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Attentats de Bruxelles : experts et contre-experts au pays des “deux ethnies” – Télérama.fr

« C’est quand même dingue ! », s’indigne Patrick Cohen sur le plateau de C à vous, sur France 5, alors que vient d’être diffusé le témoignage d’une passagère venue de Bruxelles sans subir aucun contrôle pour monter dans le Thalys. « Dans le Thalys lundi soir, Ruth Elkrief avait noté la faiblesse des mesures de sécurité », renchérit BFMTV.



La journaliste témoigne : « Pour moi, les attentats de Bruxelles auraient pu avoir lieu ce matin à Paris. Pourquoi ? Parce que les terroristes auraient pu être dans le Thalys de 21h57 dans lequel nous étions parce que personne n’a contrôlé nos identités, aucun portique de sécurité, aucun contrôle douanier, aucun passage de garde de sécurité dans les rames du train. » Incroyable. On y a échappé de peu.


Scandaleux. La gare de Bruxelles-Midi est totalement livrée aux terroristes. Cela explique sans doute qu’ils aient frappé un aéroport et un métro… Aussitôt informé des attaques bruxelloises, je me précipite gare Saint-Lazare pour vérifier que les autorités françaises, moins laxistes que les belges, assurent la sécurité de nos concitoyens, et je monte dans un train pour Rouen… Bon, c’est vrai, j’y vais surtout pour parler de Ma vie au poste à des élèves du lycée Les Bruyères, à Sotteville-lès-Rouen, dans le cadre de la Semaine de la presse à l’école. Du coup, j’ai tout raté des dérapages des chaînes info au long de la journée. Pour en avoir une idée, je conseille la recension effectuée par les confrères d’Arrêt sur images.


N’empêche que mon voyage est édifiant. Pas seulement parce que les lycéens se montrent très intéressés – et très intéressants. A Rouen, les deux policiers en gilet pare-balles et mitrailleuses mobilisés dans le hall de la gare ne fouillent personne et, comble de l’impéritie, saluent amicalement les passants. Personne ne contrôle mon identité, aucun portique de sécurité, aucun contrôle douanier, aucun passage de garde de sécurité dans les rames du train. Pire : le contrôleur n’est même pas passé poinçonner mon billet ! A l’arrivée à Saint-Lazare, j’hésité à aller le faire contrôler au commissariat de police le plus proche (et à porter plainte contre la SNCF pour mise en danger de la vie d’autrui). Mais le devoir m’appelle devant ma télé.



Le bal des experts déroule ses flonflons sécuritaires. Interrogé sur le suspect recherché par la police belge, Pierre Servent prévient : « S’il est dans une posture mentale de kamikaze, il peut retourner dans sa cache pour se rééquiper et faire une duplication pour saturer les secours mais aussi saturer notre espace mental. » Attendez, je viens à peine d’arriver, vous n’allez pas déjà me saturer. Alain Marshall, le présentateur, évoque « une provocation incroyable, parce que Daesh frappe Bruxelles quatre jours après l’arrestation de Salah Abdeslam comme si l’EI voulait reprendre la main dans cette bataille de communication, psychologique entre Daesh et l’Europe. » Ah bon ? Ce sont donc des missiles « psychologiques » que nos Rafale tirent sur l’Irak et la Syrie et que nos gouvernements vendent à l’Arabie Saoudite pour détruire les hôpitaux de MSF au Yémen.



Je zappe sur France 5 retrouver les immuables experts de C dans l’air, une commissaire de police, Céline Berthon, et les impayables Roland Jacquard et Mohamed Sifaoui (devenu barbu depuis les derniers attentats). « Il faut sortir de cette logique où on tente d’anesthésier le débat, assène ce dernier, fustigeant la frilosité de nos dirigeants. On est en guerre ou on ne l’est pas. » Si nos gouvernants rechignent à éradiquer l’islamisme, « c’est du calcul politicien, c’est par pur électoralisme ». « Les chiffres sur la montée du radicalisme en France sont impressionnants, appuie Roland Jacquard : 8 500 personnes autoradicalisées. » Rien que le mot « autoradicalisées » est impressionnant. Et Roland Jacquard en est un spécialiste, comme le rappelle ce résumé (déjà ancien) des exploits du président de l’impressionnant (et fumeux) Observatoire international du terrorisme.



Yves Calvi relaie l’inquiétude d’un téléspectateur : « Dans mon entourage, le racisme monte, monte… » Mohamed Sifaoui réagit : « Les islamistes sont des salopards qu’il faut annihiler, il faut l’assumer et ne pas laisser ce discours à l’extrême-droite. » Le discours d’extrême-droite doit être mieux partagé. « Ça fait des années que je lutte contre ces gens-là idéologiquement, des années que je les dénonce, je ne pense pas que j’ai eu un jour un dérapage, contrôlé ou pas, ou une condamnation devant un tribunal pour un quelconque propos. » Même pas un dérapage sexiste dans le journal de France 2 ?


« Est-il raisonnable de maintenir l’Euro de foot ? », interroge Yves Calvi. La policière répond : « Ça va être le vrai enjeu du maintien de la posture sécuritaire. » Si c’est un problème de posture, je peux vous indiquer l’adresse d’un bon kiné. « La condition, c’est des arrestations préventives de toutes les personnes susceptibles de passer à l’acte », conseille Mohamed Sifaoui. En commençant par les experts qui se sont laissés pousser la barbe, signe flagrant d’autoradicalisation.


 


Sur iTélé, la présentatrice appelle l’envoyé spécial à l’aéroport de Bruxelles. « Thomas, le parquet confirme que des perquisitions sont en cours et que des témoins ont été entendus, Thomas ? » Thomas est bien embêté : « Difficile pour nous de le confirmer parce que la plupart des témoins ont été pris en charge à plusieurs centaines de mètres de là où nous sommes. » C’est pas de chance. « D’une manière générale, on a très peu d’informations. » Et d’une manière particulière, encore moins.



Un détour par le 20 heures de France 2 me permet d’apprécier la dédicace de François Hollande dans le « livre d’or » ouvert à l’ambassade de Belgique : « Tous unis contre le terrorisme ! Nous vaincrons. » Parce que nous sommes les plus forts. A l’Assemblée nationale, Manuel Valls se range à la doctrine Sifaoui : « Nous sommes en guerre. » De gares en aérogares, un reporter constate que « certains passagers ne sont pas rassurés ». Une dame confirme : « Il y a énormément de gens qui circulent. » C’est aussi ce que je me disais gare Saint-Lazare.


Sur BFMTV, un expert certifie : « Il y a plusieurs équipes qui toutes sont prêtes à agir. » Surtout dans le Thalys, une vraie passoire sécuritaire. « De toute façon, de manière opérative, une cellule terroriste organisée coupe le lien avec une autre cellule. » J’appuie de manière opérative sur le bouton « + » de ma télécommande, un expert d’iTélé comptabilise « le nombre de djihadistes par million d’habitants, 26 en France, 40 en Belgique. En réalité le quartier de Molenbeek, c’est l’Afghanistan au cœur de Bruxelles ». Qu‘attend-on pour le bombarder ? Nos missiles sont si précis qu’ils n’ont encore causé aucune victime civile à Raqqa ou ailleurs, il serait donc facile de pulvériser les « appartements conspiratifs » de Bruxelles sans importuner les voisins.


« Dans ce pays, il y a déjà deux ethnies qui se regardent en chien de faïence, les Français et les Flamands. » Des « ethnies » ? Pourquoi pas des races ? Et que viennent faire « les Français » en Wallonie ? « Et les migrants musulmans sont regroupés complètement en eux-mêmes. » Ils pratiquent l’introspection. « Il va falloir que la Belgique reprenne le contrôle de son territoire. » Si besoin, on peut lui vendre quelques Rafale. Ah, j’oubliais, l’expert d’iTélé s’appelle Guillaume Bigot, il est auteur de sommes telles que Le Jour où la France tremblera ou Les Sept Scénarios de l’Apocalypse en même temps que directeur de l’IPAG-Business School, une référence en matière d’analyse contre-terroriste.



Sur BFMTV, Nathalie Lévy interroge le chef du service police-justice, Dominique Rizet, à propos de « la photo de ces trois hommes qui interpelle ». « Des valises de couleur verte ou bleue ?, s’interroge l’expert avec gravité. En tout cas, deux valises exactement identiques, ce qui pourrait expliquer la charge de ces valises, de 25 ou 30 kilos. » Alors que si elles avaient été jaunes, ça n’expliquerait rien. De son côté, Thibault de Montbrial annonce que « des cellules islamistes ont été infiltrées en Europe pour commettre des attaques multiples, nous sommes au début d’une campagne d’attaques simultanées en Europe ». En gare de Rouen et de Bruxelles-Midi, d’après mes informations.



Comme tout le monde, Nathalie Lévy pointe le laxisme des Belges, capables de se passer de gouvernement pendant plus de cinq cents jours, c’est vous dire leur peu de sérieux. « On a maintenu l’alerte au niveau 3. Pourquoi ne pas être passé au niveau 4 ? Est-ce qu’il y a eu défaillance sécuritaire ? » « A charge contre la Belgique : ils n’ont pas réagi assez vite, c’est évident », estime Dominique Rizet. Christophe Caupenne ancien négociateur du Raid, se montre encore plus implacable en décrivant la photo des hommes aux valises de couleur verte ou bleue : « Ici, on voit les deux gants, les deux gants ça ne doit pas échapper à des forces de sécurité. » Voilà une bonne idée d’arrestations préventives : incarcérons toutes les personnes qui portent des gants (sans oublier de déchoir de la nationalité les porteurs de moufles, encore plus dangereux).


« Olivier Galzi en direct de Bruxelles mardi 22 mars à partir de 22 heures sur iTélé », vante un communiqué de la chaîne. A l’heure dite, je retrouve le présentateur délocalisé place de la Bourse, où il interroge… un habitué du studio parisien d’iTélé : « Claude Moniquet, vous êtes notre consultant spécialiste des questions de renseignement. » Il est même ancien de la DGSE (spécialiste de l’Europe de l’Est !) et « expert en contre-terrorisme ».



A son tour, Olivier Galzi se scandalise du maintien du criminel « niveau 3 » alors que le providentiel « niveau 4 » aurait fatalement empêché les attentats. « Pourquoi on n’était pas au niveau 4 ? » « Je n’ai pas voulu commenter le non-relèvement de l’état de menace parce que j’ai l’habitude de ne pas commenter les décisions des autorités, confie le respectueux expert. Cela étant, on pouvait penser que l’arrestation d’Abdeslam allait avoir des conséquences. » Si on avait écouté ce que pensait Claude Moniquet, les attentats auraient été évités. Je propose de le nommer directeur du contre-terrorisme européen.


« Bruce Toussaint en direct de Bruxelles mercredi 23 mars à partir de 7 heures sur iTélé », vante un nouveau communiqué de la chaîne. A l’heure dite, je retrouve le présentateur délocalisé place de la Bourse, où il interroge… un habitué du studio parisien d’iTélé, Claude Moniquet.



Résidant à Bruxelles, ce dernier est aussi l’expert en contre-terrorisme de la principale chaîne privée belge, RTL-TVI. Et ça tombe bien. Car les Belges sont moins complaisants que nous avec les experts autoproclamés. Des humoristes locaux l’ont judicieusement rebaptisé « expert en contre-terrorisme et fournisseur officiel de contre-avis sur tout et son contraire », raison pour laquelle « il se contredit et c’est pour ça qu’on le contre-paie ». Un expert qui revendique (selon l’équilvalent belge du Gorafi) une légitimité acquise en regardant quatorze fois Die hard (Piège de cristal). Encore mieux, les confrères de la RTBF ont mis en ligne un petit montage révélant l’aplomb avec lequel il se contredit à trois jours d’intervalle : il prétend d’abord que Salah Abdeslam se cache aux Pays-Bas ou en Allemagne avant de certifier le jour de son arrestation qu’il se doutait de sa présence à Bruxelles…


Les Belges ont beau être laxistes, ils sont meilleurs que nous en contre-expertise du contre-terrorisme.

Source Article from http://television.telerama.fr/television/attentats-de-bruxelles-experts-et-contre-experts-au-pays-des-deux-ethnies,140134.php
Source : Gros plan – Google Actualités

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