« Les Américains lui ont donné son côté show mais, bien avant, cela vient de la culture physique dans les pays nordiques. Dans les pays de l’Est, sans une tune, il y en a aussi partout. C’est le sport le plus universel avec la marche, assène MC Jean Gab’1 qui scande ses phrases comme un rap. Au street workout, pour être balaise, faut pousser cent fois. Tu lèves ton poids, pas des haltères. A la muscu, tu pousses trois fois pour faire croire que tu es balaise. Tu peux aussi faire du lestage avec des gilets de 10 kg. Certains vont jusqu’à un surplus de 30 kg. Ils ont que ça à foutre. »
Parmi la centaine de costauds qui fréquentent régulièrement le square Eugène-Varlin, quai de Valmy, Charles M’Bouss, de son nom d’état civil, ne passe pas inaperçu. A 47 ans, il présente un corps taillé dans une statue grecque et un esprit affûté pour les punchlines, qui ont fait sa réputation de grande gueule notamment dans sa chanson J’t’emmerde, où il raille les grands noms du rap français : « Ici, tu as 20 mecs confirmés, une moitié sérieuse et 25 clowns qui tournent autour de toi habillés en Décathlon. » Pompes, abdominaux, planches, tractions, « dips » (bras tendus au-dessus de la barre), les mouvements de base du street workout sont censés permettre un développement harmonieux du corps. « Le rythme et la répétition sont essentiels. Tu sors KO, tétanisé d’une séance d’1 h 30. Le mec de la musculation, il ne suit pas. Tu dois enchaîner tout le temps, tu ne peux pas tricher », poursuit l’auteur de J’t’emmerde.
« Descends jusqu’en bas. Tu es plus fort que ça. Et toi, entraîne-toi au lieu de faire semblant d’être au téléphone. » Sous ses allures un peu rudes, MC Jean Gab’1 se félicite du succès de sa discipline : « Je ne fais pas du sport contre les keums mais surtout contre moi-même. Bien sûr, je les charrie, j’ai toujours été comme ça, mais je suis content qu’ils fassent ce sport. » Depuis trois ans, MC Jean Gab’1, « Baouss costaud » et « Iron Pudzianowski », ses deux acolytes de la Punishment Team, fréquentent également les tournois qui fleurissent un peu partout. En 2012, lors de la réputée King of Pull and Push, compétition organisée à Grigny (Essonne), le vétéran remporte au nez et à la barbe des plus jeunes le concours du plus grand nombre de tractions dans la catégorie des moins de 80 kg. Le début d’une carrière sur le tard ? « J’avais l’âge à ton père. Quand tu le gagnes une fois, tu te fais pas chier à le refaire. »
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Source : Gros plan – Google Actualités