c’est vrai.» (G.Si.)

Nicolas Catinat, 37 ans

Né à Domont (Val-d’Oise), cet artisan menuisier était âgé de 37 ans. Il était dans la fosse au moment de l’attaque, et il est mort en tentant de protéger ses amis, blessés mais saufs. Un ami le décrit au Parisien comme «quelqu’un de super souriant, une personne extraordinaire». La ville de Domont lui a rendu hommage en renommant une place à son nom.(S.Gin.)

Anne Cornet, 29 ans

Elle aurait eu 30 ans le 11 décembre prochain. Vendredi, Anne Cornet assistait au Bataclan au concert des Eagles of Death Metal, avec son époux Pierre-Yves Guyomard (lire ci-dessous). Lui non plus n’en a pas réchappé. Tous deux étaient «pleins de vie et d’espérance» a raconté sur Facebook le maire de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), Emmanuel Lamy, qui les a mariés en mai 2013, évoquant encore un «couple heureux et dynamique». Pour l’occasion, Anne Cornet arborait un joli bouquet composé de roses, de renoncules et de pivoines.

Après des études de musicologie à Metz, la jeune femme brune aux yeux bleu clair, originaire de Meurthe-et-Moselle, travaillait comme auxiliaire de puériculture à la crèche des Petits Mousses de Chatou. Elle avait également vécu à La Réunion, où ses parents résident toujours, et bossé pour le théâtre de Champ-Fleuri. «Elle était adorable, pleine de vie», a dit d’elle son beau-frère, Christian, à la télévision réunionnaise. (K.H-G.)

Précilia Correia, 35 ans

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Elle aimait la photographie, le snowboard, la cuisine. Elle avait pour habitude de créer de petits objets joyeux. Précilia Correia s’est brusquement éteinte à 35 ans, tuée vendredi au Bataclan, comme son petit-ami qui l’accompagnait. «Elle était employée comme vendeuse au rayon petit électroménager de la Fnac à La Défense, après avoir travaillé au rayon travaux photo. Elle était membre du comité d’entreprise, se souvient l’un de ses collègues. Je connais finalement trop peu de chose de sa vie : nous avons partagé quelques verres et un pique-nique ensemble.» Précilia habitait à Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine), en banlieue parisienne. Elle y est née, d’un père portugais et d’une mère française, et a toujours vécu là. «C’était une personne souriante qui adorait passer du bon temps avec ses amis et aller à des concerts de rock. Elle avait une culture portugaise très ancrée, et séjournait beaucoup à Lisbonne, d’où notre famille est originaire. Elle avait d’ailleurs obtenu la double nationalité franco-portugaise», raconte sa petite sœur à Libération. Avant d’être embauchée à la Fnac en 2003, elle avait multiplié les contrats courts comme hôtesse d’accueil dans l’enseigne culturelle ainsi qu’à la Société Générale. En parallèle, entre 2000 et 2006, elle avait aussi étudié les langues étrangères à l’université Paris-X-Nanterre, d’abord, puis la communication à l’Efet, une école privée de la capitale. Une représentante du personnel de la Fnac raconte à Libération : «Professionnellement, elle était touche à tout et avait du répondant. Une fois, elle est arrivée avec plein de petits gâteaux pour mon anniversaire…» La déléguée syndicale lui aussi rendu hommage sur Facebook : «Nous avons appris ce jour avec effroi et avec une peine immense que dans ce terrible attentat du Bataclan survenu hier soir notre collègue élue CFDT, Précilia Correia, a trouvé la mort avec son compagnon. Sans pouvoir nous y résoudre, nous perdons avec Précilia une collègue volontaire, une élue pugnace face à l’adversité, une amie sincère et généreuse… Face à l’horreur, nous garderons d’elle son sourire, son visage radieux, sa force de caractère et de vie, sa joie communicative, son humour parfois impertinent, son sens de la répartie, sa spontanéité… Précilia, quoi que l’on fasse, où que l’on soit, rien ne t’efface, on pense à toi…» (G.Si.)

Nicolas Classeau, 43 ans

Le directeur de l’IUT de Marne-La Vallée, Nicolas Classeau, est mort au Bataclan vendredi soir. L’université Paris Est Marne-La Vallée «en deuil» et «effondrée, indignée», l’a confirmé dimanche. Père de trois enfants, fan de rock et musicien amateur, Nicolas Classeau dirigeait l’IUT depuis deux ans. Sa compagne, également présente lors des attentats, est blessée et toujours hospitalisée. L’un de ses collègues lui a rendu hommage : «C’était quelqu’un de très impliqué dans la pédagogie, d’un grand dynamisme, c’était un collègue d’une grande gentillesse.» Le Bureau des étudiants (BDE) de l’IUT a, lui, salué «un homme exemplaire, bourré de sagesse et de gentillesse. Investi dans son travail, dévoué pour aider les étudiants en commençant par des aides personnalisées jusqu’au BDE pour lequel il était un actionnaire ultra-important. Il représentait l’espoir pour un tas d’étudiants pour lesquels il a su trouver une solution dans des situations scolaires et éducatives compliquées…» Sur Facebook, un autre collègue parle de Nicolas Classeau comme d’un «républicain, rempli d’idéaux, d’humour et d’autodérision. Je suis si triste ce soir, toi, Nico, qui est tombé sous les tirs des terroristes au Bataclan : ces lâches, ces personnes qui ne connaissent rien à l’islam, ces fascistes.» L’IUT de Marne-La Vallée compte une autre victime, Matthieu Giroud, maître de conférences en géographie. (I.H.)

Guillaume B. Decherf, 43 ans

Guillaume B. Decherf avait collaboré à "Libération" entre 1999 et 2003.

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Les Inrocks l’ont annoncé samedi en début de soirée : leur journaliste Guillaume Barreau-Decherf, qui signait Guillaume B. Decherf, est l’un des 89 morts du Bataclan. Né à Bar-le-Duc (Meuse) en 1972, Guillaume avait grandi dans l’Essonne, entre Morsang-sur-Orge et Viry-Châtillon. Passionné de culture anglo-saxonne et parfaitement bilingue, il avait étudié à Paris-12-Créteil et obtenu une maîtrise d’anglais, avant de réussir le difficile concours d’entrée à l’Ecole supérieure de journalisme (ESJ). De ses années de fac, une expérience le marquera particulièrement : son séjour à l’université anglaise de Loughborough, près de Leicester, dans le cadre du programme Erasmus. Il avait 20 ans. Sur le site Copains d’avant, il racontait : «Je me souviens surtout de la FM du campus où j’animais une émission metal 100% in english. Je passais des nuits à farfouiller dans leurs archives disques. Un vrai délice. Et, en pleine crise financière (la précédente), la livre ne valait rien, donc les CD et concerts non plus. La fête !» Entre 1999 et 2003, on retrouvera très souvent la signature de Guillaume B. Decherf dans nos colonnes. Début 2000, il est l’envoyé spécial de Libé à Chicago, où il rencontre un de ses groupes fétiches, The Smashing Pumpkins. Après avoir collaboré à Rolling Stone et au quotidien Metro, il est rédacteur en chef de Hard Rock Mag en 2005-2006, puis arrive en 2008 aux Inrocks. Il y suit l’actualité du hard rock et, en 2012, il coordonne un numéro spécial consacré au metal. Sa dernière chronique, parue le 28 octobre, était celle de Zipper Down, nouveau disque des Eagles of Death Metal, dont il annonçait le concert au Bataclan. Là où Guillaume Barreau-Decherf, père de deux filles, est mort à 43 ans, vendredi, sous les balles des terroristes. (F.-X. G.)

(Lire l’article qui lui est consacré dans son intégralité ici).

Alban Denuit, 32 ans

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Né à Marmande en 1983, Alban Denuit assistait au concert des Eagles of Death Metal avec sa copine vendredi. Ce plasticien enseignait les arts plastiques à l’université Bordeaux-Montaigne. En juillet, il avait obtenu son doctorat commencé en 2009 avec les félicitations du jury à l’unanimité. Lycéen à Notre-Dame-de-la-Compassion, il avait passé cinq ans à l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, dans l’atelier de Giuseppe Penone. Après son diplôme, il s’était installé à Bordeaux.

Jeune talent de la scène artistique émergente, Alban Denuit travaillait sur la sculpture et le volume. «Son travail découlait de sa thèse « Du canon artistique à la norme industrielle », témoigne-t-on à la Galerie Eponyme, qui l’exposait à Bordeaux. Il mettait en évidence des objets auxquels on ne fait pas attention, les objets les plus divers du quotidien.» Avec une quinzaine d’artistes, Alban Denuit avait son atelier dans l’association artistique la Réserve, espace mutualisé d’expérimentations artistiques. «C’était quelqu’un de charmant, de très souriant, relate un proche de la galerie bordelaise. Il était dynamique, aimait la musique, les arts plastiques et sortir avec ses amis.» (F.Rl)

Asta Diakité

Cette jeune femme est morte dans la fusillade de la rue Bichat. Elle était dans sa voiture et était sortie faire ses courses. «Au lendemain de cette nuit de terreur, je viens d’apprendre le décès de ma cousine Asta. Elle a donné sa vie pour sauver celle de son neveu qui était aussi dans la voiture…. Paix à son âme» écrit une cousine sur son compte Facebook. «Elle a donné sa vie pour sauver celle de son neveu qui était aussi dans la voiture…. Paix à son âme» écrit une cousine sur son compte Facebook. Elle était aussi la cousine du joueur de l’équipe de France de football Lassana Diarra, qui jouait sur la pelouse du Stade de France quand les explosions ont retenti. «Elle a été pour moi un repère, un soutien, une grande soeur», a témoigné le joueur de l’OM dans un message posté sur les réseaux sociaux.

#PrayForPeace pic.twitter.com/lsOpaSxN62

— Lass Diarra (@Lass_Officiel) 14 Novembre 2015

Un membre de l’ONG musulmane BarakaCity où elle militait a également posté un message sur le compte Facebook de l’association : Asta Diakité «était une lumière pour les personnes qui vivaient autour d’elle. Elle va laisser un grand vide.» (C.Bf.)

A lire aussi : Lassana Diarra, endeuillé mais debout

Manuel Dias, 63 ans

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Manuel Colaço Dias, 63 ans, est l’unique victime décédée aux abords du Stade de France vendredi. Il a été tué par le souffle quand l’un des trois kamikazes a actionné sa ceinture d’explosifs. Dans un texte adressé à Libération, ses enfants, Sophie, 33 ans, et Michael, 30 ans, le décrivent comme «un homme qui aimait les plaisirs simples, les moments passés avec sa famille, dans laquelle il était le sage, la personne aux bons conseils, aux paroles réconfortantes et à l’espoir constant».

Il était arrivé en France à 18 ans, avec ses parents, originaires de Mértola, dans la région rurale de l’Alentejo, au Portugal. La famille s’était installée à Reims. «Il avait commencé par travailler dans la sidérurgie à la PUM, précisent ses enfants, puis a développé des activités dans la restauration et la vente de prêt-à-porter.» Manuel Dias était ensuite devenu chauffeur, profession qu’il exercera pendant dix ans, jusqu’à sa retraite, en 2013. «Mais il a continué à travailler dans le transport de passagers, à mi-temps et par hobby, pour le lien humain qu’il représentait», soulignent Sophie et Michael.

Vendredi, il conduisait le minibus d’un groupe venu de Reims assister au match France-Allemagne. «Initialement il n’avait pas été assigné à ce voyage, mais les passagers, qui le connaissaient et l’appréciaient, avaient demandé à son employeur qu’il les accompagne jusqu’à Paris.» Manuel allait se restaurer quand il a été tué.

Ses enfants concluent : «Il avait choisi la France comme pays d’adoption, et en ressentait une énorme fierté. Il était fier aussi d’avoir pu offrir à ses enfants les grandes études et la qualité de vie que ses propres parents n’avait pas pu lui donner dans un Portugal soumis à la dictature.»

Manuel Dias était en outre très impliqué dans la vie associative portugaise de la région rémoise, en tant que membre de l’association Lusitania. Le Sporting Portugal, club de foot de Lisbonne, lui a rendu hommage dans un tweet.

Por Manuel Colaço Dias, um leão vítima do terrorismo em Paris. https://t.co/lkzEnpemq8 pic.twitter.com/znxcfkvzSr

— Sporting CP (@Sporting_CP) November 15, 2015

Et le Premier ministre de son pays d’origine, Pedro Passos Coelho, a adressé une lettre à sa famille pour présenter ses «plus sincères condoléances» et partager son «chagrin». (G. Si. et F.-X.G)

Roman Didier, 32 ans

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C’est dans une avalanche d’anecdotes joyeuses que les amis de Romain Didier peignent son portrait et lui rendent hommage. «Quand tu me faisais manger du crottin de chèvre à quatre heures de l’après-midi avec des bonbons», quand «tu me parlais espagnol alors que tu savais pertinemment que je détestais ça», quand «tu chantais des titres de rap américain francisés avec un naturel déconcertant qui provoquait l’hilarité autour de toi»… Et puis ses «baskets jaunes», et le coup du jet d’eau au mariage, et «Doudou le lapin» que Romain avait offert au bébé d’un couple d’amis. Tant de souvenirs, tous drôles, riants, à l’image du jeune homme de 32 ans qui était allé boire un coup entre potes avec sa petite amie Lamia, vendredi soir à la Belle Equipe.

Boire des coups, il savait faire – surtout les vins de Sancerre, son terroir, où il a grandi dans le village de Sury-en-Vaux. «Bon-vivant» est le premier mot venant à l’esprit de tous ceux qui l’ont connu. Servir les coups, il maîtrisait aussi : c’était son job, du Little Temple Bar à l’Eden Park Pub en passant par le Loulou Diner où il était passé responsable il y a quelques semaines, tous situés dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés. «C’était un garçon toujours drôle, vivant, généreux», se souvient une amie d’enfance. Pour Anel, une camarade de prépa médecine côtoyée à Tours, «Romain était impatient, intrépide et bavard, nerveux et amusant. Il était cette jeunesse qui semble tellement vous dresser le pelage, de celle qui sort, s’amuse, s’enivre avec des connaissances de toutes les origines, de pays variés, qui s’intéresse aux autres cultures et qui trinque volontiers à la santé de ses amis.» Et beau gosse, avec ça, nous dit Pierre : «C’était une boule de nerfs concentrée dans un physique de playboy. Aussi bon-vivant que Depardieu, mais avec 30 ans de moins et une gueule d’ange. J’en enviais presque l’arme de séduction massive que tu étais auprès des filles. Personne ne pouvait te résister, il suffisait de te parler juste une fois pour être conquis.» (C.Gé)

Elif Dogan, 26 ans

Elif Dogan, jeune Belge d’origine turque, a grandi dans la banlieue de Liège, où ses parents tenaient une épicerie turque, réputée car ouverte le dimanche. Ils l’ont revendue avant de repartir vivre en Turquie avec sa petite sœur. Elif est alors restée en Belgique. Formée en relations humaines, elle a travaillé à distance dans une société de conseil informatique belge et s’est installée à Paris il y a quelques mois. Après plusieurs séjours en Airbnb, elle a emménagé dans un appartement début octobre boulevard Jules-Ferry, près de République. Elle était à la terrasse de la pizzeria Casa Nostra, proche du Bataclan, lorsqu’elle a été tuée avec son compagnon Milko Jozic (lire ci-dessous), 47 ans. René, auteur culinaire bruxellois, qui l’avait rencontrée sur un salon de vin nature à Bruxelles, témoigne : «Epicurienne, amatrice de belles tables et de belles bouteilles, elle a commencé à s’intéresser au vin il y a quelques années et s’est passionnée pour les vins élevés en biodynamie. C’était une gourmande, une amoureuse de la vie, une fille qui ne laissait personne indifférent. Elle aimait parler, partager, apprendre, découvrir. Après Liège et ses tables, elle a fait celles de Bruxelles. Avec son compagnon, elle a choisi de vivre à Paris parce que c’est là qu’il faut être si l’on veut bien manger et que l’on n’a pas trop de sous. Elle devait commencer à travailler au Verre Volé [restaurant du Xe arrondissement, ndlr.] le lendemain de l’attentat. On correspondait souvent, elle me demandait des conseils sur des restaurants. Elle venait de m’acheter des livres. J’ai reçu son virement ce matin». (E.V.B.)

Fabrice Dubois, 46 ans

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Ses collègues l’appelaient «le géant vert». Fabrice Dubois, 46 ans, marié et père de deux enfants de 11 et 13 ans, second d’une fratrie de trois, mesurait un bon 2 mètres. Sa grande sœur Nathalie se souvient aussi du surnom «le gentil géant», sans doute car ce rédacteur concepteur à l’agence Publicis Conseil était «doux, timide, pas nerveux, un père incroyable, très famille». Il avait eu la chance de commencer sa carrière à l’agence BETC au moment de sa création, dans une ambiance très particulière, impulsée par l’un des fondateurs, Remi Babinet : «Il y avait une liberté incroyable, des personnalités très différentes que l’on laissait s’exprimer, et toute l’équipe était heureuse, très soudée», se souvient Pascale Gayraud, qui a travaillé plus de vingt ans en binôme avec Fabrice Dubois. «Fabrice était intelligent, et savait écrire, ce que beaucoup de rédacteurs ne savent plus faire.»Très curieux aussi, fan de cinéma (il avait fait de la figuration), de comics américains, de photo, et de voyages. Il avait, avec Pascale Gayraud, imaginé des pubs pour les chewing-gums Hollywood, Canal+ ou encore Renault (le spot Kangoo avec les Simpson, c’était eux). Fou de musique aux goûts éclectiques, il jouait de la guitare «pour se relaxer» dans sa maison des Yvelines et aimait se rendre dans des petites salles de concert. Y compris lorsqu’il rendait visite à sa grande sœur, à Los Angeles, l’entraînant alors au Viper Room. Le 13 novembre, il était dans la fosse du Bataclan, avec cinq amis, dont Pascale Gayraud, pour écouter les Eagles of Death Metal. (E.F.D.)

Thomas Duperron, 30 ans

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Thomas Duperron était originaire d’Alençon. Il avait 30 ans et était chargé de communication à la Maroquinerie (salle de concert du XXe arrondissement), vivait à Saint-Ouen. Il était au Bataclan vendredi soir, avec une amie. Sur sa page Facebook, on voit qu’il se rendait souvent à des concerts, postait des articles sur Star Wars… Juste avant de se rendre au concert, il avait posté le clip du morceau Complexity des Eagles of Death Metal avec la phrase «#ROCKNROLL TONITE !!!». Dimanche, en début d’après-midi, son frère Nicolas a annoncé sur la page Facebook qu’il avait créée pour le retrouver que le jeune homme n’a pas survécu à ses blessures et avait été trouvé à Clamart. (C.G.).

Germain Ferey, 36 ans

«U», c’est le titre de la dernière image postée par Germain Ferey sur sa page Facebook, vendredi à 10 heures du matin. Une image très graphique, comme ce photographe et réalisateur les aimait. Domitille Ferey confie à Libération: «Vendredi soir, la compagne de mon frère nous a envoyé des messages vers minuit pour nous dire qu’elle venait de s’échapper du Bataclan, que Germain lui avait dit de courir et qu’elle l’avait perdu dans sa fuite. Elle s’est retournée et il n’était plus là. Nous pensons que mon frère a eu ce réflexe pour que leur petite fille de 17 mois ne soit pas orpheline.» Né au Mans, et grandi à Vienne-en-Bessin, dans le Calvados, Germain Ferey avait 36 ans. Après des études de LEA et un emploi dans une banque à Caen, il avait pris une autre voie, celle de la réalisation audiovisuelle, soutenu par ses parents. «J’ai toujours été fan de ce que faisait mon frère, se souvient Domitille. De son humour, du regard qu’il posait sur le monde, de ses dessins très personnels, qu’il griffonnait çà et là avec une facilité déconcertante, ses courts-métrages, très complexes et poétiques et ses photos, pendant un moment très sombres mais très puissantes puis par la suite plus axées géométrie et architecture. Il aimait beaucoup la musique, avait des goûts assez éclectiques mais très axés rock, pop-rock, rock alternatif, etc. Mon frère était un perfectionniste à l’extrême. Il a filmé et monté des films avec des sourds, des acteurs handicapés.» Ouest-France a rappelé de son côté que Germain Ferey avait été correspondant au service sports de la rédaction de Caen entre 2001 et 2004, «où il collectait les résultats sportifs le dimanche soir». Le Normand vivait désormais à Paris, où il travaillait notamment pour le magazine en ligne du Jeu de Paume, pour lequel il était en train de réaliser l’interview du réalisateur philippin Lav Diaz. Le musée parisien déplore la perte d’un «précieux collaborateur». Un de ses copains le décrit à Libération comme «une personne profondément bonne, qui aime la vie, une personne pleine de talents, notamment pour la photo et pour les relations humaines. Une belle personne dont je ne peux parler au passé.» Vendredi soir, Germain et sa femme étaient allés écouter les Eagles of Death Metal en compagnie d’un autre couple. Son ami Antoine Mary, 34 ans, a également été tué, sa compagne blessée. Domitille assure : «Nous sommes profondément sidérés, choqués. Nous ressentons de l’injustice, une incommensurable tristesse. Mais les rires et l’innocence de sa fille seront précieux pour la suite. On va faire gagner la vie». (L.D) 

Romain Feuillade, 31 ans

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Romain Feuillade, né le 3 octobre 1984, a grandi à Gilly-sur-Isère, en Savoie, mais le jeune homme s’était installé à Paris pour exercer sa passion. «Il voulait devenir acteur» selon l’un de ses proches, qui témoigne pour Libération. Plusieurs vidéos le montrent sur scène sur YouTube, où il aimait s’épanouir. Il tenait par ailleurs un restaurant les Cent Kilos, rue de la Folie-Méricourt, avec un associé. Son ami poursuit : «C’était un garçon d’une profonde gentillesse, doté d’un puissant sens de l’humour. Souriant, généreux, humble, bienveillant. Un exemple d’homme, le meilleur. Un ami dévoué.» Romain était marié, «un mari parfait». Le jeune homme aimait aussi «le basket, et les belles assiettes». Vendredi soir, il était sur la terrasse du bar La Belle Equipe, rue de Charonne, lorsque les terroristes ont déversé leurs chargeurs. (G.K.)

Grégory Fosse

Programmateur musical chez D17, Grégory Fosse était âgé de 28 ans. Samedi, la direction du groupe a annoncé son décès ainsi : «C’est avec une infinie tristesse que nous avons appris aujourd’hui le décès de Grégory Fosse, programmateur musical à D17, présent hier soir au Bataclan. Nous connaissions tous sa gentillesse, son sourire inimitable et sa passion pour la musique, qui l’avait amené à nous rejoindre. Nous avons perdu un ami mais aussi un garçon de talent.» Un moment de recueillement a été respecté lundi dans les locaux de D17 «pour se souvenir de l’homme formidable qu’il était», a par ailleurs annoncé la direction de la chaîne. (T.B)

Véronique Geoffroy de Bourgies, 54 ans

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Véronique Geoffroy de Bourgies, l’épouse du photographe culinaire Stéphane de Bourgies, avait 54 ans. En 2004, elle avait créé l’association Zazakely Sambatra, pour venir en aide à des enfants malgaches. Elle a été tuée rue de Charonne vendredi. «C’est tellement absurde de flinguer quelqu’un qui s’occupait d’enfants», témoigne un proche de son mari. (Au.V. et E.V.B)

Matthieu Giroud, 38 ans

Matthieu Giroud était originaire de Jarrie, petite ville de l’Isère. Vendredi soir, il était au concert au Bataclan. Après une journée d’incertitude, l’information de son décès a été annoncée samedi soir à 23 heures à sa famille par les autorités, selon le Dauphiné libéré, dont son père est correspondant local. Toujours selon le quotidien, il était père d’un petit garçon de 3 ans, et son épouse est enceinte, la naissance étant prévue pour le mois de mars. Matthieu Giroud était maître de conférences en géographie à l’université Paris-Est-Marne-la-Vallée, membre du laboratoire Analyse comparée des pouvoirs au sein de l’établissement. Ses recherches se concentraient sur l’analyse de la ville. Il avait notamment coordonné la traduction de l’ouvrage du géographe radical britannique David Harvey, Paris capitale de la modernité. Pour Libération, il avait publié deux textes. L’un en 2011, sur la manière dont le festival les Eurockéennes faisait se métamorphoser le territoire de Belfort. En octobre 2012, c’était avec ses collègues Samuel Rufat et Hovig Ter Minassian qu’il décrivait «Les villes à l’heure du marketing industriel». Le 3 novembre, dans son dernier article pour le site Laviedesidees.fr, il écrivait : «Tant que la gentrification ne sera pas conçue comme une force ségrégative […], il n’y a que peu d’espoir de voir évoluer le rôle octroyé à la mixité sociale dans les politiques urbaines menées dans les quartiers centraux.» (C.G.)

Cédric Gomet, 30 ans

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Ses amis lui trouvaient une certaine ressemblance avec Ryan Gosling, en brun. Mais avec son bras droit intégralement tatoué, Cédric affichait surtout la couleur du rock, sa vraie passion quand il ne travaillait pas en régie pour la chaîne TV5 Monde, où l’avait détaché son employeur Ericsson. Titulaire d’un BTS, ce jeune Franc-Comtois était monté de Foucherans, dans le Jura, pour travailler dans l’audiovisuel. Mais il avait fondé il y a huit ans avec des amis un groupe d’électro-rock baptisé First All The Machines, dont il était le guitariste. Venu voir Eagles of Death Metal en fan au Bataclan, il est touché au visage lorsque les balles pleuvent subitement, mais parvient à sortir de la fosse, selon le témoignage d’un proche, qui était avec lui, cité par l’Est Républicain. Il succombera à ses blessures. Depuis vendredi soir, ses parents et ses proches remuaient ciel et terre pour le retrouver. C’est un ami de Cédric qui les a prévenus de son décès dimanche après-midi. Lundi, ses collègues de travail et ses amis, lui ont rendu hommage sur les réseaux sociaux, à l’antenne, et lors d’une minute de silence à TV5 Monde où le portrait souriant et tatoué de «Ryan» était partout.

La minute de silence à #TV5monde qui pleure aussi Cédric, tombé au Bataclan pic.twitter.com/IWv3qU612v

— Vaillant Frantz (@VaillantFrantz) 16 Novembre 2015

Sur la page Facebook des «Caves», le département de musiques actuelles de Dole, dans le Jura, où il avait appris la guitare, on peut lire ce message: «Il aimait la musique, il est allé voir un concert au Bataclan et des dingues illuminés l’ont tué, comme ça, pour rien. Noire est notre colère et notre chagrin.» (J.-C.F.)

Pierre-Yves Guyomard, 43 ans

Il arbore un sourire amusé en regardant la pluie de petits coeurs en papier, roses, blancs, rouges, parme, fuchsia, virevolter au-dessus de lui et de son épouse, Anne (lire ci-dessus), parée de dentelle blanche. Sur le cliché, pris au sortir de la mairie de Saint-Germain-Laye, en mai 2013, Pierre-Yves Guyomard est un jeune marié à l’air heureux. Deux ans et demi plus tard, à l’âge de 43 ans, cet ingénieur du son a été tué lors d’un banal concert, au Bataclan. Professeur de sonorisation à l’Institut supérieur des techniques du son (ISTS), ce quadragénaire à l’air jovial était «plein de vie et d’espérance», selon le maire de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), où il vivait. Sur Facebook, l’un de ses collègues, Jean-Yves Leloup, évoque un professeur «apprécié par ses étudiants». «Il avait réussi à me faire aimer la sonorisation», confirme Theo, un de ses anciens élèves. Pierre-Yves Guyomard avait su «transmettre avec passion et humour sa passion et son enseignement», témoigne encore Louis, un autre étudiant de l’école, sur le réseau social. Le musicien Sophren, lui, évoque un «ingénieur du son brillant, d’une grande modestie et d’une extrême gentillesse». (K.H.-G.)

Olivier Hauducoeur, 44 ans

Il travaillait pour une banque et aimait les concerts de rock. Olivier Hauducoeur, 44 ans, a perdu la vie vendredi au Bataclan. Originaire de l’Essonne, il avait été au collège à Crosne et au lycée à Montgeron, puis avait fait maths sup au lycée Saint-Louis, à Paris, avant d’intégrer l’Ecole nationale supérieure d’ingénieurs de Caen. Depuis 2006, il travaillait pour la BNP, d’abord pour Cetelem puis, plus récemment, pour la filiale Arval, qui propose de la location automobile de longue durée. Sur sa page Copains d’avant, qu’il n’avait plus actualisée depuis au moins cinq ans, Olivier Hauducoeur avait mentionné parmi ses loisirs le sport, en particulier le badminton, et la lecture, surtout de romans policiers ou de science-fiction. Il aimait le rock, mais aussi la variété, et grattait lui-même sa guitare. Olivier Hauducoeur appréciait aussi les voyages : il avait exploré toute l’Europe du Sud, le Royaume-Uni, la Tunisie, et les Etats-Unis. Olivier Hauducoeur laisse derrière lui une épouse et deux enfants. (K.H.-G.)

Frédéric Henninot, 45 ans

Frédéric Henninot avait l’habitude de la scène. Comédien amateur dans une troupe de comédie musicale, il faisait cette fois partie du public, vendredi au Bataclan. A 45 ans, ce père de deux enfants assistait au concert des Eagles of Death Metal avec sa compagne, qui s’en est elle sortie, avec des blessures. «Tout le monde est sous le choc, c’est l’effroi. Je le connaissais bien. C’était un garçon très gentil. Il n’a pas mérité ça !» a témoigné une de ses collègues auprès du Parisien. Il y a près de dix ans, ce brun aux yeux bleu-gris avait rejoint le pôle relations extérieures, à Cergy, de la Banque de France, où il a travaillé seize ans. (K.H-G)

Raphaël Hilz, 28 ans

Vendredi, Raphaël Hilz était allé dîner au Petit Cambodge avec deux collègues. Le jeune Allemand a été tué de plusieurs balles dans le dos, et ses amis, un Mexicain et un Irlandais, ont été blessés. Né à Munich, Raphaël Hilz avait grandi dans la station alpestre de Garmisch-Partenkirchen, où son père était pédiatre, d’après le quotidien bavarois Abendzeitung. Il avait aussi des attaches dans le Val Di Non, une vallée germanophone du Haut-Adige (Alpes italiennes) d’où est originaire sa mère, Rosa Ungerer. Il avait étudié à la TUM, la faculté d’architecture de Munich, et en 2014, son travail de fin d’études, intitulé «Prototype d’école pour la Zambie», élaboré avec sept autres étudiants, avait été distingué par un prix. Le projet est détaillé sur le site de la TUM : il s’agissait de concevoir un groupe scolaire pour 200 élèves dans un quartier de Lusaka, en utilisant uniquement des matériaux disponibles sur place. La deuxième phase consistait à construire l’école en briques d’argile. Une photo provenant de Facebook, largement diffusée par les médias allemands ces derniers jours, montre Raphaël en plein travail sur le chantier en Zambie. Selon son oncle Artur Ungerer, Raphaël Hilz avait intégré il y a six mois le bureau parisien d’un des studios d’architecture les plus réputés d’Europe : celui de l’Italien Renzo Piano, le père du Centre Pompidou. (F-X.G)

Mathieu Hoche, 37 ans

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Ce chef opérateur de France 24 était au Bataclan vendredi soir. Il vivait à Montreuil et avait un petit garçon de 6 ans. «On travaillait ensemble à France 24, ça faisait plus de cinq ans qu’il était là, explique à Libération son ami Gérôme Vassilacos, réalisateur à France 24. C’est un collègue et un ami. Il venait environ deux fois par semaine, car il bossait aussi très régulièrement pour d’autres chaînes et boîtes de production, dont i-Télé et Arte. Il était d’ailleurs sur un portrait de Belmondo en ce moment. Il avait un très bon œil. Ses interviews avaient une belle lumière et l’image était toujours léchée. On m’a dit qu’il avait fini le boulot à 21 heures et qu’il était allé directement au concert, au Bataclan. Il a dû arriver juste avant le drame. C’était vraiment la personne que j’appréciais le plus ici. Il était content de bosser, content de nous voir, et notre journée était cool grâce à lui. Il n’y avait jamais de conflit avec Mathieu. Il était amusant, avec un côté un peu taquin et toujours le mot léger. C’était un bon vivant, simple et très convivial, qui aimait sortir, voir des amis, et allait toujours à des concerts à droite à gauche. On se voyait en dehors du boulot, on allait boire des coups. J’aurais voulu le voir plus.» (G.S.)

Djamila Houd, 41 ans

Mère d’une fillette de 8 ans, «aussi belle qu’elle», Djamila Houd a été tuée vendredi soir à la terrasse du café La Belle Equipe, où elle buvait un verre avec des amis. Elle avait 41 ans, et travaillait dans une grande maison de prêt-à-porter parisienne. Originaire de Dreux, «elle était un vrai modèle pour nous. On se reconnaissait en elle», ont dit dimanche à La République du Centre des proches venus rendre hommage à la femme qu’elle était, dans la rue où habite encore sa famille, et où Djamila, qui n’a jamais renié ses origines, repassait souvent. Toujours avec le sourire. Ses amis décrivent une femme heureuse, douée, symbole de la capacité de réussite qui anime parfois les enfants de réfugiés harkis. Et surtout une femme libre. «Libre de vivre comme elle l’entendait. Libre de s’asseoir à la table d’un café à Paris avec des amis. C’est cette liberté-là qu’ils ont voulu tuer. Ces fanatiques détestent la liberté, détestent ce qu’incarnait Djamila.»(T.B)

Pierre Innocenti, 40 ans

Pierre Innocenti était à la tête de Chez Livio, un établissement très connu de Neuilly-sur-Seine (92), fondé en 1964, qu’il avait repris comme son père et avant lui son grand-père. «C’était un beau gosse brillant, intelligent, passionné par la bonne bouffe, qui cherchait les meilleurs produits pour ses pizzas, raconte un proche. Avec son associé Stéphane Albertini [lire ci-dessous, ndlr], ils étaient en train de faire un super resto.» «Il était charismatique, drôle, et brillant. C’était un amoureux des sports extrêmes, surtout de surf et de freefly. Sa joie de vivre et son goût de l’aventure l’ont mené dans le monde entier. Il avait des amis partout», raconte une amie. Quelques minutes avant l’attaque, il a posté sur Facebook une photo de l’entrée de la salle de concert avec le statut : «Rock !»

Stéphane Albertini

Ce restaurateur était l’associé et ami de Pierre Innocenti au restaurant Chez Livio, à Neuilly-sur-Seine. Comme celui-ci, il a été tué au Bataclan. Ils étaient proches du gardien de but du Paris Saint-Germain, Salvatore Sirigu. Les joueurs du PSG ont leurs habitudes Chez Livio, où ils organisent souvent des dîners communs. «Stéphane était drôle et subtil, toujours souriant, toujours partant. Il faisait rire tout le monde. Il était très apprécié, c’était quelqu’un d’incontournable. Chez Livio, il était le troisième mousquetaire», dit de lui une proche. (E.V.B.)

Amine Ibnolmobarak, 29 ans

victime

Photo Pierre Seron

Amine Ibnolmobarak, 29 ans, architecte, a été tué vendredi au Carillon. Son épouse, Maya Nemeta, a été grièvement blessée à la jambe. Marc Armengaud a été son professeur à l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Paris-Malaquais et son employeur : «Amine avait, et c’est rare, une véritable foi en l’architecture. Après être allé au lycée français de Rabat, il avait été envoyé par ses parents à Bordeaux faire médecine. Mais il est parti s’inscrire en douce à Paris, en archi, où on l’a tout de suite repéré. Il était engagé, intellectuel, créatif.» Amine obtient son diplôme, il y a quatre ans, avec un projet de fin d’études sur une exploration des flux du pèlerinage de La Mecque. Marc Armengaud l’embauche dans son agence AWP. Le fait plancher sur l’espace public à La Défense et un projet d’écoquartier à Lausanne. Benjamin Aubry était un ami proche d’Amine : «C’était quelqu’un de très entreprenant et de passionné. Il venait de monter son agence avec Maya. Il y avait chez lui une force que je retrouve chez peu de personnes. Le voir me donnait de l’énergie, il était tout le temps dans l’élan. Je disais à mes amis : il faut que je vous présente Amine. Ce samedi, on devait aller à l’exposition à laquelle Amine a contribué à la galerie du Crous à Paris, sur des projets d’architecture dans des métropoles du Sud. Amine, c’était un très beau garçon, sportif, brillant, élégant. Il m’impressionnait par son charisme et l’attention qu’il portait aux gens.» (O.M. et C.Ma)

Marion Jouanneau, 24 ans

Photo DR

«Marion est morte» : c’est par ce tweet que son compagnon Loïc (@zislauk) a annoncé la nouvelle lundi après-midi, après trois jours d’une terrible attente pour toute la famille et les proches de Marion Jouanneau qui s’étaient mobilisés dans l’espoir de la retrouver vivante. Originaire de Chartres, en Eure-et-Loir, cette belle jeune femme de 24 ans aux cheveux argentés était venue spécialement à Paris avec son petit-ami pour le concert des Eagles of Death Metal, dont elle était fan. «Ils avaient pris leurs billets et on devait se retrouver après le concert dans le quartier», raconte sa petite sœur, Sophie. Marion et Loïc étaient en première ligne dans la fosse du Bataclan, quand la fusillade a éclaté. Touchée par une rafale, elle tombe inconsciente et Loïc est séparé d’elle dans la bousculade et l’effroi. «Je la voyais inconsciente à quelques mètres de moi, mais je ne pouvais pas bouger. J’attendais de pouvoir lui porter secours…c’était horrible, insoutenable de la voir ainsi, avec cette attente, cette boucherie partout autour de moi…» raconte le jeune homme, toujours sous le choc. Rescapé de la tuerie mais séparé de Marion au moment de la prise en charge par les secours, il la cherchait depuis partout dans les hôpitaux, lançant des appels sur Facebook et Twitter avec d’autres membres de la famille de Marion : Sophie, son oncle et ses cousins, sillonnant Paris avec des pancartes… Mais Marion, qui a succombé à ses blessures, faisait partie des victimes en cours d’identification.

Marion aimait son copain, ses amis et les chats, et voyait la vie comme un pur moment de rock’n’roll. «C’était ma grande sœur d’un an. Elle était toujours dynamique, souriante et surtout très généreuse», témoigne Sophie. «Elle adorait la musique, le dessin et, comme moi, les jeux vidéo.» Marion travaillait depuis quelques temps dans un cabinet d’expertise judiciaire à Chartres. Pleine de projets, elle voulait reprendre ses études, partir à New York. Son amoureux, Loïc, qui a reçu plusieurs milliers de messages de soutien, a écrit sur Twitter «je l’ai vu mourir mais je ne voulais pas y croire» et plus loin «je n’ai jamais imaginé vivre sans elle». Mais il a trouvé la force d’encourager ceux qui n’ont pas encore retrouvé leurs proches à garder espoir. (J.-C.F.)

Milko Jozic, 47 ans

Ingénieur industriel, le compagnon d’Elif Dogan, également tuée lors de l’attentat (lire ci-dessus), était connu à Liège où il fut pendant une vingtaine d’années barman d’un troquet réputé. Il travaillait comme consultant, et avait noué un contrat avec une société installée en Chine dans le secteur de la sidérurgie. Il s’y rendait régulièrement et devait prendre un vol le lendemain de la tuerie. Il était papa d’une jeune fille d’une vingtaine d’années. (E.V.B.)

Hyacinthe Koma, 34 ans

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Hyacinthe Koma avait étudié au lycée Montaigne et était originaire du Burkina Faso. Il travaillait Aux Chics types comme serveur depuis l’ouverture du restaurant, avenue Laumière, dans le XIXe arrondissement. «C’était un fan de football ; il portait toujours un tee-shirt du PSG», raconte Jamel, un voisin travaillant dans la restauration lui aussi, qui passait souvent par là pour boire un verre. Jamel avait vu Hyacinthe jeudi soir pour la dernière fois et il ne s’était pas arrêté, trop fatigué. Il poursuit : «L’équipe de ce restaurant était très sympathique ; c’était des bons vivants. Le soir des attentats, ils étaient partis fêter un anniversaire à la Belle Equipe, un autre bistrot appartenant au patron des Chics types.» Ce soir-là, Hyacinthe Koma avait quitté le service pour rejoindre ses amis à la Belle Equipe, dont Halima Saadi (lire ci-dessus). Au café d’en face, on se souvient de lui comme d’un «garçon charmant». Au Soyouz, sur la Butte aux Cailles, la barmaid Nadine Gomis raconte que «Hyacinthe passait souvent au bistrot boire une petite bière, pas forcément les soirs du match du Paris-SG. Il avait un super sourire à chaque fois, je n’avais qu’une envie, papoter avec lui. Il aimait bien le design, il avait envie de monter sa petite entreprise. Hyper gentil, hyper respectueux, on parlait souvent de la tension qui entoure le métier de barmaid pour une femme. On parlait de nos origines africaines, il me prenait pour une fille des Antilles, il a halluciné quand je lui ai dit que ma famille venait du Sénégal. Il me taquinait sur mon nom de famille, prétendant que j’étais la sœur d’un footballeur [Bafétimbi Gomis, ancien de Lyon aujourd’hui à Swansea, ndlr] et que ça devait être cool. Il adorait faire la fête avec ses amis proches, il parlait d’eux avec une grande tendresse.» (C.M.)

Guillaume Le Dramp, 33 ans

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Guillaume Le Dramp était originaire de Cherbourg. Il a fait ses études de LEA à Caen avant d’aller travailler à Parme, puis à Paris en tant que barman, nous explique l’un de ses amis, Nicolas, qui ajoute que «ses blagues, son humour et sa gentillesse le caractérisent». Il avait fêté ses 33 ans à la Belle Equipe, où il a trouvé la mort vendredi. (C.G. et J.L.)

Renaud Le Guen, 29 ans

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Renaud Le Guen est décédé à 29 ans suite à l’attaque du Bataclan. Sa compagne, Floriane, qui l’accompagnait vendredi au concert des Eagles of Death Metal, a trouvé le courage de témoigner à Libération : «On était cinq au Bataclan, Renaud, moi, ses frères Eliott et Axel, et la copine d’Axel [les quatre ont survécu, ndlr]. On était dans la fosse. Il s’est un peu éloigné, moi je suis restée sur le côté. Quand ça s’est produit je l’ai perdu de vue… Renaud était quelqu’un de très cultivé et doux. Tout le monde l’aimait. C’était un mec bien. Il aimait le jazz, le rock, la photo, être avec sa famille et ses amis. Il travaillait dans un garage pour véhicule poids lourds près de la gare d’Evry-Courcouronnes (Essonne). On habitait pas loin, à Savigny-sur-Orge où il a grandi, dans un appartement qu’on avait acheté il y a quatre ans. J’ai partagé sa vie pendant douze ans. Il en avait dix-sept lorsqu’on s’est connu. On allait se marier l’année prochaine…» (G. Si)

Christophe Lellouche, 33 ans

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Christophe Lellouche, 33 ans, a perdu la vie vendredi soir au Bataclan. «Je l’ai connu il y a trois ans sur Twitter, et j’ai annoncé son décès trois ans plus tard sur Twitter. Samedi dans l’après-midi. Putain, la vie est injuste», explose en pleurs Alexandra, sa petite amie. «Christophe, c’était un garçon talentueux, qui venait terminer un CDD. Il faisait de la com pour Peugeot et rêvait de faire un job où il se serait senti utile. Il aidait déjà l’association Les Sans A.»

Selon Alexandra, «il était beau, charismatique, toujours le mot pour vanner». Son ami Florian décrit lui aussi «un très beau garçon, avec des cheveux bruns frisés, des yeux bleus, une petite barbe». Fan de musique, Christophe Lellouche s’était réjoui sur sa page Facebook d’aller au Bataclan écouter les Eagles of Death Metal. Fan d’électro-rock et de Metallica, il avait fondé avec trois amis le groupe Øliver, dont il était le compositeur et le guitariste. Le groupe avait enregistré cinq titres, dont Pom Pom. «Moi, je l’ai connu par le foot. Il était l’un des cofondateurs de Horsjeu, un site satirique sur le foot, décalé, mauvais esprit. De mon côté, j’avais un blog sur le foot. On est entrés en contact, nous, les deux fans de l’OM. J’avais repéré son humour, sa passion pour la déconne. Quand j’ai rencontré Christophe, qui trashait pas mal de monde sur Twitter, j’ai été surpris : ce mec, c’était une crème. Très doux. Très à l’écoute», raconte Florian.

Dans la vie de Christophe, il y avait aussi des parents : «Il était très attaché à eux, toujours prêt à leur rendre service», insiste Alexandra. Et puis, il y avait «nos deux chats qu’il adorait. Et Saïd, qu’il considérait comme son frère». L’ami Saïd, Christophe l’avait rencontré lorsqu’il étudiant dans une école de radio — Studec. «Ils étaient très proches. Saïd, qui a subi une greffe de rein, avait un traitement très lourd. Il a parfois songé à en finir. Il dit que c’est Christophe qui lui a donné la force de tenir.» (C.Ma.)

 

Marie Lausch et Mathias Dymarski, 23 et 22 ans

victime

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Marie Lausch était une jolie blonde au visage d’enfant, passionnée de danse. Son petit ami, Mathias Dymarski, préférait le BMX et la bière. Sur Facebook, les photos du jeune couple débordent de joie de vivre et de tendresse : Marie trop contente de son brunch londonien à l’Oblix, Mathias posant tout fier en haut de la rampe d’un skate park. Des gamins de leur âge, en somme, heureux et fiers. Marie venait de fêter ses 23 ans. Mathias en avait 22. En couple depuis le lycée, à Metz, ils venaient de s’installer à Paris, où la jeune femme avait décroché un stage en relations publiques internationales chez Coty, la marque de cosmétiques. Diplômé d’une école d’ingénieur, Mathias venait, lui, de signer pour un job de chef de projet chez Gagnereau Constructions, dans le XVIe. Depuis, Mathias et Marie profitaient de la vie, en s’amusant et en faisant la fête. «Elle était toujours joyeuse, positive. Il y a encore deux ou trois jours, elle avait envoyé un texto plein de smileys à ma mère», a dit de Marie un membre de sa famille, interrogé par le Républicain lorrain. «Ils respiraient la joie de vivre. C’est l’expression qui les résume le mieux.» Vendredi, Marie et Mathias se sont rendus au concert des Eagles of Death Metal avec un couple d’amis, à qui ils avaient offert des places, pour fêter un anniversaire. Ils les ont perdus au moment de la cohue, quand les gens ont commencé à fuir. (T.B.)

Cécile Misse, 32 ans

Cécile Misse travaillait en tant que chargée de production au théâtre Jean-Vilar de Suresnes, dans les Hauts-de-Seine, depuis six ans. Originaire de Gap, où son père est greffier du tribunal de commerce, Cécile Misse est morte vendredi au Bataclan avec son compagnon, le musicien chilien Luis Felipe Zschoche (lire ci-dessous). Sébastien Banse, l’un de ses proches, a écrit un hommage à son amie, publié sur le site du Journal de Saint-Denis. Il dit à propos de leur rencontre il y a quelques années : «Elle habitait dans le XVe arrondissement, un minuscule studio au rez-de-chaussée d’une rue parfaitement déserte. Pour être moins à l’étroit, on décida d’annexer la voie publique au périmètre des festivités, et bientôt on trinquait des deux côtés de la fenêtre. Elle savait s’amuser, et rire, et partager. On revint souvent. Un jour, une guitare fit son apparition dans l’appartement. La guitare allait avec Luis, qui était musicien, chilien, et naturellement sympathique. Cécile était amoureuse, on trinqua joyeusement. C’était le bon temps, dont on pensait qu’il ne finirait pas.» Ses collègues du théâtre Jean-Vilar ont témoigné dans le Parisien : «Mobilisée aux côtés des artistes, Cécile était particulièrement concernée par les arts et la culture, les droits de l’homme, l’action sociale, l’aide humanitaire et les secours en cas de catastrophes.» (M.O.)

Cédric Mauduit, 41 ans

«Il se faisait une joie de partager ce concert avec ses cinq amis, il est devenu la cible d’un terrorisme aveugle.» Samedi, le conseil départemental du Calvados a été parmi les premiers à rendre hommage à Cédric Mauduit, 41 ans, mort dans l’attentat du Bataclan. Il y travaillait comme directeur de la modernisation. «Nous perdons, en ce jour, un de nos meilleurs collaborateurs. Tous ceux qui ont eu la chance de travailler avec Cédric Mauduit, ont pu apprécier ses compétences comme ses qualités humaines.» Plusieurs rassemblements ont eu lieu dans le département dimanche pour honorer sa mémoire. L’un sur l’esplanade du Mémorial de Caen, la ville où il travaillait, et à Rouxeville, dans la Manche, d’où il était originaire.

«C’était quelqu’un de brillant, qui avait réussi le concours d’entrée à Sciences Po. Tout a toujours bien fonctionné pour lui», raconte sa mère à Libération. «La musique était très très importante pour lui. Il est mort dans ce qu’il aimait.» Cédric était aussi membre du comité de soutien de la campagne d’Hervé Morin, tête de liste UDI-Les Républicains aux prochaines élections régionales en Normandie. Il laisse derrière lui une fille de 3 ans et un fils de 7 ans. «Il a habité plusieurs années sur Paris. Mais après l’attaque de Charlie Hebdo en janvier, il a trouvé du travail à Caen et déménagé à Lion-sur-Mer (Calvados) pour avoir une vie paisible, se souvient la mère de Cédric. Il voulait échapper aux attentats.»

Dimanche, le frère de Cédric a lancé un appel sur Facebook pour faire venir les Rolling Stones et David Bowie à son enterrement : «C’était le plus grand fan des Rolling Stones et de David Bowie que j’ai connu […] Cette idée peut paraître folle mais c’est le moins que je puisse faire pour mon frère aimé.» (G.Si.)

Yannick Minvielle, 39 ans

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Originaire de Saône-et-Loire, Yannick Minvielle aurait eu 40 ans le 8 janvier prochain. Il était directeur de création dans la publicité au sein du groupe Publicis. Passionné de musique, il chantait dans le groupe They Make Money so Why Don’t We. C’est cet amour du rock qui l’a mené au Bataclan, où il est mort, vendredi soir. 

Sa famille et ses proches nous ont fait parvenir un texte évoquant Yannick : «C’était avant tout un amoureux de la vie qui aimait boire, manger, chanter, hurler et rire. Sa personnalité était solaire, son envie de vivre et d’aimer inépuisable. Yannick était un père tendre et attentionné pour son fils, Misha, avec qui il aimait partir camper aux quatre coins de la France. Ses proches veulent se rappeler sa chaleur, sa gentillesse, ses divers talents, son amour des bonnes choses, son humour et surtout sa joie de vivre inébranlable.» De nombreux témoignages ont abondé sur les réseaux sociaux pour honorer la mémoire de Yannick Minvielle. L’écrivain Hafid Aggoune a publié un texte sur Facebook dédié à son ami : «Je n’oublierai pas nos années à livrer des pizzas quand on était étudiants, à Lyon, rue Chevreul, dans le froid, avec nos trois pulls, nos écharpes et nos gants, nos dérapages en mobylettes, notre solidarité, nos fiestas, nos rires à la plonge et tout le reste. Je n’oublierai pas que tu es venu voir ma chérie au théâtre et nos retrouvailles. Je ne t’oublierai pas. Continue de rire et t’amuser, aime de là où tu es. Nous, on ne va pas s’arrêter d’aimer, de lire, de voyager, d’enseigner, d’écrire, jouer, déconner, sourire, pleurer, jouir, créér, sortir, dessiner et défendre la vie et la liberté de croire et de ne pas croire, le désir infatigable d’être aux mondes. Pensées à ta famille, tes amis et collègues.» (M.O.)

Lamia Mondeguer, 30 ans

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Passionnée de cinéma et diplômée de l’Ecole supérieure d’études cinématographiques (Esec), Lamia était responsable du pôle comédiens au sein de l’agence artistique Noma Talents. Elle était à la Belle Equipe vendredi soir pour fêter un anniversaire avec son petit ami, Romain Didier, et un groupe de copains. Lamia était là, chez elle, à 300 mètres de la maison qui l’a vue grandir entre Nadia, sa mère égyptienne, Jean-François, son père breton, son grand frère Gwendal et son petit frère Yohann. Le XIe arrondissement est «comme un village» qu’elle n’a jamais quitté, raconte à Libération son amie de toujours, Marina. Sur une vieille photo de classe republiée ce week-end sur Facebook, Lamia et Marina «les inséparables» posent fièrement parmi leurs petits camarades «de toutes les couleurs. Il y avait presque autant de nationalités que d’élèves, avec des religions différentes et des cultures diverses. On était tous potes. C’était l’âge d’or, quand il était si simple de vivre ensemble».

Lamia s’est toujours intéressée au monde — participant par exemple au projet 6 Milliards d’autres de Yann Arthur Bertrand au Grand Palais — et s’est investie dans de nombreuses causes. Elle avait le contact facile, une qualité précieuse dans son métier… et partout ailleurs. C’est simple, dit Marina : elle était appréciée par tout le monde et dans tous les milieux qu’elle fréquentait. «Il y a quantité de gens qui la connaissaient bien et qui l’aimaient. C’était quelqu’un de très doux, parfois fragile, mais surtout solaire, drôle, joyeuse.» (C. Gé.)

Victor Muñoz, 25 ans

Né à Barcelone, Victor Muñoz parlait couramment plusieurs langues. Il aimait voyager, si l’on en croit son profil Linkedin, et avait passé près de la moitié de sa vie en Espagne, avant de rejoindre la France. Il avait également passé une année à Prague. Vendredi soir, il buvait un verre à la Belle Equipe, dans le XIe arrondissement, où ses deux parents sont militants socialistes, quand les terroristes ont fait irruption. Selon le JDD, Victor Muñoz n’avait que 13 ans quand il a créé son premier site web, consacré à la poésie. Il avait récemment été diplômé d’un master spécialisé en «digital business» de l’ESG Management School, et réalisait un stage dans une start-up. (K.H.-G.)

Hélène Muyal, 35 ans

victime

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Hélène Muyal a été touchée au Bataclan. Parisienne, elle avait grandi dans le 15ème arrondissement. Elle a arrêté sa scolarité assez jeune, et travaillé tôt. Maquilleuse, elle travaillait sur des shootings de mode, ou des séances de photo pour des artistes. Elle était mère d’un petit garçon de 17 mois, Melvil. Sur son compte Facebook, son compagnon, Antoine Leiris a publié un long texte. Il écrit notamment: «Alors non je ne vous ferai pas ce cadeau de vous haïr. Vous l’avez bien cherché pourtant mais répondre à la haine par la colère ce serait céder à la même ignorance qui a fait de vous ce que vous êtes. Vous voulez que j’ai peur, que je regarde mes concitoyens avec un œil méfiant, que je sacrifie ma liberté pour la sécurité.». Il ajoute: «Nous sommes deux, mon fils et moi, mais nous sommes plus fort que toutes les armées du monde» (C.G.)

Bertrand Navarret, 37 ans

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Enfant du Sud-Ouest, natif de Tarbes, Bertrand Navarret, 37 ans, vivait à Cap Breton. Il aimait la vie, la fête, la glisse et le rock’n’roll. Ce vendredi il était monté à Paris avec des potes pour passer quelques jours dans la capitale et assister au concert des Eagles of Death Metal. Il est parmi les premiers à être tombé sous les balles lorsque les terroristes ont fait irruption au Bataclan, alors que ses amis ont réussi à se réfugier sur le toit de la salle. «Bertrand était quelqu’un de formidable, sympathique et chaleureux, jovial et bourru à la fois, et toujours très drôle en toutes circonstances», témoigne l’une de ses amies, Aurélie, qui l’a côtoyé pendant trois ans à l’école de notariat de Toulouse. Fils et neveu de notaire, Bertrand avait commencé par suivre la voie familiale, l’étude de son père étant bien connue dans la région de Tarbes. Après la fac de droit à Pau, il avait validé sa formation de notaire et brièvement exercé dans le Sud-Ouest. Mais il était rapidement sorti de cette voie toute tracée. Parti vivre au Canada, il y avait appris le métier de charpentier à mille lieues des transactions immobilières et des successions à régler. Mais outre le travail du bois et de la construction, sa vraie passion était la glisse, la culture du ride et la musique qui va avec les vagues. Il était donc revenu s’installer et exercer son nouveau métier de charpentier à Cap Breton, où il vivait heureux, dans son élément. La communauté de surfeurs locaux avait immédiatement adopté «Béber», comme ses amis le surnommaient affectueusement.(J.-C.F.)

Manuel Perez, 40 ans

Sa grande sœur Maria a accepté de témoigner. «Je suis dans le taxi, avec ma sœur et mes parents, on rentre de Grenade. Nos parents sont des immigrés espagnols, retraités maintenant. Ils vivent la moitié de l’année à Grenade, l’autre à Paris. Malheureusement ils étaient là-bas quand il est mort. On a fait le voyage avec ma sœur pour leur dire. Ils savaient que mon frère habite près du Bataclan, qu’il aime la musique, ils se faisaient du souci. Ils appelaient chez lui et il ne répondait pas. Ma mère devenait folle. Avec ma sœur, on a appris samedi après-midi. On l’avait cherché partout samedi matin. Sur son Facebook, il a posté une vidéo du concert, on voyait qu’il était au fond de la salle. Ça m’a fait une frayeur. Tous ces indices qui faisait penser qu’il pouvait être tué. C’est finalement la cousine germaine de sa copine Précilia [également décédée lors de la tuerie, ndlr] qui l’a localisé à la morgue et nous a prévenues. C’est un Parisien né dans le IXe, Paris forever, même si ses racines andalouses sont très fortes. Il avait la double nationalité, comme moi et ma sœur. On a dix et huit ans de plus que lui, c’était le petit dernier. Même s’il avait 40 ans. Ce n’est pas un âge pour mourir. Il a toujours bossé dans des maisons de disque. Dernièrement, il était chez Universal, à la division Barclay. Il était chef de projet, avait bossé avec Polnareff, en parlait tout le temps. L’an dernier, il s’est séparé de la mère de ses enfants et a été viré de chez Barclay. Il s’est retrouvé sans boulot mais a réussi à rebondir en devenant agent immobilier. Tout ce qu’il voulait c’était s’occuper de ses filles Émilie, 10 ans et Alice, 7 ans. C’était un papa poule enroulé autour d’elles. Il avait une bande de potes inimaginable, c’est fou le nombre de gens qui nous appellent pour nous dire à quel point ils sont désolés. On l’a vu à l’institut médico-légal dimanche avec ma sœur. La mère de Précilia était là aussi, elle ne nous connaissait pas, mais elle a deviné que j’étais sa sœur parce qu’on se ressemble. A l’accueil, ils ont été très bien. Une dame m’a dit qu’il était très beau. C’est vrai qu’il est vachement beau. Elle m’a dit aussi qu’on voit sur son visage qu’il est mort tranquille. On espère qu’il n’a rien vu venir, qu’il s’est fait faucher sans s’en rendre compte.» Une minute de silence a eu lieu lundi chez Universal, pour lui rendre hommage, ainsi qu’à Thomas Ayad et à Marie Mosser. (E.V.B.)

Caroline Prénat, 24 ans

 

Elle si rayonnante est partie avec un dernier sourire. «Elle a été une des premières à mourir. Elle était au bar avec une amie qui s’est absentée pour aller aux toilettes. Caro lui a souri et elle est tombée. Elle n’a pas eu le temps d’avoir peur», a confié le père de Caroline Prénat au Progrès de Lyon. Caroline est l’une des victimes du Bataclan. Elle avait 24 ans et s’était installée à Paris avec son ami depuis deux mois seulement. Originaire de Lyon, elle avait fait l’école d’arts appliqués Bellecour et cherchait à Paris un poste de graphiste. En attendant, elle travaillait comme agent de cinéma au Pathé Beaugrenelle, dans le XVe arrondissement. Ils n’ont eu que deux mois pour la découvrir mais ses collègues parlent de Caroline comme quelqu’un d’«extraordinaire». «Elle était si ouverte, si attentionnée avec les clients que je l’ai passée à temps complet au bout de quelques jours, dit le directeur de la salle, Arnaud Surel. On l’appelait « beaux yeux », elle apportait chaque jour sa fraîcheur, sa bonne humeur. Un rayon de soleil». Dernière née de cinq enfants, Caroline Prénat était issue d’une vieille famille industrielle de la région lyonnaise. Selon le Progrès, son grand-père avait été le dernier dirigeant de la compagnie des hauts fourneaux et des fonderies de Givors, fermés en 1960. Lundi, devant l’équipe éprouvée du cinéma Beaugrenelle, Arnaud Surel a rendu hommage à Caroline. «Ils ont tous moins de 25 ans, comme elle. Ils étaient visés. Je leur ai dit qu’il allait falloir être à la hauteur, que la faiblesse attise la haine. Que la peine n’est pas une défaite mais une énergie.» «Faites un article mais alors faites un article doux, comme l’était ma fille», nous a dit son père. (S.F).

François-Xavier Prévost, 29 ans

victime

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Originaire de Lambersart, dans la banlieue lilloise, François-Xavier Prévost avait 29 ans. Il était au Bataclan vendredi soir avec deux amis. Le jeune homme travaillait dans la publicité, avait longtemps travaillé dans l’agence Havas (selon son profil Linkedin). Il était diplômé de l’Institut supérieur de commerce international de Dunkerque. (C.G.)

Sébastien Proisy, 38 ans 

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Il y a cinq mois, il sortait diplômé de l’Ecole de guerre économique, située à Paris, près du Champ de Mars. A 38 ans, Sébastien Proisy était déjà passé par Assas, Sciences-Po (dont il a obtenu le diplôme en 2003) puis par la Commission européenne. Après un passage par un cabinet d’avocats, il avait monté sa propre société, qui promouvait les produits tricolores à l’étranger, et s’apprêtait à lancer une deuxième entreprise, qui conseillerait les boîtes françaises dans leur installation à l’étranger, en Iran, ou en Asie. C’est d’ailleurs un repas d’affaires qui l’a amené à se trouver rue Bichat, vendredi soir.

Né à Valenciennes, où il a passé ses jeunes années, il a fini de grandir en banlieue parisienne, à Noisy-le-Grand, chez sa mère, après une étape de deux ans en Floride, où son père l’avait emmené. «Sébastien a fréquenté une école bilingue. Il était très brillant», a raconté Jeanne Broutin-Senecaux, sa grande-tante, à la Voix du Nord. Selon ses mots, Sébastien Proisy était «charmant» et «d’une gentillesse incroyable». Cité par le même quotidien, Yannick Nison, le maire d’Hasnon et ami de la famille, évoque un homme «bien éduqué, attentif à tout le monde, discutant facilement et se mettant à la portée des gens simples».

Son ami de trente ans, Charles, contacté par Libération, abonde : «Il aimait les gens, il était toujours disponible, il aidait tout le monde». Les deux hommes étaient à l’école ensemble, dans le XVIIe arrondissement de Paris, du primaire au lycée. «Il était très joyeux, souriant, rayonnant, ajoute-t-il. Il aimait beaucoup lire, [surtout sur] l’histoire, la géopolitique, la diplomatie. Sa carrière tournait autour de ça.» Célibataire, sans enfant, Sébastien Proisy était «très travailleur, il était à fond dans ses trucs. C’était difficile de l’attraper», sourit son ami. (K.H.-G.)

Richard Rammant, 53 ans

(Photo Sylvie Bosc)

Richard Rammant était un motard fan de blues et amateur de rock. Père de deux filles, ce grand barbu était membre d’un club de motards, le Showtime Riders HDC, des bikers fans de Harley Davidson qui prônent sur leur site internet «le respect, la fraternité et la solidarité comme un mode de vie». Il exposait d’ailleurs les belles motos de ses amis dans un festival de rock organisé à Disney Village en septembre. Il vivait à Cergy dans le Val-d’Oise mais sa terre d’attache était le Lot. Il était d’ailleurs très investi comme bénévole au Cahors Blues Festival qui lui a rendu hommage dans un communiqué : «Ta gentillesse ta disponibilité et ta compétence nous feront défaut et nous ne t’oublierons jamais. Tu souhaitais revenir pour participer à nos côtés à la prochaine édition du festival et c’est dans nos cœurs que tu y seras présent.» Richard Rammant a été tué au Bataclan en protégeant sa femme Marie-Do des tirs. «Sa femme a été grièvement blessée aux jambes, mais ses jours ne sont plus en danger», précise Robert Mauriès, le président du Cahors Blues Festival et grand ami de Richard qui avait passé récemment trois jours avec lui sur le festival de rock à Disney village. «Il nous aidait pour toute la partie technique. Il était extrêmement gentil, serviable et compétent. Il ne méritait pas une telle fin.» (C.Bf.)

Valentin Ribet, 26 ans

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Valentin Ribet a été l’une des premières victimes des attentats de vendredi identifiées dans les médias internationaux. De nombreux hommages ont été rendus au jeune avocat de 26 ans, diplômé en droit des affaires de la Sorbonne, puis de la prestigieuse London School of Economics (LSE). Dans un communiqué, le cabinet d’affaires Hogan Lovells, dans lequel travaillait le jeune homme depuis l’an dernier, décrit «un avocat talentueux, très apprécié, et une merveilleuse personnalité à avoir dans l’équipe». Il se spécialisait dans le crime en col blanc et la fraude. Le barreau de Paris a salué la mémoire d’un «jeune avocat de talent». «Nos cœurs sont remplis de tristesse», a quant à elle fait savoir la LSE, où Valentin Ribet avait étudié le droit international des affaires en 2013 et 2014.

Ses parents tiennent à affirmer qu’ils ne sont «pas uniques» — «il y a d’autres victimes de 26 ans» —, et qu’ils n’ont «pas de haine et ne veulent pas la guerre». Valentin a «toujours grandi dans l’amour, il était toujours joyeux». Il était «intelligent, bienveillant, plein d’humour», se remémore un de ses camarades de la LSE. «Le mec le plus drôle et le plus gentil que je connaisse, complète un ami proche. Bon vivant, déconneur, fan de rock.» Valentin Ribet a été tué vendredi soir, alors qu’il assistait au concert des Eagles of Death Metal au Bataclan avec sa compagne, blessée lors de l’attaque. (I.H.)

Estelle Rouat, 25 ans

Elle était originaire de Concarneau, dans le Finistère, mais exerçait son métier de professeur d’anglais en banlieue parisienne. A la rentrée, Estelle Rouat, 25 ans, avait pris son premier poste au collège Gay-Lussac de Colombes. «Cette jeune femme était entrée dans ce métier avec passion», selon le directeur académique des Hauts-de-Seine, Philippe Wuillamier, cité par le Parisien. «J’aimais beaucoup ses cours», acquiesce un élève de quatrième, Mohammed, interrogé par le Parisien. «Elle était gentille, discrète, aimable», abonde dans le même journal Sana, élève de troisième. Lundi, à midi, ses élèves n’étaient pas seuls à lui rendre hommage : les 1 100 enfants de l’ensemble scolaire Saint-Joseph de Concarneau, où Estelle Rouat avait elle-même étudié, ont aussi pensé à elle. (K.H.-G.)

Thibault Rousse-Lacordaire, 36 ans

«Il était venu juste s’éclater à un concert de rock avec une amie, il était curieux de tout, enthousiaste, toujours partant pour une sortie, un nouveau lieu, un voyage, une découverte culturelle, une rencontre à faire. Thibault était un amour, un garçon formidable, j’ai envie de dire « est » car je n’arrive pas à réaliser qu’il est parti», raconte son amie Sophie, avec douceur et tristesse. Fauchée par les tueurs de Daech, la vie de Thibault Rousse-Lacordaire s’est achevée, comme tant d’autres, au Bataclan, où ses collègues du monde de la finance ou ceux qui le connaissaient mal ne l’attendaient pas forcément. «Il était plutôt du genre à foncer au musée Abba comme quand on est allé à Stockholm, mais je pouvais le traîner à un concert de rock, il m’avait suivie à Londres le mois dernier pour un obscur festival Indie Pop.»

Thibault a grandi dans l’Ouest parisien. Après une éducation dans un environnement catholique, il est entré à Dauphine pour suivre une maîtrise de sciences de gestion, avant d’obtenir un DESS d’ingénierie financière à Créteil. Le cursus parfait pour intégrer le fonds d’investissement où il travaillait depuis 2002 comme contrôleur financier, puis chargé des relations investisseurs. Entreprise où il avait rencontré Sophie. Depuis, les deux amis ne se sont plus quittés. Ce soir là au Bataclan, Thibault ne devait pas porter le costume cravate de rigueur, mais sans doute pas un cuir non plus : «C’était quelqu’un de décalé, sourit Sophie, il était capable de marier un Barbour avec des Converses orange, même s’il adorait les belles chaussures. Il était à l’aise dans tous les milieux, dans un restaurant guindé du VIIIe comme dans un bar de Ménilmontant.» Ce vendredi soir, Sophie appelle son ami car elle sait qu’il est au concert des Eagles of Death Metal. Il ne répond pas. Elle est inquiète, mais essaie de se rassurer : «Il n’était pas obsédé par son portable. Au contraire. Quand il était avec quelqu’un, son téléphone n’existait pas, une délicatesse rare.» Thibault n’est pas ressorti du Bataclan.

«Je voudrais surtout que l’on se souvienne de sa gentillesse, de son ouverture et de sa disponibilité pour les autres et je pense à ses parents, à sa famille, conclut Sophie. Il avait été scout, il avait la foi. Depuis plusieurs années il participait régulièrement à un projet d’aide aux SDF. Mais il n’était pas du genre à s’en vanter.» (J.-C.F.)

Raphaël Ruiz, 37 ans

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Le groupe pop-rock amateur dont il tenait la guitare et les rênes a pour nom bien potache Les Présidents du vice. Raphaël Ruiz, 37 ans, était un dingue de musique. Particulièrement fan de U2, il s’apprêtait d’ailleurs à enquiller quatre concerts de la bande à Bono avec son frère fusionnel Christophe, qui raconte : «On traduisait les paroles du groupe en français, ça nous faisait marrer, souvent ça ne voulait plus rien dire ; mais c’était devenu une sorte de langage entre nous.» Christophe, qui habite Lyon, avait prévu d’accompagner Raphaël au concert du 13 novembre au Bataclan. Des travaux dans sa maison l’ont fait reporter sa venue à Paris au dimanche d’après — pas question de rater U2.

Au-delà de son amour pour le groupe de Dublin et pour la Kilkenny (bière rousse), Raphaël Ruiz s’était intéressé à l’histoire de l’Irlande : une thèse de doctorat sur les conflits qui ont agité le pays l’avait amené à se délocaliser six mois à l’université de Belfast. Son frère, de quatre ans et demi son aîné, dit, plein d’admiration : «Il était très mature, Raph, et carré, sérieux, pas du genre à ne pas aller au fond des choses. Plutôt réservé de nature, il ne prenait pas facilement la parole, mais quand il parlait, il avait un argumentaire et un avis très solides, jamais pour ne rien dire.» Leur cousin Arnaud Julliard confirme : «Raphaël était brillant, c’est vrai. Mais il était néanmoins un modèle d’humilité, qualité rare de nos jours. Certes, il était réservé mais ce qu’il dégageait faisait qu’on avait toujours envie d’écouter ses points de vue car il était très fin et équilibré dans ses analyses.»

Né à Bourg-de-Péage, dans la Drôme, Raphaël Ruiz vivait depuis une dizaine d’années à Paris, rallié pour un CDI de rédacteur de compte-rendus de réunions chez Ubiqus. «Il aurait voulu devenir journaliste, précise son frère, il avait d’ailleurs réussi le concours de l’école de Strasbourg, mais il a préféré rester sur son doctorat car il était rémunéré. Et il en avait marre des Parisiens, et du métro… Mais il y avait les activités culturelles : il était toujours à l’affût.» Concerts, mais aussi cinéma, «de Ken Loach à James Bond, surtout les versions avec Daniel Craig», les comics, avec Spiderman et les XMen pour superhéros de prédilection. Célibataire, sans enfants, ça ne l’empêchait pas d’adorer leur compagnie, à commencer par celle de ses filleuls Lily et Ellis. Son cousin, Arnaud Julliard : «Raphaël était quelqu’un de très responsable vis-à-vis d’autrui, de son frère, de ses parents. Sa manière d’être avec les autres et ses proches était vraiment admirable.» Son frère : «C’était quelqu’un de profondément gentil et généreux, en termes de temps notamment : il en accordait beaucoup aux gens qu’il appréciait.» Sur la photo qu’il nous transmet, on voit un grand gaillard souriant, solide : régulièrement, «Raph» alignait les longueurs en piscine.

Motard, Christophe poussait Raphaël à passer le permis. Pour aller sillonner ensemble l’Ecosse, par exemple. L’idée est venue de Long Way Round, documentaire sur le tour du monde accompli à deux roues par les acteurs-potes britanniques Ewan McGregor et Charley Boorman. La mythique route 66 était aussi en ligne de mire, quoique Raphaël penche plutôt pour New York et ses salles de concert — on ne se refait pas.

Christophe dit que, maintenant, Raphaël n’est plus avec lui, mais «en [lui]». Et que, oui, il continuera à écouter U2. Soudain solennel, il émet juste un souhait : «Je sais que c’est fou, mais je voudrais que U2 vienne à l’enterrement de mon frère.» Ça atténuerait, un peu, l’horreur de ce friday, bloody friday du 13 novembre. (S.Ch.)

Halima Saadi, 37 ans, et Hodda Saadi, 35 ans

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Halima Saadi. Photo DR

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Hodda Saadi. Photo DR

Les deux sœurs, originaires du Creusot, sont mortes à la terrasse de la Belle Equipe où Hodda était cogérante. Elles fêtaient un anniversaire avec leurs amis. Halima était mère de deux enfants de 6 et 3 ans. Hodda, figure du quartier de la rue de Charonne, était «pleine de joie de vivre et avait le cœur sur la main», confie l’une de ses amies. Leur père et leurs deux frères, membres de la communauté musulmane du Creusot, ont témoigné dans le Parisien : «Ces jihadistes ne représentent pas la religion musulmane», a rappelé l’un d’eux. (M.O.)

Madeleine Sadin, 30 ans

Madeleine Sadin ne fera plus cours. Au collège Chérioux de Vitry-sur-Seine, les élèves et les enseignants pleurent cette jeune professeur de français, qui s’est rendue vendredi au Bataclan avec un collègue. Lui s’est est sorti. «J’avais les larmes. C’était ma prof principale il y a deux ans. C’était la meilleure», a confié un adolescent au Parisien. Agée de 30 ans, Madeleine Sadin avait d’abord enseigné dans le XXe arrondissement de Paris, où elle a aussi été pionne. Après le travail, elle prenait des cours de «lindy hop», une danse née dans la communauté afro-américaine d’Harlem, rapporte le Parisien. Madeleine Sadin consacrait aussi de son temps à donner des cours de français aux adultes, raconte encore le quotidien, et faisait partie d’une communauté de 1 500 profs qui travaillaient à la conception de manuels gratuits et collaboratifs. Son cousin Simon Castéran, un journaliste toulousain, a écrit une lettre ouverte à Daech, dans laquelle il évoque en sa cousine «une intellectuelle, qui aimait son métier» et «une femme libre et heureuse, pleine de cette lumière intérieure qui vous manque tant». (K.H.-G.)

Kheireddine Sahbi

Ce jeune musicien algérien, surnommé «Didine» par ses proches, était étudiant en master d’ethnomusicologie à la Sorbonne. Il était venu «parfaire sa formation», indique l’université sur son site. «Très impliqué dans l’ensemble de musiques traditionnelles, il a été abattu alors qu’il rentrait chez lui dans le Xe arrondissement» précise Barthélémy Jobert, le président de Paris-Sorbonne. Voici une vidéo où on peut l’entendre jouer du violon.

Lola Salines, 28 ans

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Le 6 décembre, Lola Salines allait avoir 29 ans. Vendredi soir, elle était devant le Bataclan avec des amis. Après des appels sur les réseaux sociaux de sa famille et de ses proches, son père, Georges Salines, a tweeté samedi dans la journée : «Je viens d’avoir confirmation du décès de Lola.» Deux de ses amis présentes à la salle de concert auraient été blessées et une autre en serait sortie indemne. La jeune femme vivait dans le XXe arrondissement de Paris, elle travaillait pour une maison d’édition, Gründ, spécialisée dans les livres pour enfants et installée dans le VIe arrondissement. Depuis septembre 2014, elle était membre de la Boucherie de Paris, une équipe de roller derby. Enfant, elle avait beaucoup voyagé, en Egypte, puis, plus tard, au Japon. Sur les photos d’elle postées par ses amis, elle rit toujours. Sauf dans l’une, prise au McDonald’s, où elle fait mine d’être triste, mais tient un ballon où est marquée la phrase : «Place à la bonne humeur». (C.G.)

Patricia San Martin, 61 ans, et sa fille Elsa Deplace, 35 ans

Patricia San Martin se trouvait au Bataclan avec sa fille Elsa, décédée elle aussi. Chilienne de 61 ans, elle était fonctionnaire à la mairie de Sevran (Seine-Saint-Denis), responsable syndicale CGT. «Patricia s’est exilée [en 1973, ndlr] pour fuir le régime d’extrême droite de Pinochet et vient de mourir tuée par des fanatiques religieux dans son pays d’accueil, c’est une tragédie», déplore Baptiste Talbot, son ami depuis vingt ans, cité par Le Parisien. Sa famille est retournée vivre au Chili, mais Patricia San Martin est restée en France, où est née sa fille. Elle était la nièce de l’ambassadeur du Chili au Mexique.

Hugo Sarrade, 23 ans

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«Ça sent la sueur et la bière, ça va être une bonne soirée.» Depuis le Bataclan, au début du concert, Hugo Sarrade a envoyé ce SMS à son père, Stéphane, chez qui il était venu passer le week-end au retour d’un séjour de quinze jours au Japon. Chercheur au CEA à Saclay, Stéphane Sarrade décrit son fils en jeune homme «ouvert», voyageur, «bien dans son époque», dans ses études — un master en intelligence artificielle à la faculté des sciences de Montpellier, un projet de thèse à l’étranger — et dans sa «première grande histoire d’amour». Qui lisait beaucoup de science-fiction, de manga, Libé aussi, adorait la musique, «aimait débattre, toujours dans le respect de l’idée de l’autre». Le père et le fils discutaient de politique : «La montée de l’intégrisme le préoccupait, la montée du FN aussi, on en a souvent parlé. Je ne l’ai jamais entendu tenir un propos d’intolérance ou de racisme. Il avait des valeurs, des convictions humanistes.»Sur le profil Facebook d’Hugo, à la date du 7 janvier, s’affiche un slogan «Je suis Charlie». Il avait, rapporte Midi Libre, participé à la marche à Montpellier. Lundi, c’est à lui, et aux autres victimes du 13 novembre, que 2 000 étudiants de son université ont rendu hommage, lors de la minute de silence. «Depuis six mois, poursuit Stéphane Sarrade, il avait trouvé des réponses, de la sérénité. Il avait des projets, il était en train de poser les jalons de sa vie d’adulte.» Un adulte «en train de se construire, et qui avait des belles choses à faire». Sur la photo que son père a fait parvenir à Libération, on voit Hugo Sarrade souriant aux côtés de son amie, Lise, au bord du lac des Bouillouses, dans les Pyrénées-Orientales : «C’est l’image que je voudrais qu’on garde de lui.» (Am.G.)

 Maud Serrault, 37 ans

Agée de 37 ans et jeune mariée, elle assistait au concert des Eagles Of Death Metal au côté de son mari, qui a réussi à échapper à l’assaut. Elle était depuis près de trois ans directrice marketing et e-commerce de la chaîne d’hôtels Best Western France. Titulaire d’un DESS marketing et stratégies de communication du Celsa, elle avait notamment exercé les fonctions de responsable marketing du groupe Hammerson et de chef de projet marketing pour Intermarché. (S.Gin.)

Valeria Solesin, 28 ans

Valeria Solesin.

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Valeria Solesin fait partie de la longue liste des victimes du Bataclan. Cette Italienne de 28 ans, qui a grandi à Venise, était à Paris depuis quatre ans. Doctorante en sociologie à la Sorbonne, cette boursière étudiait la place des femmes dans la société. Elle était également bénévole pour l’ONG italienne Emergency, qui fournit un soutien médical dans les zones de guerre ou de pauvreté. Son fondateur, le chirurgien de guerre Gino Strada, lui a rendu hommage sur Facebook : «Au revoir Valérie, et merci, écrit celui qui a reçu en octobre le prix Nobel alternatif. Nous avons eu la chance de te rencontrer et de t’apprécier.» Le concert de vendredi soir était un cadeau pour sa belle-sœur qui venait d’être diplômée. A part son compagnon légèrement blessé à l’oreille, ses proches sont sortis indemnes de l’attentat. «Elle adorait la musique, elle était de celles qu’on croise toujours aux concerts, décrit l’un de ses amis. Elle était le visage souriant et la tête bien faite de la jeune communauté italienne de Paris.» Dans la presse italienne, sa mère évoque «une citoyenne, une érudite». (I.H.)

Ariane Theiller, 24 ans

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Elle venait d’obtenir un CDI, fière d’être désormais autonome financièrement, et s’était installée en septembre dans un studio à Montreuil, «moins minuscule que les précédents», décrit son père, Christophe, principal de collège en Normandie. Ariane Theiller avait 24 ans, «et la vie devant elle». Le 13 novembre au soir, elle a été tuée au Bataclan. Après un master Lettres et Métiers de l’édition obtenu à l’Unistra de Strasbourg, Ariane Theiller avait réussi à obtenir un stage chez Urban Comics, maison d’édition très réputée de l’univers des bandes-dessinées US. Elle avait une passion pour le genre, au point de faire des super-héros le sujet de son mémoire de Master. «Ils n’avaient pas pu lui offrir de CDI, car ce n’était pas le bon moment pour eux, mais elle avait réussi à en obtenir un dans un magazine de jardinage, Rustica, qui fait partie du même groupe [Média participations, ndrl]. Elle rêvait de retourner dans l’édition et les comics, mais c’était une première étape très importante pour elle», raconte son père. Ariane Theiller aimait «les mots et les images», lisait de tout, très vite, «un peu boulimique», et avait découvert les comics après un passage par la lecture de mangas japonais. Elle avait grandi principalement en Normandie, même si le travail de son père les avait souvent fait déménager, elle et ses trois frères, puis fait des études à Orléans et Strasbourg, avec un détour par la Finlande, six mois passés au nord d’Helsinki grâce à un programme Erasmus. «Cette immersion dans un monde très différent du nôtre l’avait vraiment impressionnée, décrit encore Christophe Theiller. Elle était bien décidée à ne pas en rester là.» Partout où elle allait, Ariane Theiller était très entourée, se liant facilement aux autres grâce à sa personnalité dynamique et joyeuse. Le petit monde des comics est en deuil, des hommages lui ont été rendus sur les réseaux sociaux par l’équipe très émue d’Urban Comics, mais également par des éditeurs ou professionnels tels les Américains de DC Comics (dont Urban Comics publie les titres en français), Dark planet comics, par Sean Gordon Murphy (créateur de Punk Rock Jesus) et Ivan Brandon.(E.F.-D.)

Eric Thomé, 39 ans

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Sur le site internet d’Eric Thomé, designer et photographe, des portraits d’inconnus aux regards rêveurs, photographiés perdus dans leurs pensées, le vert doux et étrange d’arbres psychédéliques, les dos de passants dans la rue, une semaine de vacances en détails ensoleillés. Eric Thomé, 39 ans, aimait explorer, découvrir, expérimenter, flâner, rencontrer, et partager tout cela avec les autres. Il est mort sous les balles vendredi au Bataclan. «Il était fan de rock, de photographie, de design graphique, il sortait dans des concerts, des expos, c’était l’homme le plus curieux, ouvert sur le monde que je connaisse, dit une de ses amies. Les gens qu’il aimait, autour de lui, c’était des gens de toutes cultures, de tous horizons, de tous milieux sociaux.» Un «passionné», dit Laurent, l’un de ses plus proches. «Il aimait faire découvrir des pépites musicales et cinématographiques à ses amis.»

Directeur artistique pendant huit ans d’une agence de publicité, Eric Thomé avait monté avec Laurent son agence de design graphique, Weareted. Ingénieuses, colorées, bourrées d’esprit et d’humour, leurs illustrations, réalisées pour des grands groupes ou des petites boîtes, enveloppent de malice et de poésie le quotidien.

Eric Thomé était père d’une petite fille de 5 ans. Sa compagne, Laurence, est enceinte de huit mois de leur deuxième enfant. (O.M.)

Olivier Vernadal, 44 ans

Originaire de Ceyrat, dans le Puy-de-Dôme, Olivier Vernadal, agent des impôts de 44 ans, habitait à deux pas du Bataclan qu’il fréquentait régulièrement. Il est mort dans la salle vendredi soir. Fan de rock, il allait régulièrement à des concerts. Footballeur amateur, il avait, un temps, entraîné l’équipe de foot de Ceyrat. Le père de l’un des jeunes qu’il avait entraîné se souvient d’un homme très investi, toujours prêt à défendre ses joueurs : «Nous ne l’oublierons pas», écrit-il. Les habitants de la commune lui ont rendu hommage lundi. Une bannière «Nous sommes tous Olivier» a été accrochée sur la façade de la mairie. Le stade de Ceyrat portera désormais le nom d’Olivier Vernadal.

Luis Felipe Zschoche Valle, 33 ans

victime

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Luis Felipe Zschoche est mort au Bataclan. Chilien, Luis Zschoche vivait à Paris depuis huit ans. Il était guitariste et chanteur au sein du groupe de rock stoner Captain Americano, dont le son peut se rapprocher de celui du groupe Eagles of Death Metal. Ses proches se souviennent d’un garçon adorable, enthousiaste, d’une bonne nature. Il avait joué avec Captain Americano au Bus, dans le IXe arrondissement, il y a un mois, et «ça l’avait rempli de joie», raconte un proche. Il avait 33 ans. (M.O.)

École supérieure d’études cinématographiques

LIBERATION

Source Article from http://www.liberation.fr/france/2015/11/15/attaques-de-paris-qui-sont-les-victimes_1413563
Source : Gros plan – Google Actualités

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