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Londres, un eldorado ? Faux. J’y ai habité 6 ans et la devise, c’est … – L’Obs

Camden market, passage obligé de tout séjour à Londres. (A.Segre/SIPA)

Camden Market, passage obligé de tout séjour à Londres. (A.Segre/SIPA)

 

Partir s’installer à Londres, c’est simple comme prendre l’Eurostar un beau matin avec une trentaine de kilos de bagages. En tant que ressortissant de l’Union Européenne, on ne doit justifier de rien, si ce n’est d’une pièce d’identité en cours de validité. Contrairement à des pays comme les États-Unis ou l’Australie, on ne vous demande ni votre adresse de destination, ni si les fonds de votre compte en banque sont suffisants. Et pourtant…

 

L’effet « lune de miel » des débuts

 

Mes proches et quelques connaissances s’étaient étonnés de ma décision d’y déménager en 2007, à l’issue de mon année Erasmus au Royaume-Uni :

 

« Londres ? La vie n’y est pas trop chère ? »

 

Qu’importe, c’était là où il y avait le plus d’offres d’emploi et après un an passé au Royaume-Uni, rester s’était imposé comme une évidence.

 

Après avoir sécurisé un poste dans une société marketing, je me suis installée dans une colocation du nord de Londres et j’ai rapidement pris mes marques dans la ville. Au premier abord, tout m’a plu : les pubs à tous les coins de rue, les énormes espaces verts, l’omniprésence de la musique live et la facilité du contact avec les Britanniques, tant en milieu professionnel qu’informel.

 

En surface, Londres est effectivement cette ville palpitante et branchée qui fait passer Paris pour une sorte de cousine ringarde. On y croise un nombre presque caricatural d’artistes en tous genres – écrivains, acteurs, designers, musiciens. Les Londoniens sont naturellement cools et la vie là-bas a un petit goût d’adolescence perpétuelle. 

 

Les weekends commencent en fanfare dès le vendredi soir avec les « Friday drinks » où l’on se relaxe autour de tournées gracieusement offertes par nos managers. Le samedi, on s’empresse de dépenser son salaire de la semaine sur Oxford Street avant de sortir dans les coins les plus branchés de Shoreditch, Hackney ou Brixton. Le dimanche, on se retrouve entre amis autour d’un Sunday roast et on recommence la semaine le lendemain avec nos collègues jeunes et dynamiques.

 

Manger ou payer le métro ?

 

Mais la vérité, c’est que Londres, c’est un peu « marche ou crève ». On y vit à peu près correctement tant qu’on peut se payer les prix exorbitants des loyers, des transports, des sorties. Mais lorsque ce n’est pas le cas, on peut vite se retrouver à devoir faire le choix entre s’acheter à manger ou renouveler son pass de métro mensuel.

 

La ville est devenue un tel phénomène de mode que les gens en oublient les sacrifices qu’ils font pour y vivre. En 6 ans passés là-bas, j’ai vu le prix des loyers quasi doubler et trouver un logement est devenu un vrai parcours du combattant. Être en colocation à plus de 30 ans est presque la norme, et les places sont chères : chaque annonce reçoit des centaines de réponses et les visites se déroulent comme de véritables entretiens d’embauche. Il faut se vendre pour avoir une chance d’être shortlisté, même pour des chambres miteuses ou si petites qu’on croirait un placard amélioré.

 

Décrocher un job est a priori plus facile qu’en France, mais la plupart des contrats n’assurent que peu de sécurité de l’emploi. Même avec plus d’un an d’ancienneté, on peut se faire ‘remercier’ du jour au lendemain, avec pas plus de deux à trois semaines de préavis en moyenne. La prestation chômage de base (« jobseeker’s allowance »), quand on y a droit, est tellement anecdotique et les comptes à rendre tellement contraignants qu’on a plus vite fait d’accepter n’importe quel travail alimentaire qui permettra de maintenir un niveau de vie décent.

 

Pour les secteurs les plus prisés, les annonces de stages non-rémunérés sont monnaie courante et il faut s’estimer heureux lorsqu’on vous dédommage du prix de votre déjeuner.

 

« Work hard, play hard »

 

Au travail, la culture d’entreprise est exigeante et le rythme est soutenu. « Work hard, play hard », c’est un peu la devise londonienne. Les semaines de 45 heures sont fréquentes et la pause de midi se fait principalement devant son ordinateur avec un sandwich et un paquet de chips. Ne songez surtout pas à expliquer à qui que ce soit le concept des RTT, on vous regarderait comme un dément : le droit du travail anglais vous accorde seulement une vingtaine jours de congés payés.

 

Mes collègues m’ont fréquemment interrogée sur cette pratique bizarre qu’ont les français de prendre 1 heure de pause le midi en mangeant entrée-plat-dessert, et mon patron n’a jamais pu comprendre ce qui pouvait justifier que les entreprises françaises soient quasiment injoignables entre juillet et août.

 

Deux ans d’attente pour un médecin spécialisé

 

Quant au système de santé publique, j’ai longtemps cru que la critique qu’on en faisait était infondée. Jusqu’à ce que j’en aie réellement besoin. Entre les généralistes qui enchaînent patient sur patient en programmant des rendez-vous toutes les sept minutes et les listes d’attente pouvant aller jusqu’à deux ans pour voir un spécialiste, mieux vaut avoir les moyens de souscrire une assurance privée.

 

Enfin, Londres est une fourmilière en constante évolution qui laisse peu de place à la stabilité des relations amicales.

 

En tant qu’étranger, les deux questions qu’on te pose lorsqu’on te rencontre sont : 

 

« Tu es là depuis combien de temps ? » / « Tu repars quand ? » 

 

Nombreux sont ceux qui viennent à Londres pour tenter leur chance dans la City, fuir le chômage de leur pays, ou simplement apprendre l’anglais – ceux qui veulent rester doivent apprendre à vivre à l’étroit, et toujours dans le rush. 

 

À Paris, j’ai retrouvé une certaine douceur de vivre

 

Décider de rentrer après 6 ans n’a pas été facile. J’étais très réticente quant à ce que j’allais retrouver en France, surtout au niveau des mentalités. Dans les premiers mois, la ville me manquait énormément et j’ai souvent pensé à faire mes valises et repartir. Finalement, je suis restée.

 

À Paris, que je n’affectionne pourtant pas particulièrement, j’ai retrouvé une certaine douceur de vivre. J’ai pu emménager dans un studio, à un prix inférieur à ce que je payais pour une simple chambre en colocation à Londres. Je dépense 100 euros de moins par mois dans les transports, et ce sans même compter la partie prise en charge par l’employeur.

 

Malgré ce qu’on entend au sujet du marché de l’emploi, j’ai pu trouver un CDI en quelques semaines. Ici, les gens semblent plus ancrés dans la réalité et ce n’est pas une mauvaise chose. C’est rassurant de pouvoir à nouveau faire des projets qui vont plus loin que « le mois prochain ».

 

Tout ne me plaît pas en France – le cliché sur notre côté râleur, par exemple, a encore de belles années devant lui – mais force est de constater que la vie est plus confortable ici. Me retrouver dans mon pays natal m’a permis de prendre du recul et d’être un peu plus critique vis-à-vis de mon expérience à Londres.

 

Il faut arrêter de glorifier Londres et cesser cette mode qui consiste à dire qu’on veut y vivre après seulement un weekend passé là-bas. Sous son vernis de hype, Londres est aussi une ville dure et épuisante où l’on survit parfois plus qu’on n’y vit.

 

 

 

 

 

 

Source Article from http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1299640-londres-un-eldorado-c-est-faux-j-y-ai-habite-6-ans-la-devise-c-est-marche-ou-creve.html
Source : Gros plan – Google Actualités

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