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Mort de Chloé : tollé contre le dérapage de Wauquiez – Libération

L’écœurement. Jusque dans sa propre famille politique, les propos de Laurent Wauquiez suggérant qu’il y aurait une relation de cause à effet entre l’assassinat de la petite Chloé et «la politique de désarmement pénal de madame Taubira» ont provoqué l’indignation. Jean-René Lecerf, nouveau président UMP du département du Nord et fin connaisseur de la loi Taubira, regrette l’utilisation de ce qu’il estime « appartenir au langage du FN». Il refuse de cautionner les «caricatures» de l’action de la garde des Sceaux, «une femme courageuse qui fait honnêtement son travail».

Arrêté et condamné sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, le meurtrier de Chloé avait purgé sa peine avant l’entrée en vigueur de la réforme pénale en août 2014 (il avait été expulsé en Pologne cinq mois plus tôt). Il est donc absurde de laisser entendre, comme le fait Wauquiez, que «le prédateur» aurait bénéficié du «laxisme» de Taubira. Il aurait même, au contraire, fait l’objet d’une sévérité contestable : selon le procureur, la peine d’interdiction définitive du territoire que lui a infligé la justice française en mars 2014 n’était «pas légalement encourue pour les faits pour lesquels il avait été condamné».

«Marche blanche». Effaré par la désinvolture de Wauquiez, un responsable de l’UMP interrogé par Libération ne cache pas sa colère : «C’est misérable. On ne va tout de même pas dire #c’est la faute à Taubira# après chaque drame. Wauquiez ferait bien de s’inspirer de la dignité des parents de Chloé et de tous les Calaisiens qui ont manifesté leur soutien.» Jeudi, l’imposante et silencieuse marche blanche conduite par la maire UMP de Calais, Natacha Bouchart, n’a donné lieu à aucune tentative de récupération politique. Même le très sarkozyste Guillaume Larrivé ne peut plus suivre : «J’ai des désaccords profonds avec la ministre de la Justice, mais il faut veiller à ne pas délégitimer l’autorité judiciaire.»

Wauquiez est un multirécidiviste du dérapage politicien. C’est donc en toute connaissance de cause que Nicolas Sarkozy a choisi d’en faire son principal lieutenant à la tête de l’UMP. Briseur de «tabous», incarnation de la ligne ultradroitière prônée jadis par Patrick Buisson, il a maintes fois démontré qu’il ne reculait devant aucun mensonge ni aucune outrance. «Il ose tout», confie un sarkozyste admiratif. Après avoir fait de l’assistanat un «cancer de la société», l’agrégé d’histoire a même osé convoquer le général de Gaulle pour justifier la consigne de vote «ni FN, ni PS».

Vendredi matin, en marge d’une conférence de presse sur son plan de lutte contre le racisme, Manuel Valls a dénoncé les propos «abjects» du secrétaire général de l’UMP : «J’aime le débat, la polémique, la confrontation d’idées, mais après le drame de Calais […], il y a une seule attitude à avoir quand on est un responsable politique : la dignité.» Le Premier ministre juge «insupportable» qu’un crime serve de prétexte à des attaques contre la garde des Sceaux. «Quand on casse l’esprit du 11 janvier, quand on polémique sur tous les sujets, on ne rend pas service à son pays», a-t-il conclu.

Le 1er avril dernier, à l’Assemblée nationale, Valls avait déjà dénoncé, dans les mêmes termes, «la démagogie et l’outrance» de la députée UMP Marie-Louise Fort qui interpellait le gouvernement sur l’affaire de pédophilie dans une école maternelle de Villefontaine (Isère) : là encore, alors que la première condamnation du professeur remonte à 2008, l’élue d’opposition n’a pas hésité à s’emparer du scandale pour en faire une illustration du «laxisme» de la politique pénale du gouvernement.

Circulation. Laurent Wauquiez n’est pas le seul à tirer précipitamment des leçons politiques du drame de Calais. De l’UMP au Front national, beaucoup ont saisi sans retenue cette occasion de s’interroger sur la libre circulation dans les 26 pays de l’espace Schengen. Aucun doute, pour le vice-président du FN Florian Philippot, la mort de Chloé est «un drame de Schengen». Au micro d’Europe 1, le souverainiste Henri Guaino n’est pas loin de dire la même chose : «La question centrale dans cette affaire, c’est la liberté de circulation totale qui met la sécurité des Français à la merci des autorités polonaises […] Il faut poser des limites à la libre circulation, elle doit être conditionnelle, aucun principe ne peut être absolu.»

De fait, le drame de Calais pose la question de l’utilité d’une «interdiction définitive du territoire», dès lors qu’elle concerne un ressortissant de l’espace Schengen. Appliquée au meurtrier de Chloé, cette peine était, en toute hypothèse, très difficilement applicable. Pour être intercepté, il aurait fallu que le futur meurtrier, s’il ne voyageait pas en avion, fasse l’objet d’un contrôle inopiné des douanes. L’UMP Valérie Pécresse, candidate à la présidence de la région Ile-de-France, en conclut qu’il faut d’urgence «revoir Schengen». Argument de campagne bien connu, déjà abondamment servi par Nicolas Sarkozy.

Source Article from http://www.liberation.fr/politiques/2015/04/17/mort-de-chloe-tolle-contre-le-derapage-de-wauquiez_1247167
Source : Gros plan – Google Actualités

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