A l’issue de dix jours de polémique, Nadine Morano s’est vue retirer, mercredi 7 octobre, son investiture du parti Les Républicains (LR) pour les régionales en Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne. La députée européenne, candidate déclarée à la primaire de droite en 2016, a refusé de s’excuser auprès de son parti pour avoir qualifié la France de pays de « race blanche » sur le plateau de l’émission « On n’est pas couché », samedi 26 septembre.
Lire le décryptage :
Les « races », Morano et De Gaulle : pour clore la polémique
Si l’unanimité a prévalu au sein commission nationale d’investiture (CNI) de LR pour exclure Mme Morano de la course aux régionales, la droite n’a pas pour autant fait front contre elle. En s’abstenant lors du vote de la CNI, le député Michel Terrot, l’eurodéputée Michèle Alliot-Marie et l’ancien président de l’UMP Jean-François Copé ont d’abord exprimé un soutien implicite à Nadine Morano.
Mais bien avant cet épilogue, plusieurs personnalités de droite avaient pris la défense de l’eurodéputée… ou du moins refusé de condamner ses propos trop vivement.
Ainsi Pierre Lellouche a-t-il assuré avoir pu « vérifier [lui-même] » que la France était un pays de race blanche, même si c’était « dit très maladroitement, et de façon très excessive », tandis que Roger Karoutchi se faisait le chantre de « la liberté de parole des élus et des humoristes ». Le président de la CNI, Christian Estrosi, a également refusé de faire « partie de ceux qui l’accablent », mettant en cause l’émission de Laurent Ruquier dans laquelle il « refuse […] de se rendre depuis deux ou trois ans ».
Intolérable… ou excusable ?
A l’inverse, une bonne partie de l’état-major du parti a refusé d’excuser les propos de Mme Morano. « Intolérable » pour Alain Juppé, « exécrable » pour Nathalie Kosciusko-Morizet, un « non-sens » pour Valérie Pécresse… Ils ont été largement suivis par les personnalités de la droite Champagne-Ardenne, qui ont été nombreuses à dénoncer ses propos, à commencer par Valérie Debord, qui va remplacer Nadine Morano en Meurthe-et-Moselle pour les régionales. Rares ont pourtant été ceux qui, à l’image de Benoist Apparu, ont réclamé l’exclusion de Mme Morano du parti, Alain Juppé se refusant à être « le grand ex-communicateur », et Jean-Pierre Raffarin déclinant le rôle de « coupeur de tête ».
Entre ces deux extrêmes, plusieurs hauts responsables des Républicains se sont montrés moins véhéments à condamner le dérapage télévisuel, à commencer par son président Nicolas Sarkozy, qui a mis plusieurs jours à réagir, avant de proposer à Nadine Morano de tirer un trait sur cette histoire si elle s’excusait.
Philippe Richert, chef de file de la droite dans le grand Est pour les régionales, a suivi le chemin inverse : il a commencé par expliquer que « des excuses ne suffiront pas », avant de lui tendre la main pour réintégrer sa liste si elle démontrait « la volonté d’être ouvert et de travailler ensemble ». Quant à François Fillon, il a dénoncé « un procès en sorcellerie excessif » et salué son « mérite d’être allée sur le terrain, quand beaucoup de commentateurs ne le font pas », tout en prenant ses distances avec la « formulation » de « race blanche ».
Pour établir une cartographie du parti à l’aune de cette polémique, nous avons tenté de classer ses principaux responsables au regard de leurs prises de position publiques sur la visualisation ci-dessous :
Méthodologie
Nous avons intégré à cette visualisation 84 personnalités de la droite et du centre (UDI et Modem) :
Les principaux cadres dirigeants de LR (vice-président, secrétaire général, délégués et secrétaires généraux, délégués nationaux…) ;Les autres figures importantes du parti qui ne font pas partie de l’organigramme (Alain Juppé, François Fillon, Bruno Le Maire…) ;Les principales figures de la droite et du centre en Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, la région dans laquelle Nadine Morano était candidate.
Nous avons considéré comme « condamnation totale » toutes les interventions qui critiquaient sans réserve les propos de Mme Morano, et assigné à la catégorie « condamnation molle » toutes les personnalités qui les avaient dénoncés sans grande véhémence, qui estimaient que des excuses suffiraient à tourner la page ou qui avaient changé d’avis.
Ces catégories, bien évidemment subjectives, ne demandent qu’à être confrontées à votre libre appréciation, en (re)lisant les propos de chacune des personnalités en passant votre curseur sur les bulles les représentant.
Source Article from http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/10/10/pour-ou-contre-morano-ce-que-la-polemique-revele-des-fractures-chez-les-republicains_4786872_4355770.html
Source : Gros plan – Google Actualités
